La rencontre d'Alger se veut un terrain de dialogue entre les médias des deux rives de la Méditerranée. C'est ce que nous avons d'ailleurs confirmé, hier à l'hôtel Sheraton qui abrite la 9e conférence de l'audiovisuel méditerranéen sous le thème de «Médias, vecteurs de paix et de dialogue». Au-delà, de cette «bonne» volonté officiellement exprimée par les participants, il est important de mettre en exergue la réticence affichée par les représentants de la rive Nord de s'exprimer sur les dossiers chauds qui occupent le devant de la scène internationale, notamment le s israéliennes en Palestine, la situation en Afghanistan et l'amalgame entre l'Islam et le terrorisme. «Je refuse d'aborder ces sujets», nous explique un journaliste espagnol, avant d'ajouter: «Je suis un journaliste indépendant dans mon pays, je collabore avec des stations de la droite et de la gauche, je crains qu'en exprimant officiellement mon soutien au peuple palestinien à titre d'exemple, personne ne voudra de moi à mon retour.» Nous avons enregistré la même prudence dans les déclarations du secrétaire général de la radio et télévision espagnoles, M.Carlos Rosado, qui, même s'il a insisté sur l'opportunité de renforcer le dialogue entre les différents médias et, le rôle des politiciens dans la propagation de la paix, il n'en demeure pas moins qu'il a opté pour un discours purement diplomatique, en abordant la «réalité», c'est-à-dire la manipulation des médias occidentaux dans le traitement de certains dossiers liés au monde arabe et aux musulmans en particulier. «Les médias peuvent jouer un rôle très important dans la propagation de la paix partout dans le monde, notamment en Palestine, en diffusant la réalité», explique-t-il. Pensez-vous qu'ils étaient objectifs dans la couverture de la violence en Palestine? lui avons-nous demandé. «Je crois que oui.» Même en qualifiant du terrorisme la lutte du peuple pour son dépendance? «J'estime qu'il faut distinguer les actions individuelles des groupes sans contrôle politique, de la volonté de ce peuple de vivre en paix» explique M.Rosado. Une adhésion, dite en des termes à peine voilés, aux thèses propagées par certains médias occidentaux. Cette position ambiguë trouve son origine, selon M.Hassan Balawi, le représentant de la société Radio et télévision de Palestine, par une absence de concertation et de rapprochement entre les médias de la rive Sud et ceux du Nord, «particulièrement dans une conjoncture internationale où toute action de résistance contre une occupation étrangère est présentée volontairement par les médias américains et israéliens comme du terrorisme». Toutefois, il a tenu à mettre en exergue le professionnalisme des médias français, italiens, suisses dans la couverture de «la dernière intifadha», même si ce changement de position obéit de prime abord à des calculs politiques. En abordant le rôle des médias arabes dans la correction de la réalité palestinienne, notre interlocuteur estime qu'il est «important de réfléchir à la création d'une chaîne de télévision arabe diffusant en anglais et en français afin d'influencer l'opinion publique occidentale en l'éclairant sur notre réalité et faire barrage à toute manipulation.» Pour lui, les divergences existants entre les régimes, arabes même en ce qui concerne le conflit israélo-palestinien doivent être dépassées au profit des causes communes, un ton emprunté presque au discours politique.