Un groupe de notables de la région de Kidal est allé à la rencontre du chef rebelle dans le désert. L'attaque perpétrée vendredi 14 septembre par le groupe armé rebelle touareg dirigé par le chef Ibrahim Ag Bahanga contre un cantonnement militaire de l'armée régulière du Mali à Tinzaouatine, a fait réagir les notables de la communauté targuie de la région de Kidal. Un groupe de trois personnes, composé d'élus et de notables issus des grandes tribus de Touareg, sont allés dans le désert à la rencontre de celui qui a torpillé les accords de paix d'Alger signés entre la rébellion touareg et les autorités maliennes sous les bons offices de l'Algérie. L'objectif de la mission est de convaincre ce chef guerrier de respecter la trêve et de renoncer à l'action armée. Les trois hommes sont Al Ghabas Ag Intalla, député et fils du chef d'une tribu touareg, Aladi Ag Alla, ex-dirigeant rebelle touareg dans les années 60 et Bayène Ag Ahawali, ancien maire de Kidal et actuel secrétaire à la communication des ex-rebelles de l'Alliance démocratique pour le Changement du 23 mai. Une source proche du gouvernorat de Kidal a laissé entendre qu'il s'agit d'une initiative privée des natifs de la région pour contribuer à la préservation de la paix dans la région. Les événements des années 90, un large mouvement de rébellion de la communauté touareg mené par l'Alliance démocratique, sont toujours présents dans l'esprit de la communauté targuie et des autres composantes sociales de la population du Mali. «Nous voulons tout faire pour maintenir la paix sociale. Les événements de 1990 ont divisé les populations civiles des différentes communautés. Nous ne voulons plus que cela se répète», a fait savoir un autre ex-chef rebelle du mouvement armé Gonda Koy. De son côté, Iyad Ag ghaly, l'ex-médiateur qui a été derrière l'accord de paix signé entre le gouvernement malien et les hommes de Ag Bahanga, a eu vendredi denier, jour de l'attaque, une entrevue avec le président du Mali, Amadou Toumani Touré pour tenter de trouver une issue rapide à cette nouvelle escalade. Les autorités algériennes ont été invitées par les différentes parties maliennes à apporter une aide en vue d'une solution qui puisse mettre fin à la tension qui monte dans la région. Des sources ont qualifié la médiation algérienne de très positive et prometteuse. Les habitants de cette région du nord du Mali ne veulent plus revivre les tragiques événements des années de la rébellion touareg des années quatre-vingt-dix. Une campagne de sensibilisation dans ce sens est lancée par les différents acteurs qui animent les mouvements ayant observé l'arrêt des hostilités dans le nord du Mali. C'est dire que le coup de force perpétré par cet énigmatique chef rebelle qu'est Ibrahim Ag Bahanga contre les forces armées maliennes reste incompréhensible. Les observateurs très au fait de la réalité dans la région soupçonnent une manipulation visant à replonger toute la région dans la tension. Au profit de qui? Là est toute la question. L'Algérie se sent concernée par l'évolution de la situation dans cette région non seulement par le fait de la proximité territoriale, les incidents se déroulent juste à la frontière de l'Algérie, mais aussi parce qu'il est question de la communauté touareg. Des liens très forts lient les populations de cette région avec la communauté targuie algérienne. Et comme il n'y a jamais de fumée sans feu, les autorités algériennes sont en droit de se soucier de la stabilité aux frontières. Les intentions des uns et des autres à vouloir contrôler cette région très convoitée à travers des projets de fédération de ses habitants ou d'installation de bases militaires pour lutter contre le terrorisme sont inquiétantes.