Les codes de protection de l'enfance, qui devaient être élaborés, sont restés dans les tiroirs des départements ministériels. La rentrée scolaire est fixée pour le 13 septembre prochain. La période des vacances d'été consommée, des milliers d'enfants vont rejoindre les bancs de l'école. Ce seront les grandes retrouvailles! Cependant, c'est au moment où ces bambins partageront leur joie et relateront, chacun à sa manière, les meilleurs moments de leurs vacances, d'autres enfants, en revanche, vivent au ralenti et ne savent de quoi sera fait leur avenir. En butte à tous les dangers mais aussi à tous les vices, cette frange «minoritaire» ne sait plus à quel saint se vouer. Au moment où des centaines de milliers d'enfants retrouvent les bancs de l'école, eux seront exclus des structures du savoir, marginalisés. Le qualificatif n'est pas fort pour exprimer la souffrance quotidienne qu'endurent des enfants privés des bienfaits de l'école alors qu'ils ne demandent qu'à être intégrés au sein de la société. Tout de go, l'on se demande combien y a-t-il d'enfants contraints de faire de la rue leur unique refuge, au point de devenir des SDF (sans domicile fixe) alors qu'à leur âge on a d'autres préoccupations et la chaleur du foyer paternel comme protection? Or, les voici victimes de violences physiques, verbales et sexuelles, soumis à des travaux pénibles, travaux que le Bureau international du travail (BIT) interdit de la façon la plus ferme. Nombre de ces enfants sont nés hors mariage (ils sont 27.000 en 2007), y compris dans le maquis...Ces enfants font face à une réalité amère. Ils vivent un déchirement psychologique inquiétant. Paradoxalement et face à cette détresse, les gouvernements se succèdent sans que soient trouvées des solutions qui répondent le mieux aux cas de ces enfants abandonnés. Pourtant, ce ne sont pas les douze travaux d'Hercule qui leur sont demandés. Les codes de protection de l'enfance qui devaient être élaborés sont, sans explication, restés dans les tiroirs des départements ministériels. Les issues permettant à cette frange vulnérable de sortir de cet enfer et espérer une vie meilleure, tardent à s'ouvrir. Les orfèvres en la matière, à l'instar du professeur Mustapha Khiati, président de la Forem, (Fondation de la recherche médicale) appellent les pouvoirs publics à créer un département qui prenne en charge ces enfants. Car, de nos jours, cette minorité est «écartelée», voire répartie entre plusieurs départements sans qu'elle soit réellement prise en charge. Des années se sont écoulées sans que cette proposition ne soit prise en compte. Le ministère de la Solidarité nationale ne semble accorder aucune importance au dossier de ces enfants livrés à eux-mêmes. La mise sur pied d'un Observatoire national pour l'enfance, en collaboration avec l'Unicef, n'a pas jusqu'ici eu les résultats qui pouvaient être escomptés quant à l'amélioration du sort de ces enfants. Plus d'une année après son installation, aucune décision n'a été prise. On ne cesse d'applaudir ce que font les pays développés sans tirer profit de leurs exemples.Or, on ne se souvient de cette frange de la société qu'à la veille de la célébration de la Journée mondiale de l'enfant. Le lendemain, ce sont les mêmes souffrances qui reprennent. Qu'a-t-on fait réellement en Algérie pour que ces enfants s'«émancipent»? Aucun effort. Les monts et merveilles promis s'effondrent comme château de cartes. Voilà une autre gravité qui mérite d'être relevée. Nos gouverneurs ont démontré leur impuissance à maîtriser ce dossier. A moins que cela ne soit de l'indifférence Par ailleurs, il convient de préciser que cette situation n'est point sans conséquences. Au contraire. Que des conséquences néfastes! Les chiffres donnent le tournis. Ces enfants sont devenus des accros de la drogue. Des consommateurs d'alcool...qui n'est pas sans incidence sur les enfants scolarisés. Des enfants du primaire ont été surpris par leurs enseignants avec des quantités de substances prohibées. Le mal est profond. Très profond. D'autant que des cas de violences ont été signalés dans les écoles. Malgré leur statut, ils sont devenus à leur tour violents. Habitués à cette violence, ils la considèrent comme un fait ordinaire. Selon des sources émanant du ministère de la Justice, 14.000 mineurs sont annuellement traduits devant les tribunaux. Faute d'ancrage familial et d'encadrement, cette frange de la société s'embourbe encore dans une situation alarmante. Pourtant, comme tous les enfants du monde, ils ne cherchent que le bonheur...et l'espoir.