N'ayant pas renoncé officiellement aux attentats terroristes, le message de Ben Laden pourrait aussi cacher des surprises. Dans un message adressé au peuple américain, deux jours après l'anniversaire des attentats du 11 septembre 2001 ayant coûté la vie à 3000 personnes, Oussama Ben Laden, le n°1 d'Al Qaîda, a été présenté comme un homme affaibli et à la recherche d'une issue. C'est le centre américain de recherche sur le terrorisme Intel Center qui a annoncé ce nouvel enregistrement sonore du chef d'Al Qaîda dans lequel il invite les Américains à faire pression sur la Maison-Blanche pour qu'elle mette fin aux guerres en Irak et en Afghanistan. Il a menacé de poursuivre dans le cas contraire «une guerre d'usure» contre eux «de toutes les façons possibles». Il leur demande également de se prononcer contre le soutien à Israël. Il précise que «parmi d'autres injustices», c'est le soutien des Etats-Unis à l'Etat hébreu qui a conduit Al Qaîda à lancer les attaques du 11 septembre 2001. Pas un seul mot de menace dans ce message. «Tout cela renseigne, à ne pas en douter, sur le recul d'Al Qaîda sur le terrain et démontre clairement qu'elle est affectée par les développements sur le terrain», a souligné Diaa Rachwane, présenté comme l'un des meilleurs analystes arabes en matière de terrorisme. Le même analyste ajoute que le nouveau message de Ben Laden cherche à justifier les attaques du 11 septembre. Ce dernier, dans sa déclaration au peuple américain, explique que «les attentats ont été menés en réaction au soutien des USA à Israël et d'autres injustices». Le même analyste relèvera que, pour la première fois, le n°1 d'Al Qaîda parle «positivement» de trois présidents américains: Obama, par rapport à son discours depuis le Caire, Jimmy Carter et sa position à l'égard de la Palestine et John Kennedy, assassiné en 1963 et qui avait de bonnes relations avec le monde arabe. Non sans avoir porté des jugements sur la personne de Barack Obama, président des Etats-Unis, le qualifiant d'«opprimé», Ben Laden souligne dans son message que l'actuel président de la première puissance mondiale connaîtra le même sort que celui des néo-conservateurs dans le cas où il adopterait la même politique. Le message de Ben Laden, comparé à celui d'Ayman Al Zawahiri, n°2 dans cette organisation terroriste est beaucoup plus simple. Les spécialistes y relèvent même un grand changement Les opérations militaires, actuellement menées contre Al Qaîda en Afghanistan, semblent avoir suscité des réactions au sein de la chefferie de cette organisation terroriste, outrant les vives convictions d'un homme hostile à la puissance mondiale qui, aujourd'hui, a changé le lexique de son discours habituel. Il est clair qu'aujourd'hui, l'organisation terroriste Al Qaîda, qui a bouleversé la nation américaine en particulier, et le monde entier en général, se retrouve dans une situation difficile. Al Qaîda se résume désormais à des réseaux éparpillés, chacun pour son compte, en raison des coups durs portés essentiellement par les GI's. L'on n'est certainement pas à la fin d'un terrorisme mondial ayant instrumentalisé la religion pour des intérêts purement matériels. Pourchassée et traquée par les institutions militaires des pays particulièrement touchés par le terrorisme, dont l'Afrique du Nord, cette organisation est devenue l'ennemi de toutes les nations. Elle a été lâchée par de nombreux fidèles, selon un autre analyste, Anouar Eshki, chef du centre stratégique et légal basé à Djeddah en Arabie Saoudite: «Le réseau d'Al Qaîda commence à être démantelé dans les zones tribales pakistanaises en raison des coups durs qui lui ont été portés, alors que beaucoup de ses fidèles ont quitté le Pakistan pour le Yémen ou la Somalie.» Cela dit, la menace terroriste est omniprésente, Al Qaîda n'a qu'une logique: le crime. «La lutte contre le terrorisme évoque une mobilisation continue», ont confié des sources sécuritaires algériennes ajoutant que «la meilleure réussite qu'on puisse avoir est de ne jamais sous-estimer sa force, car même affaiblie, Al Qaîda existe». Le message de Ben Laden, adressé au peuple américain où l'on constate clairement un changement, pourrait aussi cacher des surprises.