Fouilles des bagages, dénonciation des individus suspects et signalement des objets louches. La recrudescence des actes terroristes, constatée ces derniers temps à travers le territoire national, n'a pas laissé indifférente la population de la basse Kabylie, qui prend de plus en plus conscience de la menace, en ce début de saison estivale. La bombe artisanale, qui a explosé sans faire de victime, la semaine dernière, sur la plage de la station balnéaire de Tichy, est perçue, à Béjaïa, comme un signe annonciateur d'un été pas comme les autres. D'où cette vigilance qui se manifeste chaque jour davantage sous plusieurs formes: fouilles des bagages, dénonciation des individus suspects et signalement des objets louches. A Béjaïa comme dans toutes les autres localités, l'heure est à la prévention. La collaboration avec les ser- vices de sécurité n'est plus un tabou et se fait, à chaque fois que cela est nécessaire. Des propos des citoyens ressorte une inquiétude qui en dit long sur la facilité qu'ont les terroristes pour agir en toute impunité. La baisse de vigilance ainsi que le retrait des services de sécurité sont, dans ce sens, souvent invoqués pour expliquer le péril qui les menace au quotidien. La dégradation de la situation sécuritaire caractérisée par des actes quasi quotidiens, touchant souvent à la dignité et à l'amour-propre des citoyens, fait l'objet des débats publics. Du côté des forces chargées de la lutte antiterroriste, on s'interdit de parler de relâchement. Bien au contraire, la vigilance a toujours été de rigueur malgré les difficultés liées essentiellement aux événements que vit la région depuis 14 mois. A propos d'éventuelles mesures exceptionnelles pour faire face à la conjoncture, les premiers concernés par la situation sécuritaire disent que «les règles restent les mêmes» et notent avec satisfaction la prise de conscience des citoyens qui «collaborent de près avec nos services en signalant toute anomalie». La lutte antiterroriste n'a pas connu de répit dans la région. Les informations véhiculées sur la présence des groupes armés sont toujours prises au sérieux, en témoignent les sorties sur le terrain entreprises conjointement par les patriotes, l'ANP et la Gendarmerie nationale. «L'absence de l'Etat n'est que physique», ironise ce patriote connu dans la vallée de la Soummam. A le suivre, la situation est bien contrôlée par l'Etat qui est tenu informé à tout moment. Travaillant de près avec le secteur militaire, les groupes de patriotes traquent sans cesse les groupes armés et surveillent de près tous leurs déplacements. Dans les villes, la police a, depuis quelques jours, réinvesti le terrain. La multiplication des barrages fixes sur les Routes nationales et la réapparition des policiers en nombre important aux principaux carrefours des villes sont des signes qui rassurent les citoyens et témoignent d'un retour en force de l'autorité de l'Etat.