L'ancienne coqueluche du CR Belouizdad, Hocine Yahi, qui a marqué sa génération par sa technique hors pair et son éducation exemplaire sur et en dehors du terrain, estime qu'il serait plus sage de ne pas trop s'étaler à commenter les choix du staff national, en ce moment bien précis. Fort de son vécu en tant que joueur et entraîneur, Yahi, l'un des rares joueurs algériens, si ce n'est le seul, à avoir pris part à deux Coupes du monde dans deux catégories différentes (juniors 1979 et seniors 1982), ajoute qu'il ne servait à rien de spéculer sur l'apport de tel ou tel élément. L'Expression: Tout d'abord, pouvez-vous revenir brièvement sur votre première participation dans une phase finale de Coupe du monde? Hocine Yahi: Pour ma part, cela remonte à l'année 1979 à Tokyo. Ce Mondial junior constituait un exploit historique pour l'Algérie indépendante. Cela ne doit pas être ignoré. Il y avait en place des joueurs exceptionnels et un staff technique de qualité qui a réussi à monter un groupe de joueurs très solidaires et surtout compétitifs au niveau mondial. Parlez-nous de la qualification pour ce Mondial, elle s'est réalisée comment? Ce n'était pas facile de se dégager de cette campagne qualificative. On avait joué l'Ethiopie avec toutes les difficultés de l'altitude qu'il fallait gérer. Ensuite, il y avait une équipe de Tunisie, très performante qu'on a pu écarter dans la douleur. En somme, nous étions très doués, et notre participation à ce Mondial junior aura été une réussite puisque nous avons atteint les quarts de finale. Ce qui constituait un exploit. Vous avez atteint les quarts de finale et beaucoup de jeunes ne le savent pas, racontez-nous tout cela? C'est vrai, on a tendance à oublier que cette phase finale était riche en enseignements pour l'Algérie qui a pu, trois années après, se qualifier à la Coupe du monde seniors en Espagne. On était dans un groupe huppé, composé de l'Espagne qu'on a battue, le Japon et le Mexique qu'on a pu tenir en respect en leur imposant un méritoire résultat nul. Ce qui nous a d'ailleurs permis de passer en quarts de finale pour affronter l'Argentine de Diego Maradona et de son entraîneur Cesar Menotti. On a été éliminés certes mais c'était avec les honneurs et sans regrets car finalement, les Argentins ont fini champion du monde. Et si on revenait à votre participation à la Coupe du monde 1982 en Espagne? Elle fut aussi historique et inoubliable pour le pays avec une victoire contre l'ogre allemand et une honorable participation malgré tout. Il y avait de la qualité, et ce n'était pas du tout facile pour un jeune comme moi de s'imposer comme un élément de base de l'EN à l'époque mais c'était très enrichissant comme expérience en vue d'une autre participation à la Coupe du monde joué à Mexico en 86. Malheureusement, ça n'a pas été le cas pour moi. C'est-à-dire? Vous savez, j'avais de grandes ambitions de jouer un autre Mondial en 1986 mais finalement, je n'ai pas été retenu pour des raisons que j'ignore toujours. Je me souviens avoir contribué grandement à la qualification de l'Algérie avec des passes décisives qui nous ont permis de gagner des matches difficiles mais bon! on ne peut pas refaire l'histoire. Si l'on comprend bien, il y a eu des joueurs qui ont été appelés en renfort pour prendre votre place, c'est bien cela? Vous savez, lorsqu'un joueur très fort intègre la sélection, cela ne doit pas être contesté. C'est la loi du football, il y a des critères bien précis qui permettent de choisir les meilleurs dans chaque poste, mais pour ma personne, j'avais le sentiment que ce n'était pas le cas. Et c'est ce qu'il faut absolument éviter lors du prochain Mondial sud-africain. Justement, il y a le renfort Lacen qui a fait couler beaucoup d'encre et de salive, votre avis là-dessus? Je ne peux vraiment pas me prononcer à