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Les révélations de Salah Assad : «Voilà ce que m'a dit le président Chadli le 5 Juillet 1982»
Publié dans Le Buteur le 12 - 05 - 2009

«Jusqu'à aujourd'hui, je n'ai pas compris pourquoi on m'a pris 4 ans de ma vie»
Entretien réalisé par Mohamed Saâd
Ceux qui connaissent Salah Assad vous diront que c'est un homme qui n'aime pas les feux de la rampe. Pour preuve, les interviews qu'il accorde à la presse se comptent sur les doigts d'une seule main. Mais quand Assad parle, c'est toujours pour dire quelque chose et il avait apparemment beaucoup de choses à dire. Vous allez le confirmer au cours de ce long entretien qu'il nous a accordé chez lui autour d'un café et dans une ambiance très conviviale où Assad accepte pour la première fois d'aborder un sujet aussi délicat que celui de son emprisonnement.
* Après un bref retour dans le football comme manager général du RCK, vous vous êtes complètement retiré. Peut-on savoir pourquoi ?
En vérité, je n'avais ni l'envie ni l'intention de revenir dans le football, mais les responsables du RCK de l'époque n'arrêtaient pas de me demander de revenir à la charge en me répétant : ‘Reviens Salah, ce sera bien et pour le club et pour toi.' C'est vrai que pour c'était une sorte de thérapie après des années passées au… Sahara puis… en prison (Assad hésite à prononcer le mot prison). Je dois également préciser que je n'étais pas manager général du club au sens propre du mot, car un manager général doit pratiquement tout gérer et tout maîtriser, ce qui n'était pas le cas pour moi. J'étais juste un conseiller du club, pas uniquement sur le plan technique, mais aussi sur le plan de la gestion, car lors des négociations avec les sponsors, j'étais là comme j'étais sur le terrain, à domicile et dehors. En un mot, quand ça allait, c'était bon pour tout le monde, mais quand ça n'allait pas, Assad avait bon dos. Quand j'y pense, j'ai passé une année très difficile.
* Pourquoi ?
Vous savez, moi j'ai grandi dans un milieu et j'ai découvert un milieu bien différent à tel point qu'au bout de 4 ou 5 matchs, j'ai su que je n'avais plus rien à voir avec le football algérien et qu'il était mieux pour moi de m'en éloigner. Malheureusement, j'avais pris un engagement moral avec mon club et je ne pouvais pas faire marche arrière. J'ai donc dû terminer la saison par principe, parce que j'avais un engagement moral avec les dirigeants, mais je peux vous affirmer que cette année-là, j'ai vraiment souffert. Une fois la saison terminée, je leur ai dit : au revoir et merci.
* Allez-vous au stade ?
Non, plus jamais.
* Comment un homme qui a toujours vit par et pour le football arrive-t-il à tout laisser tomber ?
Pour aller regarder un match, je dois supporter les insultes et les gros mots durant 90' et cela ne m'intéresse pas. Pouvez-vous aller au stade avec votre frère ? Je crois que non et les raisons, tout le monde les connaît.
* Qu'est-ce que cela vous fait de voir Kouba descendre en D2 ?
Ce n'est pas normal que le club paye pour les erreurs des autres. Kouba avait raison et elle a été rétablie dans ses droits. La Fédération a eu tort, il fallait trouver une solution pour aider le club et non pour l'enfoncer. On a proposé au RCK de jouer une année à blanc en D2 pour accéder ou de jouer directement en D1 et subir le marathon imposé par la fédération. Ils auraient pu proposer une année blanche, mais en D1 ou à la rigueur accorder une dérogation au club pour pouvoir recruter plus de joueurs au mercato. Non, on a préféré programmer la mort du club.
* Comment se fait-il que Assad fils soit arrière droit ?
En fait, j'ai des jumeaux, l'un Abdellah est attaquant et l'autre Hamza, celui qui joue actuellement au RCK est défenseur. Je dois préciser que même s'il joue arrière droit, Hamza est très porté vers l'attaque. Il est arrière droit, parce que le football n'est pas héréditaire, c'est tout.
* Pouvez-vous nous le décrire ?
Même si je ne vais plus au stade, je peux vous le décrire, car il nous arrive de jouer ensemble des matchs amicaux. Ses qualités, c'est son engagement, son marquage, car je le trouve bon sur l'homme. Il a également un bon coup de pied et de bons centres qui m'ont permis de marquer beaucoup de buts de la tête (il rit). Il faut qu'il améliore son jeu défensif et son jeu de tête, même si je trouve qu'il a progressé sur ce point. A 21, 22 ans, il a encore une marge de progression assez intéressante, à condition de travailler, car s'il persévère dans l'effort, dans deux ans il pourra prétendre à une place dans un club qui joue les premiers rôles.
* Vous arrive-t-il de prodiguer des conseils à votre fils ?
