Une autre mission délicate attend les Bavarois appelés à rectifier le tir après leur surprenante défaite à domicile en championnat. Le Bayern Munich, qui accueille ce soir Manchester United en quart de finale aller de Ligue des champions, reste hanté par le souvenir de son improbable défaite face au même adversaire dans le temps additionnel de la finale 1999 (2-1). Le géant bavarois a pourtant depuis recroisé la route de Manchester United, prenant même sa revanche en 2001 lors des quarts de finale, mais pour l'ancien gardien du Bayern Oliver Kahn, il y a bien un avant et un après 1999. «C'est la mère de toutes les défaites. Grâce à elle, j'ai pris toutes les autres déceptions que j'ai connues après dans ma vie avec le sourire», a reconnu «King-Kahn» qui a, de son propre aveu, mis 18 mois et une «petite dépression» pour digérer ce revers. Ce 26 mai 1999 à Barcelone, Kahn et ses coéquipiers pensaient avoir mis fin à deux décennies d'échecs répétés du Bayern en C1. Les Bavarois ont ouvert la marque dès la 6e minute sur un coup franc magnifiquement enroulé par Mario Basler et gèrent sans mal leur avance quand le quatrième arbitre brandit le panneau signalant que trois minutes de temps additionnel vont être jouées. Recroquevillés en défense, les joueurs d'Ottmar Hitzfeld concèdent un corner sur un centre sans grand danger de Gary Neville. Tous les joueurs de ManU, le gardien de but Peter Schmeichel inclus, se ruent dans la surface de réparation allemande. Le centre de David Beckham ne donne rien, mais le ballon parvient dans l'axe à Ryan Giggs qui tente un tir de 25 m. Le Gallois écrase sa frappe, mais elle arrive jusqu'à Teddy Sheringham qui fusille à bout portant Kahn. Les joueurs du Bayern sont assommés. Ils n'ont encore rien vu. Les Anglais récupèrent le ballon rapidement après l'engagement et obtiennent un nouveau corner. Beckham trouve cette fois la tête de Sheringham, trop faible pour atteindre le cadre, mais Ole-Gunnar Solskjaer devance Kahn et ses défenseurs pétrifiés. Quelques secondes plus tard, au coup de sifflet final, les onze joueurs du Bayern s'effondrent, comme un seul homme. Lothar Matthaüs, qui disputait à 38 ans sa dernière grande finale, est hagard. Bien après, dans les couloirs du Camp Nou, Alex Ferguson croise Hitzfeld et résume le retournement de situation le plus retentissant de l'histoire du football d'un seul mot: «Désolé.»