Neuf mois après son arrivée au pouvoir, le premier président noir américain voit sa politique innovante et d'ouverture consacrée par l'attribution, un peu surprenante, du prestigieux prix Nobel de la paix. A la surprise générale, le Comité norvégien du prix Nobel a décerné le Prix de la paix au premier président noir américain, Barack Hussein Obama. Prix auquel M.Obama, 48 ans, ne s'attendait pas du tout, qui a accueilli avec «humilité» la nouvelle, selon son porte-parole Robert Gibbs. Neuf mois donc après son arrivée à la Maison-Blanche, et dans le sillage de «l'obamania» qui a déferlé sur le monde, c'est le Comité Nobel qui se laisse séduire par le charisme d'un président qui a redonné une certaine aura aux Etats-Unis, largement malmenés par son prédécesseur au bureau Ovale, George W. Bush. Toutefois, nonobstant cette prestigieuse distinction, le président Obama fait néanmoins face à des conflits armés où son pays est directement impliqué, notamment en Irak et en Afghanistan dont la situation ne cesse de se détériorer. Dans un communiqué publié hier, le Comité Nobel justifie ainsi cette attribution du Nobel de la paix au président Obama en indiquant que «le Comité Nobel norvégien a décidé que le prix Nobel de la paix 2009 doit être attribué au président Barack Obama pour ses efforts extraordinaires en vue de renforcer la diplomatie internationale et la coopération entre les peuples». Le Comité est-il précisé «a attaché une importance particulière à la vision et aux efforts d'Obama pour un monde sans armes nucléaires. En tant que président, Obama a créé un nouveau climat dans la politique internationale», estime enfin le Comité Nobel. Il est vrai qu'après les années d'unilatéralisme de l'administration Bush, qui a au moins ouvert deux fronts de violence dans le monde en Afghanistan d'abord, en Irak ensuite, l'arrivée de Barack Obama qui préconisait une autre politique et stratégie américaines faisant naître beaucoup d'espoirs dans le monde. Espoirs confortés par une série de discours, dans lesquels le président Obama esquissait les lignes directrices de sa politique internationale. Ainsi, à Prague en avril dernier, il appela à un monde sans armes nucléaires, ou l'adresse qu'il fit aux Arabes et aux musulmans en juin à partir du Caire, lors de laquelle il démentit toute «guerre de civilisations» et s'engageant en revanche à redoubler d'efforts pour, singulièrement, essayer de «régler» le conflit israélo-palestinien. C'est sans doute cette vision novatrice des rapports entre les nations, qui ne fait plus des Etats-Unis le «nombril» du monde, ponctuée par des nombreux discours et déclarations, qui a fait pencher la balance en faveur de ce «néophyte» que reste néanmoins le président Obama. Ainsi, ce prix Nobel de la paix semble «récompenser» par avance Barack Obama, mettant de fait la pression sur l'hôte de la Maison-Blanche afin de tout faire pour consolider la paix dans le monde, notamment en mettant un terme au plus vieux conflit de la planète qui voit les Palestiniens spoliés de leurs droits depuis 60 ans. En attribuant le Nobel de la paix à M.Obama, le Comité norvégien met dès lors le président démocrate américain face à ses responsabilités: après l'exposé théorique de sa vision de la paix, il faut maintenant passer à la pratique. M.Obama croit, c'est évident, à la paix, il lui faut cependant y mettre tout son poids, revalorisé par le Nobel de la paix et celui des Etats-Unis pour que la paix deviennent une chose effective et non point un discours de circonstance. Cela dit, cette distinction du Nobel de la paix pour M.Obama a été très favorablement accueillie dans le monde alors que les félicitations affluaient de partout à la Maison-Blanche. Ainsi, l'une des premières à réagir a été la fondation Nelson Mandela, qui a estimé que le président américain doit désormais renforcer «son engagement, en tant que leader de la nation la plus puissante du monde, pour continuer de promouvoir la paix et la fin de la pauvreté». Chefs d'Etat et de gouvernement, leaders politiques, sociétés civiles se sont félicités de cette attribution qui est un «encouragement» pour tous ceux qui souhaitent un monde plus sûr, affirmait hier le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, au moment où la chancelière allemande, Angela Merkel, y voyait «une incitation» à faire encore plus pour la paix. Pour sa part, le président palestinien Mahmoud Abbas «espère que la paix prévaudra en Palestine et dans la région sous la présidence de M.Obama grâce à l'instauration d'un Etat palestinien avec comme capitale Jérusalem-Est (occupée par Israël en 1967)», a déclaré Saëb Erakat. Dix-neuf personnalités américaines, dont le dernier en date a été le vice-président Albert Arnold Gore en 2007 - comme Henri Kissinger en 1973, Martin Luther King Jr en 1964, le président Théodore Roosevelt en 1906 -, notamment ont été honorées du prix Nobel de la Paix, rappelle-t-on.