Surtout lorsque je vois qu'il est triste parce qu'il n'a pas joué. Je lui dis que si l'entraîneur ne t'a pas fait jouer, c'est qu'il a ses raisons et que tu dois travailler davantage à l'entraînement et te battre pour mériter ta place.
* Etes-vous intervenu un jour auprès des entraîneurs pour le faire jouer ?
Jamais ! Personne n'est intervenu pour moi lorsque je jouais et je n'interviendrais sous aucun prétexte pour qu'on fasse jouer mon fils.
* Vous êtes de quelle origine ?
Je suis originaire et natif de Fort- National.
* Parlez-vous kabyle ?
Naturellement, même si je reconnais que lorsque je vais au bled, on me bat souvent question maîtrise de la langue.
* Pourquoi n'avez-vous jamais joué à la JSK ?
Parce qu'à l'époque, il y n'avait pas de licences A et B, ce qui empêchait les joueurs de changer de club à leur guise. De plus, j'étais bien à Kouba où j'ai fait un mariage d'amour. J'aurais bien pu jouer à la JSK ne serait-ce que pour soigner mon palmarès. Mais au RCK, les gens s'étaient habitués à moi et je me suis habitué à eux, c'était donc difficile de partir.
* Comment a été votre enfance ?
Très heureuse. Je n'ai jamais été dans le besoin, parce que mon père el hamdoulillah était à l'aise, c'était un commerçant. On avait une ferme avec des vaches et tout ça, non vraiment, je n'ai jamais senti le moindre besoin durant mon enfance. Et comme j'étais l'aîné de la famille, j'étais chouchouté car comme vous le savez, chez les Kabyles quand l'aîné est un garçon, on est vraiment gâté. J'étais en plus bien entouré de mes grands-parents, mes oncles et mes tantes. J'ai grandi dans cette ambiance familiale extraordinaire où on vivait en communauté sans le moindre problème.
* Pourquoi avez-vous refusé de jouer votre premier match en senior ?
Comme je m'entraînais déjà avec l'équipe fanion en étant cadet, Amirouche, qui était entraîneur-joueur, a eu le temps d'apprécier mon jeu. Il faut dire que j'aimais bien l'imiter à l'entraînement. Un jour, il est venu me voir pour me dire que j'étais convoqué. Je ne voulais pas jouer, je lui ai dit que j'étais blessé au coup de pied. Amirouche n'était pas n'importe qui et il a vite compris que j'avais peur. Il m'a dit : ‘Tu peux jouer même blessé'. Il n'avait pas tort car ce jour-là, Amirouche et moi avons fait des misères aux défenseurs du Mouloudia. Nous sommes rentrés deux fois avec le ballon en une-deux jusqu'à l'intérieur des 18 mètres. C'était un très beau match qui s'était terminé par un nul 1 à 1 dans un stade du 20-Août archi-comble. Je ne pouvais pas espérer mieux surtout qu'en face il y avait toute l'armada de stars du Mouloudia avec Draoui, Bachi, Bencheïkh et Betrouni.
* Il fallait être fou pour faire jouer un gamin de 17 ans face au Mouloudia de l'époque…
Pas du tout. Je vous disais tout à l'heure que Amirouche avait eu largement le temps de me connaître à l'entraînement, car pendant une année je jouais avec les juniors et je m'entraînais avec les seniors. D'ailleurs, il n'arrêtait pas de me dire : ‘T'es un vrai kabyle toi, l'huile d'olive fait de toi un vrai athlète. Pour me mettre en confiance, il me disait que j'avais un coup de pied meilleur que le sien. Pourtant, tout le monde connaît le coup de pied magique de Amirouche. C'était une façon bien à lui de m'encourager. J'ai commencé contre la meilleure équipe du pays à l'époque et cela m'a grandement facilité la tâche et je jouais très à l'aise à chaque fois que j'étais convoqué chez les seniors.
* Comment un jeune de 20 ans prend-il la responsabilité de tirer un penalty lors d'un Algérie – Egypte et face au grand Thabet El Batal ?
C'était le premier match des Jeux Africains. Alors que nous étions menés 1 à 0, l'arbitre nous a accordé un penalty. Je me souviens que c'est Omar Betrouni qui avait pris le ballon pour le tirer avant que Mekhloufi ne se lève de son banc pour lui crier : ‘C'est Salah qui doit le tirer.' C'est vrai que je n'avais aucun complexe à tirer un penalty, mais c'est la réaction de Mekhloufi qui m'a donné de l'assurance. J'ai pris le ballon des deux mains, j'ai reculé d'un mètre seulement, le ballon d'un côté, El Batal de l'autre.
* Quel est le secret du numéro 3 que vous aviez choisi durant ces jeux ?
Une simple coïncidence. Moi, mon numéro fétiche en équipe nationale c'était le 7 et à Kouba c'était le 10. Mais par respect à Betrouni, je n'allais quand même pas réclamer le 7. Le numéro 10, je ne pouvais même pas m'y approcher à mon âge.
