Sur le plan économique, l'orateur a exigé la ranimation du secteur public et la ré-impulsion du secteur privé et ce, pour «remettre le pays sur pied». La Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme, version Hocine Zehouane, s'exprime pour la première fois depuis les événements qui ont secoué le pays durant les premiers jours du mois de janvier 2011. «Le système algérien est un système crisogène. Il est producteur de crise et cela s'est vérifié à plusieurs reprises», a déclaré, hier, son président Hocine Zehouane lors d'une conférence de presse à Alger. Ce dernier a plaidé pour le bouleversement de ce système par des réformes politiques, sociales, économiques, institutionnelles et constitutionnelles. Faisant un tour d'horizon sur les évolutions de la situation socio-politique en Algérie, le conférencier a souligné qu'il y a un danger qui pèse sur notre pays. Selon lui, l'Algérie, ainsi que la majorité des pays de l'Afrique du Nord et du Monde arabe, vit une situation de blocage institutionnel, économique et social, ce qui peut ouvrir la voie à tous les dérapages et dérives. «La situation (...) pose des questions et suscite des inquiétudes. Quelque part, les sociétés n'ont d'autres moyens de s'exprimer et de régler les conflits que la manière violente et les émeutes», a-t-il indiqué, précisant que l'Algérie vit cette situation depuis plus de 30 ans. Me Zehouane a appelé les dirigeants à «anticiper les événements et mettre en oeuvre immédiatement les réformes économiques, politiques et sociales». Pour ce faire, le conférencier propose une batterie de mesures. Il suggère ce qu'il qualifie d'un Standard social minimum garanti (Ssmg) afin, a-t-il dit, qu'«aucun Algérien ne désespère». Il résume ce Ssmg en un travail et un logement décent pour chaque jeune qu'il faut former et encadrer au préalable. Sur le plan économique, l'orateur a exigé la ranimation du secteur public et la ré-impulsion du secteur privé et ce, pour «remettre le pays sur pied». Sur le plan institutionnel et constitutionnel, Me Zehouane propose carrément une révolution à travers des réformes profondes. «Au stade actuel de la situation, il nous faut des institutions stables, effectives et démocratiques», a-t-il affirmé. Le conférencier a suggéré ensuite une Constitution-cadre. «C'est une loi fondamentale qui doit être l'oeuvre de techniciens et qui doit garantir de vraies élections et un fonctionnement régulier du gouvernement», a-t-il expliqué. Pour protéger cette Constitution-cadre des malintentionnés, l'orateur ajoute qu'elle doit avoir des garde-fous constitutionnels. S'exprimant sur la dernière mesure du Conseil des ministres concernant la levée prochaine de l'état d'urgence en vigueur depuis 19 ans, le conférencier a estimé que cette levée «est une concession dérisoire» du pouvoir. «Il faut lever toute équivoque qui tourne autour de cette mesure et il faut fixer une date précise pour sa levée», a-t-il préconisé tout en se demandant ce qui va changer avec son abrogation. En tout état de cause, Me Zehouane ne croit pas que la levée de l'état d'urgence bouleversera les choses. Concernant la marche de 12 février en cours à laquelle a appelé la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (Cncd), le conférencier a souligné qu'il n'appelle pas les gens à y participer mais qu'il ne les appelle pas, non plus, à ne pas participer. «Que chacun fasse ce qu'il veut mais moi, je ne marche pas», a-t-il tranché.