L'Algérie doit faire face aux mauvaises intentions de quelque 200.000 abonnés à l'Adsl et au moins 3000 sites Web. La cybercriminalité fait des ravages à travers le monde et l'Algérie n'est pas épargnée. Que font alors les autorités pour endiguer ce nouveau phénomène qui ne cesse de prendre des proportions alarmantes dans la société? Pour lutter plus efficacement contre les dangers liés à cette calamité, le ministère de la Justice en collaboration avec l'Ecole nationale française de magistrature, organisent un séminaire de deux jours au niveau de l'Ecole supérieure de magistrature à Alger, sur la cybercriminalité. «C'est une manière pour la France de présenter son expérience en matière de lutte contre les dangers engendrés par ce fléau» a estimé Bernard Simier, vice-président chargé de l'instruction au Tribunal de Grande Instance de Rennes, au sein de la juridiction interrégionale spécialisée dans la lutte contre la criminalité. «Cette action confirme la volonté récemment manifestée par nos officiels de renforcer la coopération bilatérale dans le domaine de la lutte contre la criminalité organisée», a-t-il ajouté. De son côté, Georges de Souqual, commandant de police au niveau de Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l'information et de la communication (Oclitic), affirme que «ce séminaire visait notamment à sensibiliser les participants sur les enjeux et la nécessité de la réforme et de la modernisation de la législation algérienne en la matière». M.Mabrouk Hocine, le directeur de l'Ecole supérieure de la magistrature, a rappelé que le Conseil des ministres algérien, qui s'est réuni novembre dernier, sous la présidence du Président Bouteflika, a adopté un dispositif juridique pour prévenir et lutter contre les infractions liées aux technologies de l'information et de la communication dont Internet. «Le projet de loi s'inspire largement de la Convention européenne de Budapest sur la cybercriminalité et il sera très prochainement devant les parlementaires et les sénateurs», a-il affirmé. Les textes de lois, selon M.Hocine, visent à fixer le cadre dans lequel elles pourront être appliquées. Ces mesures concernent en particulier «la prévention des infractions qualifiées d'actes terroristes ou subversifs et des infractions contre la sûreté de l'Etat, les tentatives d'atteinte à un système informatique représentant une menace pour les institutions de l'Etat, pour la défense nationale ou pour les intérêts stratégiques de l'économie nationale». Il est à souligner par ailleurs, que les spécialistes sont unanimes à ce sujet. Les bases de données des entreprises publiques et privées algériennes ne sont guère à l'abri des attaques et des tentatives de piratage. Par le passé, des hackers ont même occupé les portails des institutions étatiques. Cette forme de criminalité étant nouvelle, les experts en la matière estiment qu'une formation poussée dans le domaine des technologies de l'information et de la communication (TIC) est nécessaire puisque, malgré toutes les lois et les textes existants en Algérie, le terrain reste inexploité jusqu'à ce jour. Selon les exposés des organisateurs de ce séminaire, l'Algérie doit se préparer à une véritable guerre contre la cybercriminalité. D'autant plus qu'elle comprend plus de 6000 cybercafés, 200.000 accès à l'Adsl et au moins 3000 sites Web. Pour revenir au séminaire, le rendez-vous est organisé au profit des magistrats et des cadres du secteur de la justice, de la Sûreté nationale, de la Gendarmerie nationale et de la Sécurité militaire. Les experts français ont affirmé que seule une entraide pénale internationale pourrait vaincre ces maux que nous pouvons exécuter à travers un clic. A ce propos, M.De Souqual a relevé que les pays de l'Europe de l'Est refusent parfois de coopérer avec les instances internationales.