A moins de 48 heures du début des opérations de vote, le gouvernement a annoncé tard vendredi soir l'ajournement, pour la deuxième fois, du premier tour de l'élection. La commission électorale du Bénin a rejeté hier la responsabilité du report de dernière minute de la présidentielle prévue aujourd'hui, estimant, tout comme des observateurs, que les raisons étaient d'ordre politique plus que logistique. A moins de 48 heures du début des opérations de vote, le gouvernement a annoncé tard vendredi soir l'ajournement, pour la deuxième fois, du premier tour de l'élection, comme l'avaient réclamé l'opposition, les syndicats, l'Onu et l'Union africaine (UA). Le vote, auquel se présente le président sortant Boni Yayi, élu en 2006, face à 13 candidats dont le vétéran de l'opposition Adrien Houngbédji, est désormais prévu le 13 mars. Un éventuel second tour se tiendra le 27. Fichier électoral incomplet, retard dans la distribution des cartes d'électeurs, agents de bureaux de vote pas encore désignés ou formés: la préparation du scrutin dans le petit pays ouest-africain de 9,3 millions d'habitants, laissait à désirer. Mais selon Joseph Gnonlonfoun, président de la Commission électorale nationale autonome (Céna), la responsabilité de ces délais est à imputer aux députés qui n'étaient pas d'accord sur la composition de la Céna et avaient ainsi retardé sa mise en place. «La loi dit que la Céna doit être installée 60 jours avant une élection. Or on nous a installés à 35 jours de l'élection présidentielle», a-t-il expliqué. «Ce n'est pas de notre faute». De plus, élaboration du fichier et distribution des cartes relèvent d'une autre commission, la CPS, s'est-il défendu. Le responsable de cette instance n'était pas joignable hier. Le premier tour, initialement fixé au 27 février, avait déjà été décalé d'une semaine en raison de retards dans la confection du fichier. Une mesure qui n'avait pas suffi selon opposition et syndicats qui réclamaient encore un report, affirmant que plus d'un million d'électeurs étaient absents du registre électronique. L'Onu et l'UA avaient aussi appelé cette semaine à un délai supplémentaire. Le chiffre de plus d'un million d'électeurs absents du fichier est jugé très exagéré par certains. Pour Maurille Agbokou, directeur de publication du journal Adjinakou, «le plus gros problème n'est pas technique, il est politique». L'indépendance de la CPS est mise à mal par des interférences politiques et des clivages en son sein, estime-t-il. Une situation qui pourrait aussi engendrer la contestation des résultats, si elle échoue à démontrer sa cohérence. Pour ce qui est de la compilation du nouveau fichier, si les retards sont regrettables, M.Agbokou souligne que la constitution, pour la première fois, d'une liste électronique, «est un progrès indéniable». Cet outil permettra selon lui d'en finir avec les fraudes consistant à y faire apparaître des électeurs fantômes. Les responsables électoraux vont désormais devoir redoubler d'efforts pendant une semaine pour parachever les préparatifs de l'élection et M.Gnonlonfoun a promis samedi que la Céna ferait de son mieux pour que tout soit en place le 13 mars. Boni Yayi était opposé à un second report, invoquant le risque d'une crise constitutionnelle, avant de finalement donner son feu vert vendredi. Pour Maurille Agbokou, le président sortant, âgé de 58 ans, voulait surtout éviter à tout prix d'interférer dans le processus électoral et de prêter ainsi le flanc à d'éventuelles critiques.