La décision est officielle. Elle prendra effet à partir du mois prochain. Plus d'un demi-million de travailleurs sont concernés par ces hausses conséquentes. Une conférence de presse conjointe a été animée, hier, au Palais du gouvernement, par Tayeb Louh, ministre du Travail et de la Protection sociale, et Salah Djennouhat, secrétaire national chargé de l'organique au sein de l'Ugta. Cette rencontre avec les journalistes a pour objectif de livrer officiellement à l'opinion les résultats de la bipartite qui a eu lieu lundi et mardi au siège du département de Ali Benflis. Même si quatre points étaient à l'ordre du jour, celui qui a accaparé toute l'attention des intervenants, on s'en doute, concerne les augmentations dans les salaires, officiellement décrétées mardi par le chef de l'Etat et devant prendre effet dès le 1er du mois prochain. Les chiffres qui vont suivre sont tous des hausses nettes, c'est-à-dire non déductibles d'impôts. Dans le secteur de l'éducation, étalé entre le primaire et le secondaire, elle varient entre 2260 et 2906 dinars. Le personnel d'intendance, lui, bénéficie d'une hausse de 1525 dinars. Les enseignants du supérieur, qui se taillent la part du lion, verront leurs traitements mensuels revus à la hausse à concurrence de 7500 jusqu'à 13.377 dinars. Les praticiens de la santé, eux, bénéficieront d'augmentations variant entre 6000 et 7200 dinars. L'incidence financière de ces mesures exceptionnelles sera de 29,55 milliards de dinars, ce qui représente un chiffre appréciable. Pour ce qui est des travailleurs dont les salaires dépasseraient les 15.000 dinars à la suite de hausses, aucune inquiétude n'est à se faire par rapport à la réduction des allocations familiales, devant être réduites de moitié selon la loi. Les pouvoirs publics, sur insistance de la Centrale, ont trouvé la loi idoine permettant de maintenir en l'état ces droits sociaux. L'officialisation de ces mesures, toutefois, montre que ce ne sont pas tous les employés de la Fonction publique qui ont été touchés par ces mesures. Les travailleurs des collectivités, les éboueurs et même les gardiens des établissements éducatifs et sanitaires, et même ceux des finances affiliés à la Fonction publique ont été exclus de ces mesures alors qu'ils sont les plus atteints par cette paupérisation grandissante. D'où les remarques de certains observateurs que ces mesures d'urgence auraient surtout cherché à calmer les secteurs les plus en ébullition afin de garantir une rentrée sociale et des élections sereines. A cette question, le ministre a tenté de démontrer qu'«un secteur comme la santé est prioritaire à plus d'un titre aux yeux des pouvoirs publics, nécessitant donc d'être pris en ligne de compte en premier chef». Le représentant de l'Ugta, de son côté, a abondé dans le sens de la remarque, précisant que «ces hausses, aussi importantes soient-elles, sont jugées insuffisantes par la Centrale. A ce titre, un groupe de travail a été mis en place en vue de prendre en charge dans les délais les meilleurs le restant des secteurs d'activités de la Fonction publique». D'autres bonnes nouvelles, pour d'autres fonctionnaires sont donc à escompter dans les prochains mois. Cela paraît d'autant plus plausible que le ministre, explicitant le geste du Président, a indiqué qu'«au regard de l'actuelle embellie financière, qui a toutes les chances de s'inscrire dans la durée, il était devenu nécessaire de redonner corps à la fameuse couche moyenne qui faisait, jadis la fierté de l'Algérie, qui constitue la colonne vertébrale de la société et qui est un garant d'une bonne stabilité sociale». S'agissant des autres secteurs d'activités, notamment industriels et privés, de bonnes surprises sont également en chantier selon toute vraisemblance puisque la prochaine tripartite devrait se pencher sur une hausse du Snmg. S'agissant des autres questions, à savoir le statut général de la Fonction publique et la réforme de la sécurité sociale, les mesures déjà annoncées dans nos précédentes éditions ont été maintenues. En revanche, il est question, selon le ministre du Travail, d'encourager la production de médicaments, notamment génériques, mais aussi de mener une lutte sans merci contre l'évasion fiscale produite par les importateurs de ce produit hautement stratégique.