Tous Les députés estiment qu'il faut trouver des solutions pour prendre en charge les jeunes mais ils ne sont pas d'accord sur la voie à suivre. Les partis politiques sont, encore une fois, apparus divisés. L'ouverture d'un débat général à l'APN sur les dernières émeutes, proposée par un parti de l'opposition ne fait pas l'unanimité au sein de la classe politique nationale. La proposition du RCD a ainsi de faibles chances d'aboutir. Les appels lancés par la formation de Saïd Sadi pour l'ouverture d'un débat sur la situation sociale et politique dans le pays, semblent devoir être rejetés. Les formations siégeant à l'APN, dans des discussions de coulisses, ont montré peu d'enthousiasme à un tel débat auquel, en revanche, ils semblent tout aussi hostiles. Les partis de la coalition gouvernementale peuvent toujours user du veto pour stopper le débat suggéré. Ainsi, le Rassemblement national démocratique du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, oppose son niet à une telle discussion. Seddik Chihab, vice-président à l'APN, ne voit pas l'utilité d'un tel débat. «Est-ce que ce débat général va régler les problèmes de l'Algérie?», s'est-il interrogé en précisant qu'il faut penser d'abord à dégager les finalités de ce débat. Se voulant plus clair, M.Chihab affirme que «le RND n'est pas partie prenante dans les propositions qui tendent beaucoup plus à faire la danse du ventre». Ce dernier refuse de s'inscrire dans la politique de l'effet d'annonce. Pour lui, l'Etat est en train de prendre en charge les revendications des jeunes. Le député du RND reconnaît que l'Etat s'est trompé dans sa stratégie en accordant peu d'importance à la jeunesse. Même son de cloche au sein du parti majoritaire. Les députés du FLN, croisés hier dans les couloirs de l'APN, sont peu intéressés par ce débat. «Le problème ne se pose pas dans le débat mais dans le résultat», affirme un député de ce parti, en gardant l'anonymat. Et d'ajouter:«Nous ne sommes même pas sûrs d'être entendus.» Connaissant parfaitement les rouages de l'APN, ce député est convaincu que ce débat - bien sûr dans le cas où il est organisé - n'aura pas de suite. A l'opposé, le Parti des travailleurs revendique, comme le RCD, l'ouverture d'un débat au sein de l'hémicycle. Le PT estime que l'APN est une assemblée élue par le peuple et elle doit le représenter. «Il ne faut pas se contenter des mesures prises par le gouvernement concernant la baisse des prix du sucre et de l'huile», a déclaré M.Taâzibt, vice-président de l'Assemblée. Il réitère la nécessité de trouver des solutions profondes au problème de la jeunesse. Selon lui, le Parti des travailleurs a sollicité le président de l'APN pour l'ouverture d'un débat général sur les derniers événements, en vain. Il explique que M.Ziari a refusé cette proposition sous prétexte que le règlement intérieur ne le permet pas. Cet argument est loin de tenir la route pour le PT puisque la Constitution l'autorise. Malgré ce refus, le RCD compte aller jusqu'au bout. Il lance une campagne de collecte des signatures auprès des 389 députés. Le Front national algérien (FNA) n'est pas contre cette idée mais reste peu enthousiaste. «Nous ne sommes pas contre l'ouverture d'un débat, mais est-ce que ce débat va apporter les solutions?», explique un député du FNA. Tous les députés estiment qu'il faut trouver des solutions pour prendre en charge les jeunes mais ne sont pas d'accord sur la voie à suivre. En fait, ils refusent de débattre d'un problème qui les interpelle au premier chef au titre de représentants du peuple. Il faut reconnaître que si l'APN ferme la porte du dialogue elle va encore rater l'occasion de rétablir une image quelque peu écornée auprès des citoyens. Fragilisée dès son installation, l'Assemblée élue avec 35% de taux de participation est vivement contestée même par les partis qui y siègent. Ils sont nombreux à appeler à sa dissolution. Le Parti des travailleurs, qui a mené une campagne tambour battant pour une telle dissolution est soutenu par d'autres formations. Le FNA et El Islah ont fortement revendiqué à leur tour la dissolution de l'Assemblée populaire nationale.