* Vous auriez pu choisir le 11 puisque vous étiez ailier gauche ?
Je n'aimais pas ce numéro.
* Pourquoi ?
Je ne sais pas, peut-être par superstition, mais je n'aimais pas ces deux barres sur mon dos. Vous avez dû remarquer que durant les deux Coupes du monde, j'ai dû échanger mon numéro avec Madjer qui a joué avec le 11.
* El Ghoraf est-ce une invention de Assad ou avez-vous imité Rivelinho ou un autre ?
Tout ce que je peux vous dire c'est que j'étais très jeune lorsque j'ai commencé à essayer ce geste technique. J'avais peut-être cinq ans lorsque je le faisais avec des pierres, des ballons en chiffon, des bouteilles en plastique et tout ce que je trouvais devant moi. Je n'ai imité personne. Par la suite et dans les années 70, j'ai vu Rivelinho le faire, mais il le faisait sur place alors que moi, je le faisais en course, sur place, en demi volée et autres. Même plus tard, je tentais des folies comme ça avec Madjer, Belloumi, Merzekane surtout lorsque nous étions à l'armée, on faisait des choses extraordinaires avec le ballon, mais avec insouciance. Ce que fait Ronaldinho et les autres aujourd'hui, on le faisait sans problème.
* Quel est le meilleur ghoraf que vous avez réalisé ?
Sincèrement, je ne m'en souviens pas. J'en ai fait tellement et dans tous le stades du monde que je ne peux pas vous dire lequel est le plus beau. Je tiens juste à préciser que j'ai toujours fait le ghoraf pour la bonne cause, c'est-à-dire pour embarquer le défenseur et ensuite marquer ou délivrer un but, je ne le faisais pas juste pour amuser la galerie.
* Merzekane nous a dit que le meilleur était celui réalisé en Roumanie…
Oui, j'ai lu ça sur le Buteur, Chaâbane n'a peut-être pas tort, mais il ne vous a pas raconté la suite.
* Il y avait une suite ?
Oui. Le joueur que j'ai tourné en ridicule était un ancien de l'équipe, un chevronné comme on dit et pour me punir il m'a taclé méchamment et a failli me casser la jambe. D'ailleurs, juste après cette action, Merzekane et Slimani ont provoqué des échauffourées et le match s'est arrêté pendant de longues minutes car nous avions refusé de reprendre le jeu. Il a fallu l'intervention de notre ambassadeur et des autorités roumaines pour que le match aille jusqu'au bout.
* Pourquoi El Ghoraf marchait à tous les coups ?
Parce que je le faisais très très vite. A Mulhouse par exemple, les journalistes disaient au cameraman de ne pas le rater, mais il ne m'a jamais pris tellement c'était rapide. En plus, l'adversaire qui est en face de toi lorsque tu le fixes, tu peux lire dans ses yeux s'il doute ou s'il est serein, tu profites de ce court moment de panique pour le dérouter.
* L'avez-vous réussi contre Merzekane ?
Sincèrement, je ne me souviens pas.
* Lui il dit le contraire…
Vraiment ? Je ne sais pas, mais je me rappelle lui avoir fait pire.
* Quoi ?
Le RCK devait accueillir le NAHD à Kouba dans un match très attendu. Tout comme Chaâbane, j'étais militaire et nous venions de participer à un tournoi en Italie où nous avions battus les Italiens 2 à 1. Au sein de l'équipe d'Italie il y avait beaucoup de futurs champions du monde comme Tardelli, Cabrini, Agostini, Paolo Rossi, la grande équipe quoi. Avant de nous affronter, ils avaient gagné cinq matchs sur cinq et pensaient ne faire qu'une bouche de nous. Malheureusement, nous les avons surpris devant leurs supporters dans un stade archi-comble. On nous a accordé une journée libre et le lendemain à 3h du matin on était à Alger, quelques heures plus tard on se présente chacun de son côté pour jouer le match RCK-NAHD. Durant la rencontre, la roublardise a commencé. Je lui disais : ‘Wach Chaâbane, ça va ?' Il me répondait qu'il était fatigué. ‘Moi, je suis crevé, je suis à plat', lui disais-je. Je faisais même exprès de le laisser prendre des balles faciles pour moi, façon de l'endormir. Merzekane et Aït El Hocine n'ont d'ailleurs pas arrêté de se dédoubler sur mon côté pour profiter de ma fatigue supposée. Puis, j'ai choisi le bon moment pour accélérer deux fois et marquer deux buts avant de demander d'être remplacé et de faire dire à Chaâbane : ‘Je vais prendre ma douche maintenant'. Le match s'est terminé sur le score de 3 à 0 en notre faveur. Ce n'est pas pire que le ghoraf ça ! Le football c'est aussi la roublardise et c'est Betrouni qui me l'a appris.
* Quand est-ce ?
