En annonçant l'émission d'un nouveau billet de deux mille dinars, la Banque d'Algérie relance le débat sur la monnaie. Lorsqu'une banque annonce qu'elle va émettre de nouveaux billets, c'est soit pour remplacer les anciens devenus crasseux et hors d'usage, donc nuisibles pour les échanges commerciaux et la santé, soit pour donner une nouvelle orientation à l'économie et, pour ce faire, elle a besoin d'une nouvelle monnaie. En annonçant l'émission prochaine de billets de banque de deux mille dinars, la Banque d'Algérie (BA) relance le vieux débat sur la monnaie et remet, du coup, sur le tapis la question de l'inflation, car de l'avis de nombreux spécialistes, c'est en raison de celle-ci que l'on aurait choisi cette option. Aux mêmes maux, les mêmes remèdes. Selon M.Mebtoul, économiste, l'émission de billets de banque de 2000 dinars traduit le manque de cohérence du gouvernement et l'atmosphère qui règne actuellement au Maghreb. A cela, il faut ajouter la flambée des devises qui a un impact direct sur notre monnaie. Et c'est pour se prémunir contre l'inflation et les taxes éventuelles que les gens qui avaient des bons anonymes ont retiré leur argent des banques. Abdelmalek Serraï, un expert en économie, a indiqué que l'émission de billets de 2 000 dinars est une confirmation réelle d'une inflation galopante. On a essayé déjà, par le passé, de juguler l'inflation en recourant à ce moyen, mais les problèmes économiques et les carences apparues dans les domaines de la planification et de la gestion, notamment, ont rendu l'émission des billets de mille dinars inopérante, voire caduque. Au contraire, cela a contribué à la détérioration, à la longue, du pouvoir d'achat des citoyens. En partant du postulat que plus une économie est développée, plus sa monnaie est forte, on ne peut pas affirmer que l'économie algérienne, en dehors des hydrocarbures, est agressive et qu'elle dispose des ressources nécessaires pour un réel décollage. Beaucoup de problèmes l'en empêchent. Au plan alimentaire, malgré un boom enregistré dans la production agricole ces dernières années, la facture de nos importations ne cesse d'augmenter atteignant un seuil alarmant. A ce déséquilibre jugé très inquiétant, s'ajoute l'instabilité du marché international qui connaît une crise sans précédent et dont les premières victimes sont les pays dont les économies sont entièrement dépendantes de l'extérieur. Les récentes augmentations des prix de l'huile et du sucre nous en donnent un réel aperçu. Certes, les mesures décrétées par l'Etat, qui a décidé d'apporter sa contribution en les subventionnant, ont été très bien accueillies par la population, mais beaucoup les considèrent comme du replâtrage et redoutent de nouvelles flambées des prix sur le marché. Celui des fruits et légumes semble totalement désorganisé manquant de stabilité et surtout de contrôle. Tout le monde pointe un doigt accusateur en direction des intermédiaires, ces parasites dont on n'arrive, décidément, pas à se débarrasser et qui ont amassé des fortunes colossales, sans oublier le rôle néfaste joué par ceux que l'on appelle communément les barons qui essaiment et gangrènent le secteur agricole en faisant, à leur guise, grimper les prix. Du jour au lendemain, les prix doublent, triplent voire parfois quadruplent sous prétexte que la production n'a pas été bonne ou que la pluie n'a pas été au rendez-vous. Si oui, comment expliquer toutes ces flambées des prix enregistrées à la veille de chaque mois de Ramadhan? Il ne sert à rien d'émettre un billet de deux mille dinars si l'on n'arrive pas à stabiliser les prix des fruits et légumes et des produits de première nécessité sur le marché, c'est-à-dire préserver le pouvoir d'achat du citoyen. Dans les années soixante, on pouvait acheter 5 kg de mandarines rien qu'avec une pièce de un dinar. Aujourd'hui, le citoyen doit débourser, au minimum, cinq cents dinars s'il veut être servi. Autrement dit, le prix de ce fruit cultivé et produit chez nous est passé de 20 centimes à 100 dinars le kg! Idem pour la sardine qui était vendue à 50 centimes le kg à la même époque et qui est inaccessible actuellement parce que, écoulée à près de 500 dinars le kg! Sans oublier les viandes blanches, notamment celle du poulet, qui ont connu une hausse vertigineuse malgré une production sans cesse en hausse qui dépasserait celle de certains pays européens.