En sillonnant les artères de la ville de Tizi Ouzou, aucune présence supplémentaire d'hommes en uniforme n'est remarquable. Rien n'indique que cette ville, pourtant maintes fois frappée par le terrorisme, fait l'objet d'une menace particulière en ce mois de Ramadhan. “À l'occasion du mois sacré, et en vue de l'occupation efficace du terrain et de consolider le dispositif déjà mis en place, afin de garantir la quiétude et la sécurité des personnes et des biens, la sûreté de la wilaya de Tizi Ouzou a élaboré un plan d'action matérialisé par des patrouilles pédestres et motorisées à travers les artères de la ville pour contrecarrer tout acte malveillant et, d'autre part, les groupes d'intervention dresseront des barrages inopinés pour contrôler tous véhicules et individus suspects”, est-il écrit dans le communiqué de la police. Mais, renseignements pris, ce communiqué n'a évoqué que la partie visible. Autrement, a-t-on appris de source sûre, le dispositif mis en place depuis la veille du mois sacré, et même bien avant, est plus impressionnant qu'on le croit, mais il reste dans sa grande partie très discret. Il s'inscrit dans le cadre des mesures exceptionnelles prises par la Direction générale de la Sûreté nationale pour tout le territoire national, et plus particulièrement pour certaines régions à travers lesquelles le risque et la menace terroristes sont plus élevés que dans le reste du pays. D'autant que cette année, la date anniversaire des attentats du 11 septembre 2001 coïncide avec le Ramadhan, un mois au cours duquel les groupes armés islamistes multiplient les actes de terrorisme. Etant classée parmi les régions à haut risque terroriste, tout comme d'ailleurs Boumerdès, Bouira, et Alger, la wilaya de Tizi Ouzou figure ainsi parmi les wilayas qui ont nécessité la mise en place de dispositifs les plus importants en termes d'effectifs et de moyens matériels. Des centaines de policiers en civil sont mobilisés chaque jour à l'intérieur de la ville et particulièrement sur les places publiques les plus fréquentées, nous a-t-on assuré. Ce même dispositif est maintenu même au moment de la rupture du jeûne et jusqu'à des heures tardives de la soirée. Ce dispositif a pour mission à la fois de déjouer toute velléité terroriste et de lutter contre la délinquance sous toutes ses formes, sauf que, curieusement, les vols notamment de portables, n'ont jamais fait aussi rage à Tizi Ouzou que durant ces dernières semaines. À la périphérie de la ville de Tizi Ouzou, les barrages de la police et de la gendarmerie ont été multipliés et remarquablement renforcés. Les véhicules, notamment étrangers à la wilaya, sont systématiquement fouillés et les individus suspectés sont interpellés. Dans plusieurs localités, notamment celles situées aux abords des maquis, les troupes de l'ANP sont toujours en stationnement et opèrent à chaque fois qu'un mouvement suspect est signalé. Les barrages mobiles des services de sécurité font également partie de ce dispositif qui doit être, eu égard à la situation sécuritaire qui prévaut dans la région, maintenu même au-delà du mois de Ramadhan. Il y a lieu de noter qu'avec un tel dispositif, la wilaya de Tizi Ouzou est en alerte maximale depuis déjà l'attentat qui a ciblé la Direction des renseignements généraux le 3 août dernier, plus particulièrement depuis le début de ce mois de Ramadhan, et elle l'est encore davantage ces deux derniers jours, soit à l'approche de la date du 11 septembre. Samir LESLOUS