La Banque d'Algérie a annoncé, jeudi dernier, la création d'un nouveau billet de banque d'une valeur de 2 000 DA (deux mille dinars) afin d'assurer ''une disponibilité accrue'' de la monnaie fiduciaire. C'est ce qui est indiqué dans le communiqué de la Banque centrale, à l'issue de la réunion du conseil de la monnaie et du crédit. Mais, il est clair que si la création de cette nouvelle monnaie a des côtés positifs, elle en possède également des côtés négatifs. Cette opération de création d'une nouvelle unité monétaire permet, certes, de répondre positivement à la demande des liquidités dont ont besoin nos institutions et, particulièrement, les postes et télécommunications. Ce qui veut dire qu'on pourrait ainsi faire face à ce problème de liquidités que connaît notre espace économique et commercial.Mais, l'effet négatif de la création de cette nouvelle monnaie est qu'elle favorise l'inflation et celle-ci pourrait donc bien connaître une hausse dans les prochains jours. Est-il nécessaire de remarquer que les retraits de monnaie fiduciaire effectués par Algérie Poste au niveau des guichets de la BA ont couvert 100% de la demande exprimée. Et pour faire face aux fortes demandes de retrait de monnaie fiduciaire dans un contexte de très faibles rentrées, notamment par Algérie Poste, la Banque d'Algérie devrait prendre des dispositions nécessaires… D'ailleurs, au mois de novembre dernier, lors de la crise de liquidité dans les postes, le directeur de la communication de la Banque d'Algérie a affirmé que " la production a atteint un volume record, jamais réalisé auparavant, en si peu de temps ". Sans préciser le montant exact, il a dit que 97 % de cette masse d'argent produite dans les ateliers de la Banque centrale, est destinée à Algérie-Poste. La même source a nié, par ailleurs, l'existence d'un quelconque problème de distribution de la monnaie fiduciaire. Parmi les solutions préconisées par la Banque centrale pour parer à la crise de liquidités, la BA a procédé à l'allongement des journées de change de son système de payement concernant les grands montants. Les procédures relatives aux opérations effectuées dans le cadre de ce système de paiement " en temps réel ", lancé en 2006, ont été " allégées". Ce sont les millions de retraités, de salariés de la Fonction publique et des corps de sécurité, payés généralement, par voie postale, qui font les frais de ce manque de billets. Et voici donc une des autres solutions préconisées par la BA.Ainsi, le conseil de la monnaie et du crédit, s'est réuni jeudi en session ordinaire sous la présidence de M. Mohamed Laksaci, gouverneur de la Banque d'Algérie, pour édicter "le règlement portant création d'un nouveau billet de banque d'une valeur faciale de 2.000 dinars algériens". Mais, aucune date pour la mise en circulation de ce nouveau billet n'a été communiquée par la Banque centrale.Cette nouvelle émission coïncide avec le 47ème anniversaire de la création de la monnaie nationale, selon la Banque centrale qui indique, en outre, que cette nouvelle coupure de 2000 DA, "qui circulera concomitamment avec les autres billets de banques, actuellement en circulation, contribuera au rafraîchissement de la monnaie fiduciaire et à sa disponibilité accrue". Une décision salutaire pour l`économie nationale ? La décision de l'émission d`un billet de banque de 2 000 DA par la Banque d`Algérie s`apparente à une bonne initiative destinée à réguler l`économie nationale qualifiée de ``tâtonnante` et de " chancelante "` par certains experts, en raison notamment de l`aisance financière paradoxale du pays et du développement contradictoire, en dépit de la réalisation de nombreuses infrastructures importantes. Cependant, d`autres observateurs estiment que cette décision salutaire à tout point de vues, vise à réorganiser les rouages de l`économie afin de mieux assurer non seulement des liquidités dans les établissements financiers, comme les agences postales où le manque de liquidités s`est fait sentir à maintes reprises, mais surtout éviter des situations de flottement au dinar algérien en ces temps de crises multiples. La problématique de la planche à billets a montré, par ailleurs, que le recours à l`émission excessive de billets de banque risque d'entraîner une spirale inflationniste et une dépréciation de la monnaie nationale. Ainsi, l`on redoute, à moyen terme, une dévaluation de la monnaie nationale et la hausse des prix à la consommation. L`inconvénient pour les consommateurs et les commerçants de détail, c`est que la culture de manipulation de la monnaie est peu développée chez nous. Le commerçant du coin a souvent des difficultés à vendre convenablement ses marchandises et à rendre la monnaie au client qui lui présente un billet de 1 000 DA. La caisse se vide rapidement, selon lui, en raison de l`insuffisance des petites monnaies. Par contre, le billet de 2 000 DA pourrait arranger les gens trimbalant avec les grosses sommes, soit par exemple, pour les acheteurs et vendeurs de véhicules d`occasion, ou pour toute sorte de transactions commerciales requérant le transport de grosses sommes financières. Faut-il encore souligner que les transactions commerciales ne se font pas, comme ailleurs, à travers le chèque et encore moins par le biais de l'Internet (commerce électronique). L`institution du paiement obligatoire par chèque pour les transactions commerciales dépassant 500 000 DA n'est pas encore entrée en vigueur. Le billet de 2 000 DA pourrait néanmoins régaler les faussaires et les trafiquants de faux billets, sachant qu`ils excellent actuellement dans la fabrication illicite de faux billets de 1 000 DA. En tout état de cause, la Banque d`Algérie a ses raisons de fond pour créer le billet de 2 000 DA, car elle y voit probablement une décision salutaire pour le développement harmonieux de l`économie nationale. Said Ben et Meziane Atmani