ce sujet. Vous m'excusez, mais il y a un entraîneur en place qui maîtrise bien son travail, donc, je m'abstiens de donner mon avis. Toutefois je peux dire que l'EN n'est la propriété de personne donc, les meilleurs doivent être retenus en toute objectivité, loin de tout choix partisan. Je veux aussi mettre en garde, certains anciens amis contre toute interférence directe ou indirecte qui viendrait froisser le staff en place et l'influer dans son choix. Saâdane sait ce qu'il fait, alors, mieux vaut le laisser travailler tranquillement. Un mot sur le groupe de l'Algérie en Coupe d'Afrique? C'est une poule relativement équilibrée. À mon avis, le Malawi qui reste une équipe inconnue pour nous, ne doit pas être sous-estimé. L'équipe de l'Angola n'est aussi, pas facile à manier chez elle. Les matchs de football en Afrique, sont toujours difficiles à aborder donc, on doit s'armer d'un maximum de vigilance et de prise de conscience. Le Mali, est un adversaire connu. Avec son armada de joueurs professionnels de bon niveau, il va constituer un véritable test pour l'Algérie dans cette CAN 2010. Pensez-vous que l'Algérie doive se dépasser pour gagner cette Coupe d'Afrique? Ecoutez, après sa brillante campagne en éliminatoires, l'Algérie a repris son statut de grand d'Afrique. N'oubliez pas, nous sommes un pays de football, on ne doit, par conséquent, en aucun cas, se permettre de se contenter d'une participation. Le challenge est important et j'appelle, avec votre permission les analystes qui versent dans des discours triomphalistes, à faire preuve d'un peu de retenue. C'est vrai que nous possédons une équipe très forte individuellement mais cela n'explique pas cet optimise démesuré affiché par certains. En d'autres termes, il faut éviter de mettre la pression sur ce groupe qui a besoin de sérénité pour progresser. Peut-on comprendre, que cette CAN sera difficile et pénible pour l'Algérie? Je n'ai pas dit cela mais croyez-moi, ça ne sera pas une sinécure aussi. Les équipes africaines ont beaucoup progressé et mon expérience m'a appris que la surprise dans ce genre de tournoi, n'est toujours pas à écarter. Personnellement, je suis de ceux qui croient qu'un match ne se gagne pas, ailleurs que sur un terrain de football. Faut-il alors sacrifier la CAN pour se consacrer à la Coupe du monde? Non, c'est un raisonnement erroné. Cette échéance de Coupe du monde reste loin par rapport à la CAN bien entendu. Je dirais qu'une bonne représentation en Coupe du monde passe par une brillante Coupe d‘Afrique. Il faut seulement être rationnel et tracer des objectifs réalistes qui cadrent avec notre véritable potentiel humain. C'est pour dire que le tournoi africain sera très important pour l'Algérie L'Angleterre, les USA et la Slovénie, ce n'est pas simple d'émerger de ce groupe, non? C'est clair, si ces équipes sont arrivées à arracher leur billet pour la Coupe du monde, c'est qu'elles ont des qualités à faire valoir. Il ne faut pas perdre de vue que l'Angleterre, tout comme les USA, présentent en matière de statistiques, des chiffres à prendre très au sérieux. Cela sans parler de la qualité de classe mondiale des joueurs qui constituent ces deux équipes. La Slovénie a sorti la Russie de Hiddink. Cette nation qui pratique un football porté vers l'attaque, se présente aussi comme un sérieux client. Cela étant, nos chances restent tout de même jouables mais il faut tout simplement penser à bien préparer ce rendez vous. Pour terminer, on a appris que le CRB pense à vous engager comme successeur de Yaïche, une confirmation? C'est exact. Je viens juste de recevoir un appel officiel de la part d'un dirigeant de mon ancien club, le CRB. Il m'a clairement signifié que le Chabab me voulait. Les discussions n'ont pas atteint un stade avancé, vous serez informé dès que ces contacts avanceront.