Mercredi dernier, le Washington Post avait rapporté que les taliban et le gouvernement afghan avaient entamé des pourparlers secrets de haut niveau sur les moyens de mettre fin à la guerre par la négociation. Le président afghan Hamid Karzaï a confirmé, dimanche soir, mener «depuis un bon moment» des pourparlers secrets avec les taliban dans le but de mettre fin à la guerre dans son pays, qui dure depuis neuf ans, dans une interview à la chaîne américaine CNN. «Nous avons parlé avec les taliban de compatriote à compatriote», a dit Hamid Karzaï au présentateur vedette Larry King sur CNN, qui lui demandait son avis sur un article du Washington Post faisant état de «pourparlers secrets de haut niveau», entre les taliban et le gouvernement afghan. «Il ne s'agit pas d'un contact officiel régulier avec les taliban, avec une adresse fixe, mais plutôt de contacts personnels non officiels, qui ont lieu depuis un bon moment», a-t-il déclaré, selon des extraits révélés dimanche de cette interview qui devait être diffusée hier. Mercredi dernier, le Washington Post avait rapporté que les taliban et le gouvernement du président Karzaï avaient entamé des pourparlers secrets de haut niveau sur les moyens de mettre fin à la guerre par la négociation. «Maintenant que le conseil pour la paix existe, ces pourparlers vont continuer de façon officielle et plus rigoureuse, je l'espère», a ajouté le président Karzaï sur CNN, faisant référence au Haut conseil pour la paix, destiné à ouvrir le dialogue avec les insurgés. Formé de: 8 membres choisis par le président Karzaï, ce conseil a été crée par une conférence nationale en juin et inauguré le 7 octobre dernier. Dimanche, l'ancien président afghan Burhanuddin Rabbani a été élu à sa tête. Le président Karzaï a souligné sur CNN qu'il n'y avait «pas de contact officiel avec une entité reconnue qui se rapporterait à un organe des taliban et ferait le va-et-vient régulièrement avec nous». «Cela ne s'est pas encore produit et nous espérons que nous allons pouvoir démarrer cela le plus tôt possible», a-t-il ajouté. «Mais des contacts ont eu lieu bien sûr avec plusieurs éléments du gouvernement afghan, au niveau de la communauté et aussi au niveau politique», a assuré M.Karzaï. Selon le Washington Post, parmi les sujets abordés lors des pourparlers figurent l'octroi de postes au gouvernement pour des dirigeants taliban et le retrait des forces américaines et des autres pays de l'Otan. Les représentants du réseau radical Haqqani, visés récemment par les raids de drones américains, n'ont pas participé aux pourparlers, selon le journal. Interrogé sur ces informations, le porte-parole de la Maison-Blanche, Robert Gibbs, avait refusé de se prononcer directement mais indiqué que les Etats-Unis soutenaient la perspective d'un dialogue entre les taliban et le gouvernement Karzaï. Par ailleurs, le président Karzaï a assuré qu'il n'était pas maniaco-dépressif, ainsi que l'a rapporté le célèbre journaliste américain Bob Woodward dans son dernier ouvrage «Obama's Wars» (Les guerres d'Obama), citant des sources du renseignement américain qui soupçonnent le président afghan d'être atteint de cette pathologie. «Oh non, certainement pas. (Je trouve cela) plutôt amusant», a répondu en riant le président Karzaï, qui a ajouté qu'il prenait des vitamines et quelques autres médicaments courants contre les maux de crâne.