C'était au cours d'un regroupement en équipe nationale. Madjer, Belloumi, Bensaoula, moi et tous les jeunes avions commencé à taquiner Betrouni en lui disant qu'il était bon pour la retraite. Sa réponse était la suivante : ‘J'ai un secret pour toi Salah.' On était tous curieux de connaître ce secret. On était à quelques jours d'un match de Coupe d'Algérie entre l'USMA et le RCK et après s'être fait désirer, Betrouni m'a dit : ‘Tu auras en face de toi Keddou, un gaucher, Abdouche un autre gaucher, Zitoun un gaucher, Ali Messaoud également, tu n'as qu'à aller sur leur mauvais pied et tu les auras.' A l'époque, j'étais fort et rapide et je ne me posais pas trop de questions, j'accélérais et tous les défenseurs étaient derrière. Betrouni m'a appris à utiliser la ruse sur le terrain et face à l'USMA ça avait très bien marché. Quelques jours plus tard, on devait affronter le Mouloudia et je suis allé voir Betrouni pour lui lancer l'air moqueur : ‘J'ai bien l'impression que les défenseurs mouloudéens sont tous des droitiers.' Il était hors de lui et m'a lancé : ‘Espèce de faux jeton, tu veux me battre avec mes propres armes.'
* Et ça a marché contre le Mouloudia ?
Bien sûr et je n'ai pas hésité à rire au nez de Betrouni sur le terrain.
* Vous avez été le premier à embrasser une carrière professionnelle après 82 alors que les lois l'interdisaient. Comment avez-vous fait ?
Avant même le début de la Coupe du monde, plusieurs responsables de clubs qui nous ont vu durant les matchs de préparation se sont approchés de pratiquement tous les joueurs algériens pour leur proposer des contrats juteux en Europe. Il y avait des clubs anglais, allemands, espagnols et français. Quiquo de Bordeaux est venu me voir jusqu'à Alger, il me voulait moi et Madjer ensemble aux Girondins, Belloumi qui était déjà connu avant la Coupe du monde grâce au Ballon d'or a été sollicité par Helenio Herrera l'entraîneur du FC Barcelone.
* Vous rappelez-vous des clubs qui vous voulaient ?
Oui un peu, il y avait l'AS Saint-Etienne, le PSG, Eintracht Frankfurt, Hambourg, Coventry et j'en passe. Mais ce qui a découragé tous ces clubs, ce sont les déclarations de Mahieddine Khalef la veille du match face à l'Allemagne. A la question d'un journaliste sur l'intérêt des clubs européens pour ses joueurs, Mahieddine a répondu : ‘Les joueurs algériens n'iront nulle part car il y a des lois qui les en empêchent'. Déjà que les clubs n'avaient pas le droit d'engager plus de deux étrangers, cette déclaration les a refroidis. Pourtant, certains ont continué à nous harceler même après le match face à l'Allemagne comme le grand Don Revie l'ancien sélectionneur anglais.
* Il vous a contacté Don Revie ?
Oui, avant le match Algérie – RFA, j'ai fait le pari de faire un truc particulier si jamais on gagne. Lorsque j'ai essayé de me rétracter, Merzekane m'a dit : ‘Un pari est un pari, tu dois le faire.' J'ai fait ce que j'avais à faire (Assad refuse d'expliquer la manière avec laquelle il avait fêté la victoire) et lorsque je suis rentré à l'hôtel deux bonhommes se sont approchés de moi et ont commencé à me parler en anglais. Je répondais comme je pouvais pensant qu'il s'agissait de simples supporters lorsque Djamel Zidane s'est approché vers moi pour me dire : ‘Tu ne les a pas reconnus ? C'est Don Revie ya mhaynek et l'autre c'est l'entraîneur de Manchester City et ils veulent te recruter.'
* Vous ne nous dites toujours pas comment vous avez pu partir, alors que les règlements l'interdisaient…
J'y arrive. Après notre retour d'Espagne, il y a eu la fête de l'Indépendance le 5 Juillet et tous les joueurs qui avaient participé au Mondial y étaient conviés par le président de l'époque, M. Chadli Bendjedid. Moi, j'étais tellement déçu de ne pas pouvoir aller à l'étranger que j'ai décidé de ne pas y aller. Mais un sportif de haut niveau plus âgé que moi m'a demandé d'aller voir le président en me donnant une astuce. Mouloud Mezghiche, l'ancien judoka aujourd'hui, très malade Rabbi ychafih m'a dit : ‘Non Salah, tu te trompes, tu as marqué deux buts, tu as délivré une passe décisive, le président va sûrement chercher après toi. Choisis le bon moment et demande-lui de t'accorder une dérogation spéciale, mais explique-lui que tu seras toujours à la disposition de l'équipe nationale et de l'Algérie.' C'est ainsi que j'ai décidé d'aller à la cérémonie et de tenter ma chance. La scène s'est passée comme l'avait imaginée Mezghiche puisque le président a effectivement cherché après moi et j'en ai profité.
* Que lui avez-vous dit au juste ?
