Le ministre des Ressources en eau, Abdelmalek Sellal, a indiqué à Washington que l'Algérie avait besoin du savoir-faire et des équipements des sociétés américaines et qu'elle n'était pas un marché pour quelques pays européens.M.Sellal a, lors d'une rencontre organisée par le Conseil d'affaires algéro-américain (USABC) et l'ambassade d'Algérie à Washington, expliqué le contexte économique actuel de l'Algérie et ce qui est attendu des investisseurs étrangers. Usant de son franc-parler habituel devant un parterre de dirigeants d'une quarantaine de firmes américaines activant dans le secteur de l'hydraulique, le ministre a abordé le programme des investissements publics 2010-2014 d'un montant global de 286 milliards de dollars, et les changements que les autorités algériennes avaient introduites en 2009 dans les textes législatifs et réglementaires régissant les investissements étrangers qui ont amené certains milieux d'affaires, a-t-il relevé, à prétendre qu'il y avait des difficultés à investir en Algérie. A ce propos, il a rappelé que le pays avait décidé de sortir d'un système politique et économique dirigé et d'opter pour l'économie de marché. Or, a-t-il indiqué, ''on a ouvert les portes (de notre économie) et des truands y sont entrés''. Réaffirmant que l'Algérie ''veillera à appliquer la réglementation'' en vigueur en matière des investissements étrangers, M. Sellal a souligné qu'elle a non seulement toutes les capacités financières pour réaliser ce programme quinquennal, mais qu'elle a, aussi, constamment honoré ses engagements financiers dans ses contrats avec ses partenaires. ''Le marche algérien vous est ouvert sur l'ensemble des secteurs d'activités pour lesquels des budgets publics importants sont affectés. Nous avons besoin de savoir-faire et des équipements des compagnies américaines. L'Algérie n'est pas un marché pour quelques pays européens'', a souligné M. Sellal. S'exprimant sur le secteur des Ressources en eau en particulier, le ministre a présenté uccinctement les projets prévus par le programme quinquennal 2010-2014 en appelant les compagnies américaines à s'engager davantage avec les sociétés algériennes, qu'elles soient publiques ou privées, à travers un ''partenariat gagnant-gagnant''. Sur ce point, M. Sellal a proposé une piste de partenariat pour la réalisation de ces projets où les 51 pc soient détenus par le partenaire algérien, le reste par la firme américaine mais tout en bénéficiant du management du projet et de l'exportation de son savoir-faire et de ses équipements au partenaire algérien. ''A vous d'être entreprenants'', a-t-il lancé aux dirigeants des sociétés américaines présents à cette rencontre. A rappeler, justement, que le code des marchés publics dispose que désormais, toute entreprise étrangère désireuse de soumissionner pour un contrat public de biens ou de services en Algérie, devra accompagner son offre d'une proposition de participation à la modernisation d'une entreprise algérienne. L'intervention de M. Sellal a été suivie par deux exposés détaillés présentés respectivement par le directeur général de l'Agence nationale des ressources hydrauliques (ANRH), Rachid Taibi, sur les nouveaux projets en ressources en eau, et par les responsables de la firme américaine AECOM, activant en Algérie depuis 1978, spécialisée dans l'engineering et les services dans le domaine hydraulique, qui ont présenté leur expérience en Algérie et à travers le monde. Questionné par l'APS en marge de cette rencontre sur la perception des responsables politiques et économiques de l'administration américaine, qu'il a rencontrés au cours de son séjour à Washington, vis-à-vis du dispositif national des investissements étrangers, M. Sellal a répondu qu'il avait constaté que ces derniers ''demandaient juste des explications sur le contenu de cette nouvelle réglementation mais qu'ils n'y étaient pas contre''. Il a également souligné qu'il avait expliqué aux représentants du gouvernement américain que si des problèmes bureaucratiques subsistaient encore, cela était du au fait que la transition d'une économie socialiste à une économie de marché créait incontournablement certaines difficultés: ''il y a une compréhension de la partie américaine'' à l'égard de ces questions. M. Sellal a aussi relevé qu'au cours de ses entretiens, il avait tenu à préciser aux responsables américains que la nouvelle conception algérienne en matière d'investissements étrangers ne tolérait plus une ouverture du marché national où l'entreprise algérienne ne tirerait pas profit de ces projets. En effet, explique-t-il, ''si l'on veut remettre à niveau notre outil de production national, on doit alors organiser notre réglementation. C'est ce qui a été fait, et ce, pour permettre à tous les secteurs de réalisation d'en tirer bénéfice. Ce n'est pas parce que l'Algerie dispose d'importantes ressources financières qu'il faudrait juste se contenter de les dépenser pour construire le pays. Le moment est venu où il est impératif de remettre à niveau l'ensemble des secteurs de production ou de réalisation''. ''Une fois ces explications présentées, les responsables américains ont fait preuve de compréhension et ont demandé uniquement que cette nouvelle réglementation sur les investissements soit correctement appliquée'', a-t-il noté. Par ailleurs, il a affirmé que l'image de l'Algérie évoluait positivement auprès du gouvernement américain, ajoutant que le choix fait, d'ailleurs, par les Etats-Unis pour l'organisation à Alger de la Conférence sur l'entreprenariat Etats-Unis-Maghreb de décembre prochain, en est ''un signe extrêmement fort''. Il est à souligner qu'outre les rencontres qu'il a eues avec plusieurs responsables du Département d'Etat et du Département du Commerce, M. Sellal a eu, vendredi, un entretien à la Maison Blanche avec un haut responsable auprès du Conseil de sécurité nationale (National Security Council, NSC).