L'Expression: Quand et comment avez-vous commencé dans la boxe? Ramdane Sardjane: C'était exactement en 1986 en compagnie de mon oncle Mohamed Arezki. Je vais vous raconter une anecdote: je n'aimais pas la boxe quand j'avais commencé. C'était mon père qui m'emmenait de force. Au retour de l'école, je rentrai dans le lit pour faire semblant de dormir, simulant la maladie. Mon père finissait toujours par découvrir mon stratagème, aidé par ma mère. Il me sortait du lit et m'y emmenait de force. Ce n'est qu'en boxant que j'ai fini par aimer ce sport qui me passionne aujourd'hui. Comment étaient ces fameux débuts? Pas fameux du tout. Les gens qui me voyaient boxer lors de mes premiers combats à l'ASC Ouaguenoun me conseillaient d'arrêter en disant que je n'avais rien à voir avec la boxe. L'année suivante, j'ai gagné tous mes combats. Je me souviens, le dernier c'était face à Boulehouache de Lakhdaria. J'ai boxé face à lui à Tizi Ouzou avant d'aller le battre encore une autre fois dans son fief à Palestro. A partir de 1997, je suis parti pour la France. C'est là que je me suis aventuré dans la boxe professionnelle. J'ai fait mon premier combat en pro face à un Roumain: Nikolaï. J'ai gagné aux points. J'ai fait dix-huit combats et je les ai tous gagnés. Puis, je suis passé à la vitesse supérieure. Et, parmi les grands, il y a des victoires et des défaites. Au total, j'ai fait 52 combats professionnels; j'ai à mon actif 35 victoires dont 15 par K.-O. 11 défaites et 6 nuls. J'ai gagné à quatre reprises la Coupe de France. J'ai fait aussi le Championnat intercontinental en Yougoslavie. J'ai gagné, mais ils ont dû me faire perdre. En ces temps, il y avait la guerre dans ce pays et ils craignaient pour ma vie. J'ai aussi boxé pour le Championnat du monde face à l'Italien Branco en 2003 et en 2005. J'ai perdu aux points devant son public. Est-ce qu'il y a un boxeur qui t'inspire? Ah, oui! C'est incontestablement Loucif Hammani. C'est une référence et c'est un grand monsieur. J'ai remarqué dans les pays étrangers qu'il était considéré comme un grand boxeur. Il est très respecté. Une fois, en Italie, j'ai rencontré Hagler, le boxeur qui a battu Hammani lors du combat pour le championnat du monde. Il a beaucoup de respect pour la boxe algérienne. C'est un grand monsieur lui aussi. Et que pensez-vous de la boxe algérienne actuelle? Les boxeurs algériens ont de grandes qualités. Ils ont besoin de moyens mais surtout d'un besoin en encadrement parce que c'est le plus important. Il y a de très grands talents dans les petits clubs mais ils voguent seuls. Ils ont besoin aussi d'avoir beaucoup d'occasions d'être confrontés à des boxeurs d'autres pays. Le sport, ça n'a pas de frontières. Vous savez, l'Algérie est très respectée en matière de boxe. La boxe algérienne est très bien considérée à l'étranger. Quels sont tes objectifs pour l'avenir? Maintenant, j'ai trente-sept ans. Je vais encore continuer une année ou deux et je penserai à faire autre chose. Je vais me mettre au service des jeunes boxeurs. Que l'on soit ici ou ailleurs, il y a toujours un moyen d'être utile. Il y a des gens en France qui veulent aider les boxeurs algériens. Ils peuvent être utiles par le financement de compétitions, d'aides à l'achat des équipements pour des salles de boxe. Ils peuvent par exemple assurer l'hébergement pour des boxeurs qui veulent venir pour des stages en France. Et que pensez-vous du sponsoring? Ici, en Algérie, nous n'avons pas encore cette culture de sponsoring, mais je pense que c'est un problème de communication. Les entrepreneurs et les hommes d'affaires doivent comprendre que l'argent qu'ils donnent en sponsor leur revient. L'Etat les aide par la suite en matière par exemple d'avantages fiscaux. Le sponsoring, c'est du gagnant-gagnant.