Je lui ai dit textuellement :
«Monsieur le président, maintenant j'ai tout connu avec l'équipe nationale en participant à toutes les compétitions, Coupe d'Afrique, Coupe du monde, jeux Olympiques, je crois avoir bien représenté le pays. Mais comme le football est ma vie, je veux encore progresser en allant jouer dans un club professionnel, je vous demande donc l'autorisation de me laisser partir en Europe en vous promettant de ne jamais tourner le dos à l'Algérie à chaque fois qu'elle aura besoin de moi.» Sa réponse a été immédiate : « Si tu as des clubs mon fils et si tu exiges de ces clubs de te laisser venir jouer pour l'équipe de ton pays, il n'y a aucun problème, tu iras jouer en Europe.» L'info a tout de suite fait le tour d'Alger et Saint-Etienne a été le premier à sauter sur l'occasion, mais comme ils avaient déjà deux étrangers dans leur effectif, ils ont voulu m'engager pour ensuite me prêter. Il y a eu également Mulhouse qui avait accédé lors des barrages et qui avait une place de libre pour un étranger.
* Pourquoi avoir choisi Mulhouse, alors que les meilleurs clubs européens voulaient vous enrôler ?
Entre les déclarations de Khalef qui avaient découragé les clubs intéressés et l'autorisation du président, beaucoup de temps a passé et ces clubs avaient déjà épuisé le nombre d'étrangers autorisés à l'époque. J'ai donc opté pour Mulhouse, parce que je n'avais plus le choix.
* Pourquoi n'avez-vous pas refilé l'astuce à vos coéquipiers qui étaient eux aussi sollicités par des clubs européens ?
Ils savaient tous que j'allais toucher un mot au président. C'est eux qui m'encourageaient à le faire d'ailleurs. Belloumi, Bensaoula, Merzekane étaient tout contents lorsqu'ils m'ont vu parler à M. Chadli Bendjedid. Ce que les gens ignorent, c'est que le président n'avait pas autorisé le seul Assad, mais tous les autres joueurs, mais personne ne savait où aller. Je vais d'ailleurs vous raconter une anecdote à ce sujet.
* Je vous en prie…
Dès que j'ai quitté la Présidence, je suis allé à Kouba en klaxonnant de joie. J'étais entouré par les amis du quartier et je leur ai raconté toute la discussion que je venais d'avoir avec le président. Un gars du quartier m'a posé une question tout bêtement : ‘Où vas-tu signer maintenant Salah ?' Je lui ai répondu : ‘Je ne sais pas'. Et c'était la vérité. Je savais que j'avais l'autorisation du président, mais je n'avais plus de propositions. J'étais content, car je m'étais senti libéré des blocages du ministère, de la fédération et de l'entraîneur.
* Une année après Mulhouse, vous avez signé dans le grand PSG. Pourquoi est-ce que ça n'a pas marché pour vous à Paris ?
Pour plusieurs raisons. La première est que je suis arrivé blessé au PSG, car je m'étais fait opérer en fin de saison avec Mulhouse, après avoir eu six fissures au genou. Cette opération nécessitait une période d'arrêt d'environ six mois. Mais cela n'avait pas découragé les responsables parisiens qui me voulaient même blessé. Ils projetaient de racheter mon contrat l'année d'après. J'ai donc commencé à jouer en fin de saison et je peux vous dire que je réalisais d'excellents matchs comme face à Lille au Parc des Princes. Malheureusement, après sept matchs, j'ai rechuté, mais il n'y avait pas que ça. L'autre problème, c'est qu'au moindre appel de l'équipe nationale, je prenais mon sac et je rentrais à Alger. Cela avait fini par me porter préjudice.
* Si c'était à refaire ?
J'aurais fait la même chose, mais j'aurais dénoncé la manipulation dont j'étais la seule victime. Je n'aurais laissé personne profiter de ma gentillesse en me donnant des leçons sur l'amour du pays, alors que c'était l'intérêt du joueur qui était en jeu.
* C'est Guillou qui était votre entraîneur à Mulhouse ?
La première année oui, mais par la suite, c'est Domenech que j'ai trouvé. Nous avons travaillé ensemble pendant deux saisons.
* Etes-vous surpris de voir Guillou réussir dans les Académies de football ?
Pas du tout, parce que nous en avons parlé déjà. Je l'ai ramené en Algérie vers 83, il a donné des conférences de presse à l'ISTS, mais il n'y a jamais eu de suivi. Vous savez ce qu'il m'a dit à l'époque : ‘L'Algérie, c'est de l'or en barre, je n'ai même pas besoin de terrain pour former, les terrains vagues me suffisent. Si l'Etat algérien m'en donnait l'autorisation, je viendrais sur-le-champ et je laisserai tomber l'Europe.' Cette fameuse autorisation, il ne l'a pas eue. Il a fallu que Zetchi comprenne et le ramène plus de 20 après et je sais qu'ensemble, ils feront de belles choses.
* Quels étaient vos rapports avec Domenech ?
