Plus de 1000 candidats prêts à se lancer dans la course à la députation. Les listes d'indépendants semblent constituer un phénomène récurrent en Algérie, s'exprimant toujours sous des formes et à des fins collant à la personnalité, selon leur composition sociologique. Les «indépendants», inscrits pour l'élection du 30 mai prochain ont deux particularités. D'abord, ils seront la manifestation de la guerre opposant les partisans d'un Etat républicain et moderne à ceux qui militent encore pour l'instauration d'une théocratie. A cet effet, les indépendants-repentis engageront un bras de fer contre les indépendants-victimes du terrorisme sous le parapluie des partis soutenant simultanément les uns et les autres pour en tirer profit. C'est ainsi que le RND et le FLN auraient proposé leur soutien aux candidats aux législatives issus des organisations de victimes de terrorisme. En revanche, le parti de Abdallah Djaballah et le mouvement de Lahbib Adami n'ont jamais caché leurs intentions (mais c'est déjà fait) de parrainer les listes des repentis et des militants islamistes éparses. L'illustration de cette guerre souterraine a été résumée dans une déclaration récente du ministre du l'Intérieur, M.Nourredine Zerhouni, selon laquelle «les forces républicaines patriotiques et modernistes doivent faire barrage aux intégristes». Les indépendants exhiberaient, semble-t-il, une face cachée jusque-là témoignant que cette guerre active en effet dans les soubassements de la campagne en cours de façon insoupçonnée. Plusieurs partis ont d'ailleurs mis en garde l'opinion publique quant à la procédure discrète qu'utiliserait le pouvoir en instrumentalisant les indépendants comme une carte afin de discréditer les partis puisant dans le même vivier. Notamment au sein des ârchs et des zaouiate à l'échelle nationale. Une méthode qui n'est pas une création inédite, car elle avait, semble-t-il, été utilisée par le gouvernement Ghozali pour endiguer le ras de marée du FFS. Le phénomène des ârchs a pris de l'ampleur à travers les événements de Kabylie où l'une des deux principales formations politiques de la région, à savoir le FFS a carrément crié au complot. «Les ârchs, c'est le produit du pouvoir», déclarait Aït Ahmed, serein, à travers la lettre qu'il a adressée récemment aux citoyens. Mais jusqu'à présent, le nombre de candidats indépendants issus des ârchs ne représente qu'une infime partie des candidatures potentielles par rapport au nombre de candidats indépendants dans d'autres wilayas. Il n'empêche que d'ores et déjà dans différentes régions du pays les indépendants menaceraient sérieusement certains partis sur leur propre terrain. Notamment les indépendants qui ont reçu le soutien des ârchs ou les notables des régions, irrités par l'inefficacité des partis politiques durant la décennie qui s'achève notamment dans la gestion des collectivités locales. Ce fut le cas à Sétif par exemple où la population a signé unanimement en faveur du candidat Noureddine Ben Alleg. Bien d'autres candidats dans le pays ont connu le même traitement à travers les notables ou les cheikhs de zaouiate. C'est ainsi qu'une cinquantaine de listes d'indépendants a été jusqu'à présent recensée à travers le territoire ; ce qui représente environ 1.000 candidats. Peut-on parler pour autant d'un phénomène politique inhabituel? Il est très difficile de répondre à une telle question d'autant plus qu'il s'agit d'enjeux qui pourront sensiblement influer sur la future configuration politique de la prochaine APN. En revanche, d'autres candidats indépendants, qui semblent être loin de tous ces calculs, ont été les victimes expiatoires des exigences, notamment à propos des 500 signatures à recueillir par les candidats indépendants que ces derniers qualifient de dissuasives. Conséquence de ces nouvelles exigences, certains candidats ont été contraints de faire 500 fois l'aller-retour à la mairie pour authentifier les signatures recueillies.