Le Conseil de sécurité a adopté à l'unanimité la résolution 1920 qui prolonge jusqu'au 30 avril 2011, le mandat de la Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental. La France s'est farouchement opposée à ce que le conseil de sécurité dote la Minurso d'un mécanisme de supervision des droits de l'homme. Le premier ministre sahraoui n'a pas attendu la publication de la nouvelle résolution pour le dénoncer. «La position française bloquant la revendication du peuple sahraoui sur l'élargissement du mandat de la Minurso au contrôle et la surveillance des droits de l'homme au Sahara occidental, est incompréhensible», avait affirmé Abdelkader Taleb Omar qui ne se faisait pas trop d'illusion sur l'impartialité de Paris. Quoi de neuf alors dans le texte parrainé par l'Espagne, les Etats-Unis, la Fédération de Russie, la France et le Royaume-Uni? Absolument rien. La résolution 1920 ressemble comme deux gouttes d'eau aux résolutions 1813 de 2008 et 1871 de 2009. «Le Conseil demande aux parties de poursuivre les négociations sous les auspices du Secrétaire général, sans conditions préalables et de bonne foi, en tenant compte des efforts faits depuis 2006 et des faits nouveaux survenus depuis, en vue de parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui pourvoit à l'autodétermination du peuple du Sahara occidental», indique le projet de résolution oralement amendée. Si cette dernière garantit sans équivoque l'option de l'autodétermination au peuple sahraoui, elle a cependant fait fi des préoccupations du Front Polisario et du président de la Rasd concernant les violations des droits de l'homme dans les territoires occupés et de la situation dramatique dans laquelle se trouvent les détenus politiques sahraouis dans les prisons marocaines. Ban ki-moon régulièrement informé par les responsables sahraouis avait omis d'y faire mention dans le dernier rapport qu'il avait adressé au conseil de sécurité des Nations unies. Il est de notoriété publique que la pression exercée par les grandes puissances au niveau de ce dossier ont freiné les ardeurs du secrétaire général et l'ont poussé à inoculer moins d'objectivité à ce conflit qui dure depuis plus de trente-cinq ans. Une position aiguillonnée par la France qui trouve dans l'occupation du Sahara occidental par le Maroc, des réflexes néocolonialistes, le prolongement des négociations qui ont mené l'Algérie à son indépendance et réveillé le souvenir pénible des pertes de ses anciennes colonies. Des conflits qui se sont terminés dans la douleur comme une grossesse qui n'a pas été menée à terme. Un rôle qui, aujourd'hui encore, lui sied à merveille et relèverait plutôt du domaine de la psychanalyse. Le soutien de la France au projet d'autonomie marocain est clairement affiché, mais il ne représente sans aucun doute qu'une étape dans le long processus qui mènera le peuple sahraoui à son indépendance. «Prenant la parole à l'issue du vote, le représentant de la France a indiqué que le statu quo n'est pas acceptable à long terme. Il a rappelé l'importance de la proposition d'autonomie, avancée par le Maroc en 2007, qui forme, de l'avis de la France, une base de négociations viable pour parvenir à un accord», fait savoir le rapport du conseil de sécurité. Une position qui n'a pas changé d'un iota depuis des années. «Ma délégation veut aussi rappeler, alors que les négociations doivent reprendre, l'importance de la proposition d'autonomie avancée par le Maroc en 2007 et qui, à nos yeux, forme une base de négociation crédible, ouverte, constructive et respectueuse du principe d'autodétermination et mérite donc un examen très attentif des différentes parties», avait déclaré en avril 2009 Jean-Maurice Ripert, le représentant permanent de la France auprès des Nations unies. Un parti pris vigoureusement dénoncé par une centaine d'élus français en visite à Dakhla qui ont appelé le Secrétaire général de l'organisation des Nations unies à soutenir la revendication sahraouie qui consiste à créer un mécanisme de surveillance et de protection des droits de l'homme dans les territoires sahraouis occupés. «L'attitude du gouvernement français face à cette question est opposée aux valeurs et à l'histoire de la France. Nous attendons de la France une meilleure position, aujourd'hui (vendredi Ndlr), au Conseil de sécurité», a notamment souligné le maire de Villeneuve sur Yonne, M.Curil Boulleaux qui, de toute évidence, n'a pas été entendu. Il faudra encore attendre... pour que le coeur de la capitale française devienne sensible aux cris de détresse du peuple sahraoui.