L'annonce en octobre de l'attribution de la prestigieuse récompense au 44e président des Etats-Unis, avait provoqué la surprise, voire l'incrédulité. Le président Barack Obama va devoir assumer son statut de «président de guerre» en recevant, demain à Oslo, le prix Nobel de la paix, peu après avoir décidé d'envoyer des dizaines de milliers de soldats supplémentaires combattre en Afghanistan. L'annonce en octobre de l'attribution de la prestigieuse récompense au 44e président des Etats-Unis avait provoqué la surprise, voire l'incrédulité. Au pouvoir depuis moins d'un an, M.Obama a hérité de deux guerres de George W.Bush et enregistré de maigres résultats en politique étrangère, malgré une politique de la main tendue envers des pays comme Cuba, l'Iran et la Corée du Nord, en nette rupture avec son prédécesseur. «La plupart des présidents américains doivent composer avec des conflits, voire des guerres. Mais ce que Obama a essayé de faire, c'est de s'engager sur une nouvelle voie en matière de politique étrangère, en mettant l'accent sur la coopération internationale, sur l'ONU, le dialogue, la négociation, la lutte contre le changement climatique et le désarmement et c'est cela qui est au coeur» de la décision du comité Nobel, a expliqué, lundi, le secrétaire du comité Nobel, Geir Lundestad, à la radio norvégienne NRK. Opposé à la guerre en Irak depuis le début mais convaincu que les opérations militaires en Afghanistan sont «nécessaires», M.Obama avait dit en octobre ne pas avoir l'impression d'avoir mérité le Nobel par rapport aux lauréats antérieurs. Il avait cependant ajouté qu'il accepterait cet honneur «comme un appel à l'action» contre le réchauffement climatique ou la prolifération nucléaire et pour la résolution des conflits. Mais depuis, M.Obama a aggravé son cas aux yeux des pacifistes en décidant, la semaine dernière, de déployer quelque 30.000 militaires en renfort en Afghanistan, portant le total à 100.000 soldats, près du triple de ce qu'était le contingent au début de son mandat en janvier. Le discours de remerciements qu'il doit prononcer jeudi à Oslo sera donc particulièrement attendu. M.Obama évoquera «évidemment (...) la coïncidence entre la remise du prix Nobel de la paix et la décision d'envoyer des renforts en Afghanistan», a déclaré lundi son porte-parole, Robert Gibbs. Interrogé à la Maison-Blanche sur le fait de savoir si le président recevrait le prix en tant que «président de guerre», M.Gibbs a répondu: «Exactement». De nombreuses organisations ont décidé de manifester jeudi à proximité de l'hôtel où séjournera M.Obama à Oslo, notamment pour protester contre l'engagement accru en Afghanistan. «Le Nobel de la paix crée des obligations. La décision d'envoyer des renforts en Afghanistan est triste et cynique et cela montre que Obama n'a pas pris la mesure de ses obligations», a expliqué Benjamin Endré Larsen, leader de Fredsinitiativet, un groupe d'organisations à l'origine du défilé prévu, où il a dit attendre 5000 personnes. «Nous estimons que Obama a reçu le prix de manière prématurée, mais maintenant qu'il l'a, il va falloir qu'il s'en montre digne», a-t-il ajouté. La police d'Oslo affirme qu'elle fera en sorte que tous les avis puissent s'exprimer à portée de vue de M.Obama. Mais elle a tout de même mobilisé 2000 de ses membres, y compris des tireurs d'élite et des équipes cynophiles, pour assurer la sécurité du président. Le gouvernement norvégien a débloqué un budget exceptionnel de 92 millions de couronnes (10,9 millions d'euros) pour les forces de sécurité déployées lors de la venue de M.Obama, soit 11 fois la somme remise au lauréat avec la médaille et le diplôme Nobel. M.Obama remettra la dotation de son prix à une organisation caritative dont le nom n'a pas encore été communiqué.