Le mouvement de protestation a atteint avant-hier plusieurs villes de l'est du pays, Souk Ahras, Annaba et Constantine pour ne citer que celles-là et le pire reste à craindre selon des sources sécuritaires. Un sentiment de colère extrême ronge la société algérienne et ce soulèvement a été pressenti depuis deux ans selon les mêmes sources, qui n'ont pas manqué d'avertir les hautes instances de l'Etat. Les mêmes images de Bab El Oued ont été reproduites à Constantine au niveau des quartiers populaires en ce jeudi 6 janvier. Après un malaise ressenti toute la journée alors que les autorités locales ont pris des mesures de précaution, dont l'annulation des matchs prévus hier, des émeutes éclatent vers 18 heures à Ziadia, Oued El Had, la cité El Bir, Faubourg, commune de Zighoud-Youcef et la nouvelle ville Ali Mendjeli. Utilisant des moyens classiques, des dizaines de jeunes déclenchent le feu dans des troncs d'arbres et pneus en bloquant les axes à toute circulation. Les forces de l'ordre mobilisées n'ont pas pu empêcher que le mouvement tourne au pire. A Zighoud-Youcef les émeutiers se sont attaqués à tout ce qui représente l'Etat. En outre, des voitures ont été ciblées un peu partout dans la wilaya et saccagées. Des actes dénoncés par une population plus sage mais qui pense que ce soulèvement était prévisible et donne raison aux revendications sociales exprimées par la société. L'explosion de colère manifestée par la société, est tout simplement le résultat du poids de plusieurs années de répression et de mépris envers le citoyen, et il faut reconnaître que le gouvernement a fait preuve de beaucoup de maladresses. La situation dans laquelle est le pays aujourd'hui, veut être détournée, par certains cercles occultes qui encouragent le pourrissement et manipulent le mouvement à leur profit. Les services de sécurité accusent directement les importateurs et les grossistes qui cherchent aussi à obtenir une satisfaction politique, par un remake du 5 octobre 1988. La conjoncture actuelle ressemble étrangement à celle de 1992, qui avait permis la montée du FIS dissous, alors qu'on parlait de la menace nucléaire algérienne. Après le retour à une paix relative, chèrement payée, une lutte acharnée contre le terrorisme, l'Algérie est de nouveau secouée. Pour beaucoup d'observateurs, l'Etat est en mesure d'absorber la colère avec les moyens qu'il a à sa disposition. Nos sources sécuritaires préviennent, cependant, qu'un soulèvement plus dur n'est pas à écarter.