Les propriétaires de citernes alimentant la population de la région d'Ahl Leksar ont occupé le siège de la commune. Dans notre édition de lundi, nous avons rapporté les difficultés des citoyens de la région nord de la wilaya, engendrées par le manque d'eau. Malgré les efforts gigantesques consentis par les pouvoirs publics pour résoudre ce problème avec la réalisation de deux barrages, Koudiet Asserdoun et Tilesdit, l'impact tarde à se faire sentir. Alors que l'eau transférée depuis Koudiet Asserdoun alimente la commune de Mechtras, wilaya de Tizi Ouzou, la crise en période estivale est aiguë et concerne plus des deux tiers de la wilaya si on excepte les agglomérations de Bouira, Aïn Bessem et à un degré moindre M'chedallah. Partout, l'eau est rare dans les robinets malgré le potentiel en eaux souterraines immense et la disponibilité du produit. Les responsables expliquent cette contradiction par plusieurs facteurs: La vétusté des canalisations, l'inexistence d'un schéma directeur de wilaya pour l'eau et le retard observé dans la réalisation des projets d'adduction. Cependant, les habitants de la ville de Lakhdaria où est implanté le barrage Koudiet Asserdoun, à titre indicatif, reçoivent l'eau une fois par jour pour l'ancienne ville et une fois tous les trois jours pour les habitations érigées sur les hauteurs de la Nouvelle-Ville. Plus au sud et précisément dans la localité d'Ahl Leksar, le robinet coule une fois par quinzaine. A quelques encablures, de grosses canalisations alimentent Sidi Aïssa à partir de Tilesdit. Devant l'urgence vitale, les citoyens font appel à des privés qui, à l'aide de citernes, atténuent leurs souffrances. La décision des élus d'interdire aux transporteurs propriétaires de citernes de doter les citoyens en eau moyennant 500 dinars la citerne, décision prise en raison, selon le premier magistrat de la ville, d'un problème de santé publique, a amené des propriétaires de tracteurs de la région d'Ahl Leksar à occuper le siège de la commune. En effet, craignant le développement des épidémies et les risques de MTH, les élus ont décidé de mettre fin à l'anarchie qui règne, surtout que les vendeurs puisent l'eau partout sans aucune précaution sanitaire. La décision n'a pas été du goût des transporteurs qui ont alors bloqué le siège de l'APC sous prétexte que cette activité est leur unique source de revenus. Précisons que la région sud-est de la wilaya connaît annuellement, notamment en été, une grande sécheresse. L'alimentation à partir du barrage Tilesdit, en voie de réalisation, reste l'unique solution pour résoudre définitivement le manque d'eau. En attendant de trouver une issue au conflit, la commune a réquisitionné tous les moyens roulants en sa possession pour alimenter en eau les citoyens. Le citernage privé ne sera toléré que pour la construction ou l'irrigation. Paradoxalement à cette situation de crise, au chef-lieu de wilaya, l'eau coule à flots dans certaines rues en raison de fuites sur le réseau de distribution que l'ADE tarde à réparer.