Les coordinations absentes au conclave ont pesé sur le cours de la réunion. Les participants ont dû tenir compte des positions de ceux qui ont dénoncé leur empressement à aller au dialogue. L'issue du 23e conclave de l'Interwilayas qui s'est tenu les 22 et 23 novembre à l'Intht de Tizi Ouzou a surpris plus d'un. Alors que, depuis le conclave de Raffour d'août dernier, la mode est à la mise en œuvre de la plate-forme d'El-Kseur et à la prise en charge des préalables reconvertis, à l'occasion, en incidences, les délégués dits dialoguistes ont depuis, samedi, changé de registre en renouant avec le jargon habituel du mouvement : ultimatums, menaces de recourir à la rue... En effet, les conclavistes de la ville des genêts ont haussé le ton en fixant un ultimatum de 9 jours à l'Etat — il prendra effet à partir d'aujourd'hui —, exigeant de lui une prise en charge effective des fameuses six incidences. Si la réponse est négative, un conclave est prévu dans les mêmes lieux, le 4 décembre, pour décider de la suite à donner aux évènements. Des délégués de plusieurs coordinations ont d'ores et déjà présenté un éventail d'actions à entreprendre sur le terrain, allant des marches au rejet de la prochaine présidentielle. Se pose une question : pourquoi cette “virevolte” de délégués, chez lesquels on a soupçonné, ces derniers mois, des velléités dialoguistes ? Nombre d'intervenants ont présenté cet ultimatum comme un moyen pour tester la volonté réelle du pouvoir à mettre en œuvre la plate-forme d'El-Kseur. Mais aussi comme une réponse à leurs pourfendeurs qui les accusent de vouloir dialoguer. Ainsi donc, les coordinations qui ont boycotté le conclave de l'Intht ont indirectement influé sur les débats et les décisions prises. Ce qui n'est pas peu. Pour revenir aux travaux du conclave, qui a été dédié à la mémoire de M'hamed Yazid et en hommage aux martyrs du Printemps noir, ils ne se sont ouverts que samedi vers 21h30 pour ne prendre fin qu'hier à 15 heures. Neuf wilayas (Tizi Ouzou, Béjaïa, Bouira, Alger, Sétif, Bordj Bou arréridj, Batna, Khenchela et Biskra) ont assisté à cette rencontre. Pour ce qui est de Boumerdès, seule la coordination de Chaâbat El-Ameur s'est présentée en ne bénéficiant que du statut d'observateur. Par coordinations, la CADC de Tizi Ouzou a enregistré la présence de 35 sur les 68 qui constituent cette structure. Pour sa part, la CICB est presque au complet. Seules 5 coordinations sur 29 ont manqué à l'appel. Idem pour Bouira dont deux coordinations seulement sont aux abonnés absents. Pour Boumerdès, toutes les coordinations ont boudé le conclave, sauf celle de Chaâbat El-Ameur. Idem pour Sétif qui n'est représentée que par 2 coordinations. Jamais un conclave n'a été émaillé d'autant de défections. Toutefois, la plénière est marquée par la présence de personnalités historiques et sportives comme Yaha Abdelhafidh et Rabah Mohamedi, anciens officiers de l'ALN, et Azzedine Aït Djoudi, entraîneur de la JSK. Trois points sont à l'ordre du jour : lecture et synthèse du document de mise en œuvre de la plate-forme d'El-Kseur, l'après-mise en œuvre et divers. Un des blessés du mouvement de la localité d'Imzizou a juré de ne jamais pardonner à Zerhouni en particulier et au pouvoir de lui avoir fait perdre son œil. En prenant la parole, Si El-Hafidh a fait le parallèle entre le combat libérateur de 1954 et celui du mouvement citoyen et ce, pour leurs idéaux : liberté, démocratie, respect et dignité. Il a prêché le pardon et l'unité des rangs, tout en exhortant les animateurs du mouvement à ne pas céder à l'intox. “Nous sommes avec vous. Vous n'avez rien à craindre des assassins”, a-t-il lancé aux délégués. Avant que les choses sérieuses ne commencent, Abrika a tenu à apporter deux précisions. Concernant la salle où s'est déroulé le conclave, il a indiqué ne pas avoir sollicité une quelconque autorisation auprès des autorités, mais seulement une demande auprès du directeur de l'institut. Pour ce qui est du financement du conclave, Abrika a assuré qu'il est pris en charge par les seuls citoyens, les commerçants… des villages et quartiers de Tizi Ouzou. En abordant le point divers, Farès Oudjedi a proposé de lever toutes les sanctions prises à l'encontre des délégués qui feront leurs les résolutions du présent conclave. Il se heurtera à l'opposition farouche des délégués de la CADC qui réussiront à faire entériner à la plénière la décision prise par la CADC : l'exclusion des 9 délégués qui se sont réunis à Mechtras. Toujours dans le point divers, la coordination de Bouira et celle de Béjaïa ont demandé à la CADC de s'expliquer sur la gestion et la destination des fonds du mouvement. Abrika et un ex-membre de la commission ont essayé de donner des explications, en mettant tout sur le dos de Rabah Issadi qui aurait injecté de l'argent du mouvement dans son compte personnel. Pour évacuer un point aussi sensible, Abrika a proposé de l'ajourner pour le prochain conclave. Par moments, des délégués s'échangent des accusations les uns contre les autres. Pour rappel, deux commissions sont installées : la première est chargée de faire la synthèse des documents de mise en œuvre des différentes wilayas. On a assigné à la seconde la tâche de rédiger la déclaration finale. À la fin des travaux, les deux documents ont été adoptés. A. C.