Un sursis est accordé aux membres de l'Exécutif, le temps d'en découdre avec les égyptiens, pour goûter à une qualification historique qui sera arrachée de haute lutte par des hommes au coeur de lion. La fièvre retombera tout à fait naturellement dans quelques jours. Après l'Aïd certainement. Les Algériens reprendront leur petit train-train quotidien tandis que les ministres, qui ont gagné quelque répit après cette formidable communion qui s'est réalisée autour de notre admirable Equipe nationale, devront remettre eux aussi les pieds sur terre. Il n'est nullement question pour nous de vouloir jouer aux rabat-joie. Le monopole du patriotisme n'est point l'affaire d'un microcosme. La «famille révolutionnaire» venant en ce sens d'en subir la leçon. La ferveur qui s'est emparée du peuple algérien a prouvé qu'il est un rempart incontournable contre l'adversité. La flamme allumée par Ben M'hidi, Didouche, Hassiba Ben Bouali...ne s'est pas éteinte. Elle était seulement jalousement gardée au fond du coeur de ces jeunes Algériens. Comme celle, frêle mais précieuse, d'une petite bougie. Aucun discours d'homme politique n'aurait soulevé l'admiration du peuple algérien comme l'a fait l'Equipe nationale à travers sa superbe prestation du Caire. Des hommes au coeur de lion jetés dans une arène d'une extrême hostilité. Des gladiateurs qui ont fait trembler 80 millions d'Egyptiens. Il fallait lire l'angoisse sur leurs mines défaites. Les images des télévisions en témoignent et l'histoire se chargera du reste. Ceux du 16 juin 1982 à Gijon, en Espagne, ont terrassé l'ogre allemand à la régulière. Ceux du 14 novembre 2009 ont fait face à des bêtes assoiffées de sang. Ils s'en sont sortis avec quelques bobos. Il n'y eut ni vainqueur ni vaincu au bout du compte. Il y eut tout simplement des Algériens sur le terrain, sur le banc de touche et dans les tribunes qui ont démontré qu'ils étaient des Hommes avec un grand H. L'explication ultime aura lieu à Khartoum...en terrain neutre. Nos ministres prendront le temps de nous concocter quelques chiffres comme ceux livrés dans la foulée de la fièvre qui s'est emparée de la rue algérienne. Pas pour cette raison. C'est à l'orée d'une certaine troisième qualification en Coupe du monde, pour le Mondial d'Afrique du Sud, qui sera acquise, certes au forceps, par Ziani, Saïfi, Meghni...qui ont forcé les «Pha-nf-arons» d'Egypte à une troisième manche, alors que ces derniers ne pensaient faire qu'une bouchée du Petit Poucet algérien, que le gouvernement, dans un laconique communiqué, faisait part de la création de 750.000 emplois, durant le premier semestre 2009. 4000 emplois par jour en moyenne selon un bilan rendu public le 10 novembre par l'Exécutif. 25.662 agents auraient été recrutés par la Fonction publique durant les neuf premiers mois de l'année en cours. Le directeur général de la Fonction publique venait de tacler le ministre de l'Education nationale. Ce dernier avait accusé les services de Djamal Kharchi d'être à l'origine des retards constatés en ce qui concerne l'organisation des concours de recrutement des enseignants. «Nous ne pouvons continuer sur cette lancée. Le comportement de la direction de la Fonction publique m'a causé beaucoup de problèmes. Je vais soulever cette question au sein du gouvernement et faire des propositions afin de mettre un terme à cette cacophonie», avait répondu Benbouzid à la question d'un membre du Conseil de la nation à la fin du mois d'octobre. Ce n'est certainement pas la dernière fois que des hauts commis de l'Etat se renvoieront la balle pour justifier leur inaction. Leur impuissance à gérer convenablement les affaires de la nation et le quotidien des citoyens. «Si vous avez des solutions miracles, nous sommes preneurs», avait répondu l'ex-chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, à un confrère qui l'interrogeait sur le phénomène des harraga. Le ministre de la Santé, quant à lui, continue de nous égrener une comptabilité ininterrompue des personnes atteintes de la grippe A en attendant le retour des milliers de pèlerins. 70 personnes sont décédées du virus de la grippe porcine en Arabie Saoudite. El Hachemi Djaâboub semble s'être avoué vaincu par la flambée des fruits et légumes et des viandes après qu'il ait renvoyé la balle aux services du ministre de l'Agriculture. Djamal Ould Abbès continue de faire fondre les chiffres du chômage comme neige au soleil. Le taux d'inflation a atteint 5,7% durant les neuf premiers mois de 2009 sous la pression de l'augmentation des produits alimentaires selon des chiffres très officiels de l'Office national des statistiques (l'ONS). Si l'Equipe nationale de foot a réussi l'exploit de forcer celle d'Egypte à une troisième manche qui s'annonce sous les meilleurs auspices, il n'est pas aussi sûr pour l'actuel staff gouvernemental de terminer avec le président de la République son troisième mandat. Il semblerait qu'un sursis soit accordé aux membres de l'Exécutif le temps d'en découdre avec les Egyptiens et savourer une qualification qui sera arrachée de haute lutte par des hommes au coeur de lion.