De mémoire d'homme, jamais un affichage de listes d'attribution de logements sociaux n'a suscité autant de colère et d'indignation parmi la population. Cette dernière se dit frustrée lorsque l'APC a procédé à l'affichage de la fameuse liste des 789 logements sociaux tant attendue. Selon les contestataires de ces listes, la plupart des bénéficiaires ne sont que des proches d'élus et de fils de pontes de la ville ainsi que les riches qui ont été bien servis par la nomenklatura. Dès l'affichage des listes, les protestataires se sont donné le mot pour que des sit-in et des marches soient organisés, quotidiennement devant le siège de la mairie et du cabinet du wali jusqu'à l'annulation pure et simple des listes par les pouvoirs publics. Une foule nombreuse, composée de jeunes, de et de vieillards, s'est agglutinée devant l'Hôtel de ville sous l'oeil vigilant d'un important dispositif de sécurité déployé pour la circonstance. Lors du sit-in, des jeunes ont scandé des slogans hostiles aux élus et au président de l'APC tout en les accusant d'être derrière ces manigances. Par ailleurs, les protestataires posent la question suivante: «Pourquoi le maire a-t-il supprimé une cinquantaine de bénéficiaires juste la veille de l'affichage des listes?» Selon certaines indiscrétions, ces suppressions ne sont qu'un règlement de comptes entre deux clans rivaux au sein de l'APC et c'est le citoyen qui fait les frais d'un conflit entre les opportunistes qui ont tant abusé des biens des citoyens garantis par la Constitution. En outre, les contestataires nous ont fait savoir qu'au niveau du Vieux Rocher, pour bénéficier d'un logement social, il faut débourser la somme de 120.000 ou 150.000 DA (selon le type de logement désiré). Si le demandeur ne donne pas cette «tchipa», il n'aura pas de logement. Toujours selon ces contestataires, cette pratique est devenue courante à Constantine. Jusqu'à ce jour, le siège de l'APW a enregistré plus de 2.000 recours. Dans ce contexte, les présents sur place dénoncent les membres de la commission de recours qui, selon eux, n'ont rien fait pour calmer ou apaiser un tant soit peu les esprits. Les gens sont livrés à eux-mêmes. «Pourquoi tout ce mépris?», a lancé un de ces jeunes présents sur les lieux. «Pourquoi ce silence du wali qui n'a rien fait pour sanctionner ces élus devenus de véritables rapaces?», nous a lancé un contestataire. Dans cet ordre d'idées, les protestataires nous ont fait savoir que ce mouvement sera maintenu jusqu'à l'annulation de cette liste et par là même ils demandent qu'une commission d'enquête soit diligentée par la présidence de la République pour faire toute la lumière sur ces attributions douteuses et sanctionner tous ceux qui n'ont respecté ni le citoyen ni l'Etat. Ils demandent enfin, l'arbitrage du Président de la République, M.Bouteflika, seul garant des droits du citoyen et de la Constitution.