Excellents ! C'est un vrai pro qui savait tirer le maximum de ses joueurs, c'est un homme très intelligent.
* Avez-vous gardé contact avec lui ?
Non, mais à travers des amis en commun, on se passe le bonjour.
* Comment viviez-vous votre Islam en France ?
Normalement. C'est vrai que j'étais dans un pays non musulman, mais on respectait toutes mes convictions. A table par exemple, on ne mettait pas de boissons alcoolisées, on mettait à ma disposition tout un vestiaire qu'on nettoyait tous les jours pour me permettre d'accomplir mes prières à l'aise. Je n'avais aucun problème de ce côté-là. C'est en France que j'ai commencé à approfondir mes connaissances en Islam.
* Comment ça ?
Comme on me posait trop de questions, je me trouvais parfois sans réponse et c'est ce qui m'a poussé à apprendre davantage les préceptes de l'Islam pour pouvoir expliquer cela à mes coéquipiers. Quelque part, ils m'ont poussé à le faire d'autant plus que j'avais le temps d'apprendre et de lire des livres.
* Quels sont les joueurs que vous appréciez le plus en sélection ?
Il y en a beaucoup. J'aime bien le jeu de Ziani, il y a aussi l'arrière gauche Belhadj qui est un fouf fou, mais il a un excellent coup de pied et de très belles accélérations. Celui qu'ils ont ramené d'Italie, Ghezzal, est aussi très bon, Raho aussi. Non, il y a vraiment un très bon groupe.
* Quels conseils pouvez-vous leur prodiguer pour battre l'Egypte ?
Il faut aborder le match pour le gagner, car nous sommes capables de battre l'Egypte. Ensuite, il ne faut pas tomber dans le piège de l'énervement, car les Egyptiens vont tout faire pour endormir et énerver nos joueurs. Les garçons doivent rester calmes durant tout le match et attendre le bon moment pour les dérouter car nous avons les joueurs pour le faire.
* A votre retour en Algérie, vous avez préféré signer à Kouba en D2, alors que les meilleurs clubs voulaient vous enrôler. Pourquoi ?
Après la Coupe du monde, je n'avais ni l'intention ni l'envie de rejouer au football. J'étais devenu l'ennemi numéro 1 de ceux qui géraient le football. On m'a fermé toutes les portes au nez, j'ai même appris que de hauts responsables du football ne souhaitaient plus me voir rejouer. Pourtant, j'étais professionnel en France et je me suis blessé avec l'équipe nationale, je méritais au moins d'être soigné convenablement.
* Pourquoi cette indifférence à votre avis ?
A cause de mes positions lors du Mondial-86.
* Qu'avez-vous fait au Mexique ?
Le match Algérie – Espagne, on n'allait pas le jouer, car les joueurs étaient décidés à faire grève. Moi, je n'allais pas jouer, parce que j'avais le genou bousillé, après le Brésil. Pour moi, ma carrière venait de prendre fin. J'étais dans la chambre avec Madjer qui m'a parlé de cette grève. Même si je n'étais pas concerné par le match, j'ai tenu à assister à la réunion des joueurs et là je parle de tous les joueurs, non pas des pros d'un côté et des locaux de l'autre. Je voulais les faire revenir à de meilleurs sentiments, mais c'était difficile, car les joueurs se plaignaient d'avoir été abusés par les responsables qui leur ont pris leur argent. Je leur ai dit : ‘Vous avez tout à fait raison, mais vous n'avez pas le droit de boycotter le match, jouons ce match et une fois en Algérie, faisons une table ronde pour dénoncer tout ce qui s'est passé.' Je pensais avoir fait une bonne chose, car le match s'est finalement joué, mais les responsables de l'époque ne m'ont jamais pardonné cette intervention. ‘Comment ose-t-il proposer une table ronde en Algérie ? disaient-ils. Voilà pourquoi j'ai été abandonné à mon sort à notre retour en Algérie avec une carrière brisée et un genou écrabouillé. Et voilà pourquoi je n'avais ni l'intention ni l'envie de rejouer au football.
* C'est quoi cette histoire de bagarres entre émigrés et locaux ?
Ces problèmes ont été créés et entretenus par les dirigeants qui étaient avec l'équipe au Mexique. Je peux vous assurer que tous les joueurs, que ce soit les locaux ou les émigrés, étaient des enfants de bonne famille. On était tous là pour défendre les couleurs du pays, mais les dirigeants ont tout fait pour pourrir l'ambiance.
* Qu'est-ce qu'ils ont fait par exemple ?
