La deuxième édition de cette manifestation aux couleurs de l'Algérie s'achèvera aujourd'hui avec le concert du chanteur Idir. L'auteur de Ce que le jour doit à la nuit, le romancier Yasmina Khadra, a été élevé au rang de «Citoyen d'honneur» de Vitrolles (Bouche-du-Rhône) mardi dernier, à la faveur de la soirée inaugurale de la deuxième édition du Festival Polar en lumières. Une occasion pour cet ancien officier de l'armée algérienne de revenir dans le sud de la France où il a vécu durant huit ans. Pour le directeur du cinéma vitrollais, Mathieu Labrouche, le polar est un genre incontournable aujourd'hui. «C'est ce qu'il y a de plus pertinent pour considérer le monde», juge-t-il. Loïc Gachon, maire de Vitrolles, a décerné, à ce titre, la médaille de la ville à l'auteur algérien qui préside cet événement organisé par «Cinéma les Lumières», une manifestation culturelle qui réunit les mordus du 7e art et de la littérature policière. Parrain de cette manifestation, l'auteur de Les Hirondelles de Kaboul, Yasmina Khadra, a auparavant ouvert la marche de cet événement culturel qui a consacré sa soirée thématique au polar algérien dont Morituri du romancier a été adapté au cinéma par Okacha Touita. Le film a été par ailleurs, projeté lors de cette soirée en présence du cinéaste qui prendra part à un débat sur le sujet. Auteur de nombreux polars, Yasmina Khadra est internationalement reconnu, ses romans, véritables brûlots contre la bêtise humaine et la culture de la violence, sont traduits dans vingt-cinq pays.Invité à donner son avis sur la situation brûlante en Tunisie et en Egypte, Yasmina Khadra qui dit suivre l'actualité avec «une certaine tristesse» a affirmé porter un «regard d'homme aguerri»: car dira-t-il «J'ai connu la même chose en Algérie, en octobre 1988. Pour moi, nous assistons à un soulèvement, pas à une révolution, il ne faut pas confondre ces deux termes. Une révolution est le fruit d'une gestation intellectuelle, d'une doctrine, d'une idéologie, ce qui n'est pas le cas en Tunisie et en Egypte. Le peuple n'a pas eu besoin de ça pour se soulever.» Et de renchérir: «En Egypte, il faut absolument que la foule se trouve un meneur, une figure charismatique, capable de faire de vraies propositions. Sinon, Hosni Moubarak ne cèdera pas. Chaque jour qui passe est à son avantage, et son régime violent peut vite se remettre en place». Concernant le dialogue entre le gouvernement Moubarak et les Frères musulmans en Egypte, il s'agit pour Yasmina Khdara «d'un jeu psychologique orchestré par les Etats-Unis. Les nations sans repères ne sont jamais à l'abri de ce genre de manipulations». Evoquant la révolte algérienne dont le «contexte n'est pas vraiment le même», estime l'auteur de l'Attentat qui fera remarquer: «Ce pays a pourtant besoin d'un changement radical. Mais ce changement ne doit surtout pas se faire dans le sang. Il n'y a rien au-dessus d'une vie humaine. L'Algérie doit accéder à la maturité et à la dignité par un vrai débat, sans violence.» Chaque année, le festival Polar en lumières se consacre à un pays ou à une région méditerranéenne. Aussi, c'est une édition 2011 aux couleurs de l'Algérie qui a été préparée cette année. C'est Adlene Meddi, journaliste et écrivain auteur de La prière du maure, qui a été invité à ouvrir le bal le 8 février dernier en donnant sa vision lors d'une table ronde consacrée au polar. Le cinéma n'était pas en reste puisque outre Morituri d'Okacha Touita, le long métrage Mon colonel de Francis Zamponi a été présenté. Une enquête policière sur fond de meurtre en pleine guerre d'Algérie. Figurait aussi au programme une ribambelle de courts métrages algériens, au grand bonheur des amateurs du genre. Des productions intimistes projetées en présence de leurs réalisateurs et suivies d'un débat. Il s'agit de Babel de Khaled Benaïssa, El Bab de Yasmine Chouikh, ou encore Les baies d'Alger de Hassen Ferhani. Ces courts métrages ont été diffusés dans le cadre de la manifestation «Chronique du cinéma algérien». Un invité de marque viendra ponctuer le festival ce samedi. En effet, Idir, le célèbre chanteur kabyle, fera partager au public son univers musical empreint d'émotions le 12 février. Un répertoire qui ne manquera pas de faire écho auprès d'un public nourri au son de la France des couleurs.