Serait-elle devenue ce mode d'expression qui particulariserait la société algérienne? Doit-on se lancer dans une autopsie qui infirmerait ou confirmerait un tel constat sans avoir procédé à un bilan? Un état des lieux. Les circonstances et le développement dramatiques de l'actualité nationale de ce week-end nous pousse à nous interroger sérieusement. A nous regarder dans les yeux. 23 morts dans un seul accident de la route à Mascara. 8 morts, selon des sources officieuses, dans une vendetta. 4 morts et une soixantaine de blessés, selon un bilan rendu officiel. La route et la rue se sont exprimées avec violence. Le doute n'est point permis. Dans le premier cas, de façon involontaire. Dans le second cas, non seulement la mort était au rendez-vous, mais elle aura été provoquée de manière volontaire. Oui, la mort était au rendez-vous! Avec quelle sauvagerie et quelle barbarie! Seraient-ce là des signes d'une pathologie propre à une société civilisée? La question ainsi posée laisse entrouverte la porte à toutes formes de réponses et d'argumentation qui pourraient élargir le débat ou tenter d'apporter quelques éléments de réponse. Cependant, et dans l'état actuel des choses, la brutalité des événements ne peut que frapper les esprits. Choquer. Ce qui s'est passé mercredi à Sidi Aïssa, dans la wilaya de M'sila, ne peut uniquement suffire à corroborer une thèse. Ces réflexes sont des réflexes d'un autre temps. Celle de la loi du talion. Des Algériens ont choisi la forme d'expression la plus violente. Celle qui sème le drame et la mort. Celle qui fait couler le sang et endeuille. Il y a un malaise évident qui ronge cette société dans ce qu'elle possède de plus beau: l'humanité. En Algérie, force est de constater que nous sommes dans une spirale qui consiste à donner la mort souvent involontairement, il est vrai. 2000 morts tout de même sur les routes, rien que pour le premier semestre 2008. Une violence à extirper. Elle est partout. Dans nos villes, dans nos villages, dans nos bourgs et faubourgs. A Chlef, à Oran, à Berriane, sur nos stades. Quelquefois, quand la douleur est insupportable, elle se retrouve au bout d'une corde suspendue à un olivier. Qui pourrait apporter une réponse à ces perturbations qui auraient tendance à stéréotyper la société algérienne? «La question du sort de l'espèce humaine semble se poser ainsi: le progrès de la civilisation saura-t-il, et dans quelle mesure, dominer les perturbations apportées à la vie en commun par les pulsions humaines d'agression et d'autodestruction?», a souligné Sigmund Freud dans Malaise dans la civilisation, un texte classique publié dans la Revue française de psychanalyse. Une réponse sous forme d'interrogation qui démontre la complexité du problème.