De l'avis général, les résolutions du dernier conclave n'ont pas surpris. Le principe du dialogue avec les autorités qui semblait avoir fait son chemin parmi les délégués a été rejeté par les animateurs de la CICB, à l'issue du conclave tenu, le week-end dernier, à Sidi Ayad. Le rejet de ce dialogue qui, au demeurant amplement justifié par «la duplicité» du pouvoir, donnait l'impression «de déjà-vu». L'absence de mesures d'apaisement souhaitées par la population présageait de cette position de rejet né essentiellement de l'absence d'un climat de confiance à même de favoriser une amorce de dialogue. De l'avis général, les résolutions du dernier conclave n'ont pas surpris. Le mouvement citoyen, sous l'impulsion de certains animateurs, a maintenu la voie pacifique et politique du règlement de la crise qui prévaut depuis 14 mois, en témoigne la décision de concertation avec les partenaires sociaux et politiques retenue en matière de perspective. Pour M.Saïd Salhi, délégué d'Akbou, «la concertation ou l'élargissement du mouvement aux partenaires sociaux et politiques est le prolongement de l'action du rejet des élections». «Aujourd'hui, il y a lieu de capitaliser cette dynamique majoritaire, au sein de la société en ouvrant la voie de la concertation pour une stratégie commune en vue de la satisfaction des revendications citoyennes». Pour rappel, l'idée d'associer l'ensemble des partenaires influents sur le cours des événements est aussi vieille que le mouvement. La conférence nationale soumise plusieurs fois à débat a buté sur l'intransigeance des animateurs, mais le rejet des élections a marqué une décantation dans les rangs de la société politique et a permis à l'idée de concertation de refaire surface avec une avancée notable. Pour les observateurs, les animateurs ont fait preuve d'une grande maturité politique, allusion à cette option de concertation, mais restent, toutefois, sceptiques devant la forte présence des tenants de la radicalisation. Une radicalisation nourrie par «les tergiversations du pouvoir» caractérisées, selon nos interlocuteurs, par «le maintien de Zerhouni au poste de ministre de l'Intérieur, la poursuite de la détention des délégués et la répression». Les délégations de Béjaïa, de Tizi Ouzou et de Bouira se présenteront au prochain conclave de l'interwilayas à Tigzirt avec cette option de concertation qui, si elle venait à être retenue, constituerait une véritable alternative pouvant aboutir à une solution politique à la crise. Les partis politiques et les personnalités qui ont toujours témoigné leur soutien au mouvement, sont interpellés pour se déterminer sur toutes les revendications contenues dans la plate-forme d'El-Kseur, ce qui n'a pas été fait jusque-là par le FFS, le RCD, le MDS, le FD...et tous les démocrates. Le mérite de cette option de concertation est de permettre la poursuite du débat politique éloignant par-là le spectre de la violence. Toutes les questions qui entravent l'aboutissement d'une solution politique seront vraisemblablement soumises à débat, de même pour ce qui est du cadre de cette concertation. S'agit-il d'une conférence ou d'un séminaire? Le leitmotiv «plate-forme scellée et non négociable» sera-t-il remis en cause? Ce sont là autant de questions que seul l'avenir éclairera. En attendant, de chauds débats sont à prévoir entre les tenants de la radicalisation et les partisans d'une solution politique. A défaut d'un dialogue avec le pouvoir, les animateurs du mouvement citoyen privilégient celui avec les partenaires politiques et sociaux.