Pour que le message soit clair, le ministre des Ressources en eau a tenu à souligner que l'Algérie n'a pas besoin de tendre la main pour réaliser ses projets. Le ministre des Ressources en eau. Abdelmalek Sellal, a mis à profit sa visite aux Etats-Unis pour asséner quelques vérités à partir de Washington. «On a ouvert les portes (de notre économie) et des truands y sont entrés», a ainsi déclaré M.Sellal au sujet de l'investissement étranger en Algérie. S'exprimant lors d'une rencontre organisée jeudi soir par le Conseil d'affaires algéro-américain (Usabc) et l'ambassade d'Algérie à Washington, le ministre des Ressources en eau n'a pas hésité à asséner quelques vérités sur la nature des investisseurs étrangers. «Notre pays avait décidé de sortir d'un système politique et économique dirigé et d'opter pour l'économie de marché», a-t-il rappelé en déplorant le manque de sérieux de certains opérateurs économiques nationaux et étrangers. Cet aveu qui émane d'un haut responsable algérien - connu pour être l'homme de confiance du chef de l'Etat - est un signal fort adressé aux parties concernées. Certes, le gouvernement a affiché, à plusieurs reprises, sa déception quant à la faiblesse des IDE, mais M.Sellal a «craché» le morceau en parlant carrément de «truands». Le choix de l'homme et celui de l'endroit sont loin d'être fortuits. Connu par son franc-parler, M.Sellal n'y est pas allé avec le dos de la cuillère pour afficher clairement le jeu trouble des certains opérateurs étrangers. Si le climat des affaires en Algérie s'est envenimé, la responsabilité n'incombe pas uniquement au gouvernement mais également aux investisseurs étrangers. Faisant allusion à la corruption et aux mauvaises pratiques dans l'octroi des marchés de gré à gré, le ministre a laissé entendre que les opérateurs sont loin d'être des saints. Beaucoup d'investisseurs ont été malhonnêtes dans leurs processus de développement des activités et de leurs gains. Faisant un état des lieux, M.Sellal n'a pas omis de revenir, dans ce sens, sur les nouvelles orientations économiques qui ont mené, selon lui, certains milieux d'affaires à prétendre qu'il y avait des difficultés à investir en Algérie, montrant du doigt les pays européens. Avant de fermer la parenthèse, le ministre a bel et bien précisé que l'Algérie «veillera à appliquer la réglementation» en vigueur en matière d'investissements étrangers. Pour que le message soit clair, le ministre a tenu à souligner que l'Algérie n'a pas besoin de tendre la main pour réaliser ses projets. «L'Algérie a non seulement toutes les capacités financières pour réaliser ce programme quinquennal, mais elle a, aussi, constamment honoré ses engagements financiers dans ses contrats avec ses partenaires», a-t-il rappelé. En apportant cette précision devant les Américains, M.Sellal a remis les pendules à l'heure. L'Algérie ne fait pas l'aumône et n'est pas un mauvais payeur. Le ministre des Ressources en eau s'est longuement attardé sur la présentation du nouveau programme quinquennal 2010/2014 doté d'une enveloppement de 286 milliards de dollars. S'adressant aux opérateurs américains, M.Sellal a indiqué: «Le marché algérien vous est ouvert sur l'ensemble des secteurs d'activité pour lesquels des budgets publics importants sont affectés. Nous avons besoin de savoir-faire et des équipements des compagnies américaines.» Mieux encore, le ministre n'a pas été tendre avec les partenaires traditionnels du pays en affirmant: «L'Algérie n'est pas un marché pour quelques pays européens.» Autrement dit, l'Algérie n'est pas la propriété de certains pays qui continuent à vouloir jouer les protectorats et elle refuse de dépendre d'un seul pays pour acquérir le savoir-faire. Ce message intervient au moment opportun où les délégations d'hommes d'affaires et des responsables des différents pays défilent à tour de rôle à Alger. M.Sellal a balayé toutes les ambiguïtés en expliquant les règles du jeu, une bonne fois pour toutes. Un message qui ne passera pas inaperçu pour la France qui s'apprête à dépêcher l'ancien Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, chargé par le président français Nicolas Sarkozy d'une mission sur la coopération économique avec l'Algérie ainsi que le développement des investissements dans les deux pays. Axant, d'autre part, son propos sur son secteur, le ministre a présenté succinctement les projets prévus par le programme quinquennal 2010-2014 en appelant les compagnies américaines à s'engager davantage avec les sociétés algériennes, qu'elles soient publiques ou privées, à travers un «partenariat gagnant-gagnant». Sur ce point, il a même proposé une piste de partenariat pour la réalisation de ces projets où les 51% sont détenus par le partenaire algérien, le reste par la firme américaine mais tout en bénéficiant du management du projet et de l'exportation de son savoir-faire et de ses équipements au partenaire algérien. «A vous d'être entreprenants», a-t-il lancé aux dirigeants des sociétés américaines présents à cette rencontre.