Les Afghans sont appelés aujourd'hui aux urnes pour élire leur président et leurs conseillers provinciaux lors d'un scrutin général considéré comme “mportant” et “crucial” pour l'avenir du pays, notamment au double plan politique et sécuritaire, en raison des violences qui ravagent le pays depuis 2001. Quelque 17 millions d'électeurs se rendront dans près de 7 000 bureaux de vote répartis à travers le pays pour choisir entre 41 candidats, dont 2 femmes, lors de la deuxième élection présidentielle de leur histoire, après celle de 2004 que le président sortant Hamid Karzaï, qui brigue un nouveau mandat, avait remportée. Environ 200 000 observateurs, dont des dizaines d'étrangers, seront déployés dans le pays pour surveiller le déroulement des opérations de vote qui seront sécurisées par la présence de 300 000 policiers et soldats afghans et étrangers. Le candidat Hamid Karzaï reste le grand favori du scrutin présidentiel, en dépit des intentions de vote en baisse en raison de la recrudescence des violences dans le pays. Selon un sondage publié vendredi par un institut américain, le président sortant arriverait en tête au premier tour, avec 44% des intentions de vote, devant trois de ses anciens ministres: l'ancien chef de la diplomatie Abdullah Abdullah (26%), l'ex-ministre du Plan Ramazan Bashardost (10%) et l'ex-ministre des Finances Ashraf Ghani (6%). Pour être élu, un candidat doit rassembler la majorité absolue ou 50% plus une voix au minimum à l'issue du vote du 20 août. Si aucun candidat n'arrive à ce résultat, un second tour sera organisé, six semaines plus tard, pour départager les deux candidats ayant rassemblé le plus de suffrages. Le coût des élections est estimé à 223 millions de dollars, financés quasi entièrement par les pays impliqués dans la guerre en Afghanistan, selon la Commission électorale indépendante. Quant aux élections des conseils provinciaux, 3 196 candidats, dont 328 femmes, sont en lice pour pourvoir les 420 sièges de conseillers provinciaux mis en jeu. Au moins un quart des sièges sont réservés aux femmes. Ces élections générales se dérouleront sous très haute surveillance, en raison des menaces d'attaque des bureaux de vote proférées par les rebelles talibans et leurs appels aux Afghans à boycotter le scrutin. Les insurgés talibans, écartés du pouvoir fin 2001 par une coalition internationale menée par les Etats-Unis, ont intensifié leurs attaques ces derniers jours contre les forces de la coalition étrangère et les forces de sécurité afghanes à l'approche des élections présidentielle et provinciales. Mardi, deux jours avant le jour du double scrutin, plus de dix personnes, dont des soldats de la force de l'Otan (Isaf) dans le pays, ont été tuées et 51 autres ont été blessées dans un attentat à la voiture piégée qui a visé un convoi de ravitaillement des forces internationales sur la route de Bagram, à l'est de la capitale Kaboul. Les talibans avaient diffusé dimanche des tracts dans des villages du sud du pays menaçant, pour la première fois, d'attaquer les bureaux de vote le jour du scrutin. Au moins quatre candidats aux provinciales ont été tués pendant la campagne électorale. Le dernier en date a été assassiné lundi dans une embuscade au nord du pays. Ces violences ont fait dire à la Commission électorale que près de 12% des 7 000 bureaux de vote pourraient rester fermés à cause de l'insécurité. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a appelé hier tous les Afghans en droit de voter à se rendre aux urnes ce jour pour accomplir leur devoir électoral et renforcer ainsi les institutions démocratiques du pays. Les résultats préliminaires sont attendus entre le 3 et le 16 septembre, alors que le résultat final devrait être annoncé le 17 septembre. APS