«Partager les mémoires audiovisuelles de la Méditerranée» constituera un des axes essentiels de cette dynamique. Emmanuel Hoog, président-directeur général de l'INA (Institut national de l'audiovisuel français) depuis 2001, et récemment élu président de la Copeam (Conférence permanente de l'audiovisuel méditerranéen), a ouvert samedi, à Taghit la 5e université de ce rendez-vous audiovisuel sous le thème «l'impact des nouveaux médias sur la vie des jeunes». Formée depuis 2005 de jeunes professionnels des télévisions et radios de la Méditerranée, pour produire ensemble des contenus tant pour la télévision, la radio, Internet, cette 5e édition, après s'être tenue à Sétif, Oran, Béjaïa et Ghardaïa, réunira jusqu'à vendredi prochain 80 jeunes professionnels de l'audiovisuel en provenance de 12 pays de la région euro-méditerranéenne et du Golfe: Algérie, Croatie, Syrie, Irak, Egypte, Grèce, Maroc, Tunisie, Slovénie, France, Italie et Bulgarie. Ces jeunes professionnels, sous le label de la Copeam et l'Asbu (Arab States brodacasting Union), encadrés par des professionnels de CFI (Canal France International), Radio France, l'Enrs et la Radio tunisienne, réaliseront des news et reportages sur l'impact des nouvelles technologies et la vie des jeunes dans l'oasis de Taghit. Ayant comme axes principaux le dialogue, la formation et la production, la Copeam qui soutient la circulation des programmes audiovisuels en coordonnant la mise en oeuvre de coproductions multilatérales, entend, en partenariat avec l'Asbu, lancer la première coproduction télé euro-arabe, appelée Inter-Rives réunissant 13 diffuseurs de la Méditerranée. Diffusé depuis juillet 2008 par les partenaires, ce magazine est composé de 32 épisodes sur l'art contemporain, la femme ou l'émigration. Diffuser largement des sujets d'actualité et favoriser les flux d'information sont aussi une vocation de la Copeam qui, dans cette perspective, a créé avec l'Union des radiodiffuseurs et l'Asbu, le Programme d'échange régional des news méditerranéen, Ern Med, alimenté quotidiennement à travers le canal de l'Eurovision par les télévisions de la zone méditerranéenne. Plus de 1000 sujets sont ainsi échangés chaque année sous l'égide de la Copeam. Avec Terramed, la Copeam oeuvre à la création d'une chaîne multiculturelle et multilingue, dédiée à une programmation méditerranéenne. Diffusée par satellite, Terramed proposera aux télévisions partenaires, des programmes au contenu spécifiquement méditerranéen. Piloté par l'Ina, qui a restitué cette année pour info, l'ensemble des archives télévisuelles à l'Entv (période allant depuis la guerre de Libération jusqu'à 1962) en attendant ceux de la radio, le projet Med Mem vise à dynamiser et à promouvoir la sauvegarde et la numérisation des archives audiovisuelles euro-méditerranéennes. L'outil majeur de cette volonté est la création d'un site Internet qui offrira l'opportunité, en accélérant la numérisation des archives, donc leur protection, de rendre ce patrimoine accessible à tous. Lors d'une rencontre informelle, tenue, hier, avec la presse, M.Hoog, a souligné la nécessité d'un accord de coproduction audiovisuelle entre les pays de la Méditerranée, chose qui manque sur le plan juridique notamment. Eu égard à la concurrence via le satellite, le numérique (Tnt), les pays du paysage méditerranéen, dit-il, «sont moins dissemblants mais ressemblants». La prochaine réunion qui se tiendra au Caire, en avril prochain, se veut décisive selon lui. «Il faut qu'on soit prêt à faire des choses ensemble, qu'il y ait un échange dans le paysage méditerranéen qui reste vierge, un terrain en friche.» Ceci permettra aussi la sauvegarde de ce patrimoine qui est en péril. Ce dernier sujet est un autre axe débattu avec intérêt, hier, par M.Hoog qui a fait remarquer, à juste titre, sa volonté de démocratisation des archives, par la numérisation, afin dit-il «non pas de construire une histoire unique mais une histoire partagée».