Le Conseil de sécurité vient d'examiner le conflit du Sahara occidental comme il le fait depuis de septembre 1991, soit depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu, première étape, disait-on à l'époque, de l'application du fameux plan de paix onusien. Il a adopté une nouvelle résolution gardant en tête toutes les précédentes. En d'autres termes, les référents sont l'autodétermination du peuple du Sahara occidental dans le cadre d'un référendum libre et sans entraves. Voilà donc le principe de ce nouveau texte, alors que l'ONU a pris acte du blocage du processus de paix, malgré ses appels incessants depuis le mois d'avril 2007 pour des négociations directes, sans le moindre préalable et en vue de l'autodétermination du peuple sahraoui. Rien de plus clair. Et jeudi, lors de sa réunion régulière qui intervient alors que la question sahraouie est portée dans différents forums et que de nombreuses parties dans des Etats et des ONG (organisations non gouvernementales) demandent des enquêtes sur les violations des droits de l'homme dans les territoires occupés ou encore la publication du rapport établi par une mission des Nations unies après une enquête sur le terrain, le Conseil de sécurité n'a en fin de compte pas innové, ou à l'inverse diront les analystes, n'a pas changé de position. Il a ainsi de nouveau demandé aux parties en conflit (Maroc et Front Polisario) de poursuivre « sans conditions préalables » leurs négociations sous l'égide de l'ONU sur l'avenir du Sahara-Occidental. Il a fait cette demande dans sa résolution 1871, adoptée à l'unanimité de ses quinze membres et qui reprend quasiment mot pour mot les termes de sa résolution 1813 du 30 avril 2008. La résolution proroge jusqu'au 30 avril 2010 le mandat de la Mission de l'ONU pour l'organisation d'un référendum au Sahara-Occidental (Minurso), qui arrivait à expiration. Le Conseil demande aux parties de « poursuivre les négociations sous les auspices du secrétaire général (Ban Ki-moon), sans conditions préalables et de bonne foi, en tenant compte des efforts réalisés depuis 2006 ». Il souligne que ces pourparlers doivent viser à « parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui pourvoie à l'autodétermination du peuple du Sahara-Occidental ». Le Conseil accueille favorablement la suggestion du nouvel émissaire de M. Ban pour le Sahara-Occidental, Christopher Ross, que les parties tiennent « des discussions informelles préparatoires à une cinquième session des négociations ». M. Ross a effectué en février une première tournée dans la région, dont il est ressorti que les conditions d'une reprise des pourparlers directs à Manhasset, dans la banlieue de New York, n'étaient pas réunies tant les positions sont éloignées, d'où cette suggestion de discussions préparatoires. Quatre séries de négociations à Manhasset n'ont pas permis de rapprocher les points de vue. La résolution 1871 a donné lieu à des négociations serrées sur le thème des droits de l'homme. Le Polisario a demandé, en vain, l'insertion d'un paragraphe chargeant M. Ban de doter la Minurso de compétences en matière de droits de l'homme afin d'observer la situation dans les territoires sous occupation marocaine. Certaines délégations, dont la France, s'y étant opposées, le texte ne comporte qu'une mention vague par laquelle le Conseil « souligne l'importance que des progrès soient effectués dans la dimension humaine du conflit ». Ce qui est peu au regard des multiples témoignages. Effectivement, plusieurs organisations internationales ainsi que des délégations officielles mandatées par le Haut commissaire des Nations unies chargé de droits humains et par le Parlement européen « ont tour à tour demandé à l'Onu d'établir un mécanisme au Sahara-Occidental dans le cadre de la Minurso pour l'observation et la protection des droits humains dans l'attente d'une solution juste et définitive du conflit », c'est ce qu'a rappelé une source sahraouie. « On se demande pourquoi le Sahara-Occidental fait toujours exception à la règle générale », a-t-on ajouté de même source. Toute la question est là, avec d'évidents parti-pris, contre tout bon sens.