Ce qu'ils faisaient, ça les regarde, mais ce n'était pas la meilleure manière de préparer une équipe en Coupe du monde. Par exemple, la veille du match contre l'Irlande, les dirigeants nous ont réunis pour nous lire les messages de soutien qui venaient d'Alger. C'est là que le président par intérim nous a dit : ‘Ecoutez, on ne va pas vous donner la prime en entier, on va enlever une partie et l'argent offert par la Ligue arabe ne vous était pas destiné.' Pourtant, aucun joueur n'avait parlé d'argent et il aurait dû attendre la fin de la Coupe du monde pour en parler. Cela a fini par énerver les joueurs et le problème entre émigrés et locaux a surgi. En un mot, les responsables de l'époque ont sciemment agi de la sorte pour casser l'équipe. C'est cela mon sentiment profond, car ce n'est pas normal qu'en 82 tout baigne et que quatre ans plus tard, la situation dégénère.
* Est-ce la présence de Khalef en 82 qui a fait que tout s'était bien déroulé ?
Oui, parce que Mahieddine était un chef. Il faut quand même avouer qu'il était bien entouré avec la présence de Mekhloufi et Soukhane. Ces derniers n'intervenaient jamais dans les choix de Mahieddine, mais leur seule présence lui donnait encore plus d'assurance.
* Lorsqu'on aborde un match contre l'Allemagne, on le fait pour le gagner ?
Un footballeur qui aborde un match pour ne pas le gagner doit changer de métier. Personnellement, je joue tous les matchs pour les gagner, quel que soit l'adversaire et je sais que c'est le cas pour des joueurs comme Chaâbane Merzekane. A cinq jours du match contre l'Allemagne, je n'avais plus aucune goutte de sang dans le corps, tellement j'étais impatient de les affronter. Je savais qu'on avait les qualités pour leur tenir tête, mais je savais aussi que j'avais le nif, cette fierté tout à fait algérienne qui nous interdit de baisser les armes, quel que soit l'adversaire. Il faut reconnaître toutefois que la peur et le stress sont là surtout avant le match, mais une fois dans le bain, on oublie tout.
* Lorsque vous appreniez que les joueurs allemands promettaient de dédier les 7e et 8e buts à leurs épouses et leurs chiens, qu'est-ce que cela vous faisait-il ?
Pour nous, c'était une bonne chose, parce que ça nous donnait la rage de vaincre. On était désormais prêts à puiser au fond de nous- mêmes pour leur administrer une belle gifle. Et on leur a administré cette gifle.
* Est-il vrai que vous avez failli ne pas terminer le match à la mi-temps ?
Oui et c'est à cause de la méforme de certains joueurs du milieu de terrain. Les Allemands ont tout compris et m'ont mis deux joueurs pour se relayer sur mon côté : Kaltz mon adversaire direct et Dremmler le milieu défensif qui devait être marqué par Dahleb ou Belloumi. Lorsque Kaltz effectuait une chevauchée, c'est Dremmler qui récupérait et vice-versa, et moi je devais à chaque fois revenir en arrière pour défendre. Au bout d'un moment, j'étais exténué, j'avais envie de vomir. J'ai commencé à attirer l'attention de Mahieddine, j'appelais également Lakhdar et Mustapha pour leur demander de m'aider, mais rien n'y fit. Je m'étais beaucoup dépensé en défendant, alors que j'étais là surtout pour attaquer et déborder. A la mi-temps, j'ai enlevé mes vêtements et je suis allé prendre ma douche en criant : ‘Je ne suis pas là pour jouer contre deux adversaires, alors que les autres se cachent.' Mekhloufi, qui était dans la tribune officielle, était descendu pour me convaincre de reprendre le jeu. On a beaucoup spéculé sur ça, mais il était descendu spécialement pour régler le problème de Assad, pas pour s'immiscer dans le travail de Mahieddine. Lorsque j'ai été calmé, Mahieddine a demandé à Dahleb et Belloumi de m'aider dans les tâches défensives et c'est comme ça qu'on avait réalisé une grande deuxième mi-temps.
* Après 86, vous avez signé à Kouba…
Oui, j'y arrive. Il faut préciser que j'avais passé une année complète à me soigner et c'est durant l'été 87, c'est-à-dire quelques mois après l'accident qui avait décimé le club, que les dirigeants koubéens sont venus vers moi pour les aider à faire accéder le RCK. Nous sommes revenus, le public est revenu et nous avons replacé le club en D1.
* Est-il vrai que vous avez failli signer à l'USMA ?
Oui, Keddou et Aksouh sont venus me proposer de jouer à l'USMA qui venait juste de retrouver la D1. Il y avait un bon challenge qui m'aurait permis de rejouer en Europe. Malheureusement, ça n'a pas pu aboutir.
* L'année d'après, vous vous êtes retrouvé en équipe nationale…
C'était également à cause d'un responsable que je suis revenu en sélection. Ce responsable a déclaré que tant qu'il était à la tête du sport en Algérie, je ne remettrais plus les pieds en équipe nationale. Je suis revenu en sélection avec lui en poste et je suis reparti de mon plein gré. J'ai juré de revenir en sélection, même s'il lui restait une semaine de responsabilité. Je ne suis pas revenu pour durer en sélection, surtout que beaucoup de choses avaient changé.
* Par exemple ?
