Le verdict prononcé à l'encontre de son frère serait à l'origine de cette réaction. Un policier en civil a pris, avant-hier, en otage durant plus d'une heure, le procureur-général adjoint de la cour de Béjaïa. Les faits se sont déroulés aux environs de 21h15. Comme dans un film, racontent les présents. Le policier, qui exerce dans la région d'Adekar, surgit du milieu de la salle d'audience, braquant son pistolet, sans doute une arme de fonction, en direction du procureur-général adjoint. Plus pointant son arme sur sa nuque, il lui intime l'ordre de ne pas bouger sous peine de perdre la vie. Il exigea ensuite la présence du chef de la Sûreté de wilaya, mais sans faire part aux présents de sa véritable motivation, ajoutent des témoins. Il aura fallu plus d'une heure de négociations pour libérer l'otage. Les avocats présents sur place et d'autres policiers ont tenté, durant tout ce long moment d'angoisse, de calmer le policier. Il libéra sa victime avant de se rendre. Il est présentement placé sous mandat de dépôt. Une enquête a été immédiatement ouverte pour déterminer les véritables circonstances de la prise d'otage et surtout les motivations, donc le mobile. Selon les informations recueillies sur les lieux, auprès des témoins, le verdict prononcé à l'encontre du frère du policier kidnappeur, serait à l'origine de cette réaction. Poursuivi pour détention de drogue, le frère de l'auteur de la prise d'otage, a vu la peine prononcée lors du procès de première instance, confirmée. Il a écopé de dix années ferme, assorties d'une amende de 500 millions de centimes pour détention de 35 grs de kif. Ce verdict n'aurait pas été du goût du policier. C'est du moins la version la plus colportée hier, dans le milieu des avocats. C'est la deuxième affaire en rapport avec le corps de la police, cette semaine, dans la wilaya de Béjaïa. Samedi dernier, un autre policier, âgé de 50 ans, connu et reconnu pour son sérieux, avait tiré sur son supérieur avant de se donner la mort en se tirant une balle dans la tête. Ces deux événements, dont la gravité n'est plus à démontrer, amènent des interrogations sur ce qui arrive à la police de Béjaïa. Ces deux actions ont tété menées par des fonctionnaires, apparemment en bonne santé si l'on se fie aux commentaires des gens qui les connaissent, notamment pour le policier du port. Que s'est-il alors passé dans leur tête pour en arriver là? S'agit-il d'une manière de dénoncer d'éventuelles injustices? On est tenté de le croire concernant les deux affaires. Selon les recoupements d'informations, la fierté aurait poussé le policier du port à user de son arme et à tirer sur son supérieur. Quant à l'affaire d'avant-hier à la cour criminelle «un verdict jugé trop sévère» aurait conduit à l'acte. Toujours est-il que quelque chose ne tourne pas bien dans la corporation à Béjaïa. Une corporation fortement sollicitée ces dernières années. Depuis 2001, la police en particulier et les services sécuritaires en général ont été fortement sollicités. A Béjaïa chaque rencontre de football est un événement qui, non seulement mobilise ce corps de police mais le met également sous tension, sachant qu'après chaque rencontre des incidents éclatent aux environs du stade. Ajoutés à la surcharge et à la pression au travail, cela forme un «cocktail explosif» dont les premiers signes ont vu le jour cette semaine. Des signes qui inquiètent légitimement, car la police est toujours en contact avec le citoyen et lorsque ce même citoyen constate des «exactions similaires», il est en droit de s'interroger et de s'inquiéter. Hier encore, les deux événements étaient sur toutes les lèvres. Du simple citoyen au plus nanti, on estime que «la police ne va pas bien».