Dans cet entretien express, la ministre déléguée, chargée de la Famille et de la Condition feminine, Mme Nouara Djaâfar revient sur le congrès de l'Organisation de la femme arabe qui se déroule dans la capitale tunisienne. L'Expression: Le congrès de la femme arabe s'est ouvert hier à Tunis. Quelle est votre évaluation? Nouara Djaâffar: Je trouve que l'Organisation de la femme arabe n'a pas encore trouvé le fil conducteur pour réaliser ses actions sur le terrain. Cela s'explique par le fait que l'organisation a été créée en 2000, c'est-à-dire que c'est une organisation qui est encore jeune. Mais le fait qu'il y ait un cadre où l'on peut discuter des problèmes de la femme arabe, c'est une bonne initiative. Cet espace nous permet d'échanger nos points de vue et nos expériences entre les différents pays de la région. Comme il nous permet de prendre conscience des vrais défis qui se posent aux femmes aujourd'hui. Certes, des progrès ont été réalisés dans le processus de promotion de la femme, mais beaucoup reste à faire pour rendre à la femme son véritable rôle dans la société. Vous êtes venue avec une idée en tête que vous voulez soulever durant ce congrès, laquelle? Effectivement, l'idée que je voudrais préciser est que nous ne sommes pas arrivées à opérer un vrai changement au niveau des mentalités. Tout processus de développement se base inéluctablement sur les idées. A mon avis, il faut lutter contre les idées archaïques qui constituent un frein à l'émancipation de la femme dans la société. La femme n'est pas placée au centre de la société, mais à la marge. L'idée selon laquelle la femme est classée en second lieu par rapport à l'homme doit disparaître. Il y a des lois qu'il faut changer, je citerai dans ce sens la faible présence de la femme dans les institutions politiques ou des assemblées élues. C'est une réalité qu'il ne faut pas nier. Partout dans le monde, la femme n'est pas suffisamment représentée dans les centres de décision. Je pense que ces problématiques seront débattues de manière approfondie par les intellectuels. Vous avez évoqué lors des débats, la question du discours religieux. De quoi s'agit-il? Ce que je voulais clarifier est le fait que la vision véhiculée par le discours religieux ne traduit pas réellement la place que consacre le Saint Coran à la femme. Il y a eu de mauvaises interprétations sur ce point en diminuant le rôle de la femme dans la société. La religion n'a jamais été un empêchement pour l'émancipation de la femme. C'est pourquoi, je réitère la nécessité de bannir les idées archaïques et placer le débat dans son contexte actuel. Comment peut-on contribuer à la revalorisation de la place de la femme? Il faut ouvrir toutes les portes et assurer l'accès aux postes de responsabilité. La femme est présente en force dans le secteur de l'éducation, contrairement à la politique où le nombre des femmes reste malheureusement insignifiant. Certes, il y a une volonté politique, mais il faut également garantir les moyens de cette politique sur le terrain pour que les femmes puissent s'imposer comme une force crédible dans la prise de décision. Nous allons développer cette approche lors du prochain congrès de l'Organisation de la femme arabe qui se tiendra en Algérie.