Rogov m'a convoqué en équipe nationale et sur la convocation, il était mentionné que je devais être à l'hôtel du 5-Juillet à 15h. J'étais là un quart d'heure avant, mais j'étais seul. Le premier à être venu, c'était Medane, le plus jeune joueur de l'époque et il était arrivé à 15h 45. Les autres étaient à l'hôtel bien plus tard. Deux ans après, beaucoup de choses avaient changé en équipe nationale. A l'entraînement, il y avait même des clans. C'était la débandade, il n'y avait plus d'équipe, plus de discipline. Un groupe de journalistes faisait l'équipe. Ce jour-là, j'ai su que je n'allais pas rester longtemps en sélection. Lors du premier match amical face à la Russie à Tlemcen, on me fait un sale coup.
* Lequel ?
Lorsque Rogov m'a convoqué, j'ai été clair avec lui : il n'était pas question pour moi de jouer. J'ai demandé un programme spécial pour perdre du poids avant de jouer. Le sélectionneur était d'accord, mais une fois à Tlemcen, il n'y avait pas suffisamment de joueurs et on m'a fait jouer. Deux jours après à Mascara et contre la même équipe, on me fait jouer une deuxième fois. Le lendemain, je fais des déclarations à la presse où je dénonce tout. Tout de suite après, Rogov décide de ne plus me convoquer en affirmant que j'avais besoin de perdre du poids pour revenir à mon niveau.
* Merzekane nous a dit que durant le Service national, un joueur a failli tuer un autre joueur à cause de vous. Pouvez-vous nous raconter cette histoire ?
J'étais le responsable du groupe, une sorte de capitaine d'équipe et on avait une séance de tir. A cause de la pluie, la séance a été annulée et l'officier m'a demandé de ramener les armes au dépôt. On s'est donné le mot pour ne pas obéir à l'officier et dire ensuite qu'on n'avait pas compris ses instructions. C'était donc une plaisanterie qui a failli tourner au drame. J'ai commencé à tirer et lorsque j'ai terminé, j'ai crié à l'adresse de Zender, l'ancien joueur du CAB : ‘Numéro 5, j'ai terminé la séance de tir.' Et je lui ai donné mon arme. Il devait tirer en l'air pour s'assurer qu'il ne restait plus de balles dedans avant d'en mettre de nouvelles, mais il ne l'a pas fait et s'est tourné vers un autre joueur dont je ne me rappelle pas le nom pour lui dire : ‘Wach, je te tire dessus ?' En pensant qu'il ne restait plus de balles dans l'arme. Malheureusement, il en restait une qui a failli tuer notre compagnon. El Hamdoullah rabbi sterna.
* Aujourd'hui lorsqu'on parle de Assad, on parle d'abord du musulman avant de parler du footballeur. D'où est venu cela ?
Ça remonte à l'époque où je jouais à Mulhouse. Un journaliste français est venu m'interviewer chez moi et il n'a pas arrêté de me parler de religion, mais j'évitais toutes ses questions. A un certain moment, il m'a dit : ‘Votre appartement est meublé avec goût, vous avez bien gagné votre vie en jouant au foot.' Je lui ai répondu : ‘C'est normal qu'on veuille gagner sa vie honnêtement, mais la vraie victoire, c'est de gagner le Paradis.' C'est sorti sur France Football et dès cet instant, on parle de moi en tant que musulman et j'en suis fier. Ça ne me gêne pas qu'on parle de moi en tant que musulman car je le suis, mes parents le sont et je vis en Algérie, terre d'Islam.
* Votre engagement pour l'Islam vous a quand même valu la prison…
J'ai pris position avec un parti qui était légal, je n'ai rien fait d'illégal, mais ça m'a coûté deux ans de ma vie au Sahara et deux autres en prison. A ce jour, je n'ai pas compris cette injustice. C'est une parenthèse noire de ma vie, c'est une histoire que mes enfants raconteront à leurs enfants et ainsi va la vie.
* Comment s'est passé le jour où on est venu vous arrêter ?
Je ne m'attendais pas à être emprisonné, parce qu'il n'y avait aucun mandat d'arrêt contre moi. C'était le premier jour du Ramadan et j'étais tranquillement chez moi avec ma famille. J'habitais à l'époque dans un appartement à Jolie Vue. Des gens ont frappé à la porte puis m'ont dit : ‘Tu dois nous suivre, on a besoin de toi.' J'ai demandé à prendre ma veste et je les ai suivis. Je suis revenu à la maison quatre ans plus tard.
* Quelle a été votre première sortie publique, après votre sortie de prison ?
Le jubilé de Chaâbane Merzekane durant lequel j'ai vu une chose extraordinaire.
* Laquelle ?
Les gens étaient très contents de me voir. J'avais l'impression que c'était mon propre jubilé, pas celui de Chaâbane. Les supporters continuaient à m'apprécier et cela n'a pas de prix.
Entretien réalisé par M. S.


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