Les maux auxquels est confrontée l´Algérie sont en vérité innombrables. Certains d´entre eux semblent même insolubles, comme ceux affectant les jeunes et une partie de l´élite intellectuelle. Les uns comme les autres qui sont en mal d´intégration dans leur propre pays, pensent trouver la solution au-delà de nos rives. Or, ces jeunes, souvent au prix de leur vie, ces intellectuels forcés à l´exil, quoique peu assurés de trouver dans l´exil et la harga ce qu´ils n´ont pu avoir dans leur patrie, franchissent néanmoins le Rubicon et tentent la «grande» aventure. C´est là en fait une fuite plurielle pour des jeunes - sans formation pour nombre d´entre eux - et de diplômés qui n´ont pu trouver à se réaliser dans leur pays. Cela perdure depuis des décennies pour que l´on puisse dire que l´on ne sait pas ou que le diagnostic qui explique le pourquoi de ce malaise n´est pas disponible. Alors que font les autorités publiques pour prévenir d´une part, remédier d´autre part, à cette malvie qui touche les Algériens à quelque niveau qu´ils se situent? Peut-on nier que l´Algérie fait face aujourd´hui à des problèmes multiples au niveau du social, du culturel, de l´économique et du politique qui ont induit ces dernières années un ras-le-bol généralisé, notamment parmi une jeunesse privée de repères socioculturels et identitaires? Ces jeunes qui s´adonnent à la drogue - la consommation des substances nocives parmi cette catégorie de citoyens prend des proportions alarmantes - qui se font harraga ou, pire, deviennent kamikazes, est le signe probant que cette jeune génération, encore fragile, n´est pas intégrée, ne se sent pas intégrée dans le tissu social de la communauté nationale. En réalité, outre que c´est là un échec de la société dans son ensemble, c´est particulièrement celui des pouvoirs publics incapables de répondre aux demandes et besoins de cette frange de la société. Echec que les pouvoirs publics doivent totalement assumer, car il leur appartenait, il leur appartient toujours en fait, de veiller à mettre à la disposition de cette jeunesse les moyens de se réaliser. Cela a-t-il été fait en temps et lieu utiles? s´est-on interrogé sur le pourquoi de ces fuites et exils qui privent le pays de ses jeunes et de ses diplômés? Or, dans un système où la bureaucratie règne en maître, les jeunes n´arrivent pas à s´intégrer dans un milieu qui est le leur, mais qui semble s´être fixé comme objectif d´annihiler dynamisme et compétences. Contre les harragas, contre les consommateurs de drogue les pouvoirs publics réagissent par la répression quand il fallait d´abord se poser des questions pour savoir pourquoi cette jeunesse, ces cadres fuient leur pays. Qui s´est inquiété de cette hémorragie - qui pénalise le pays et prive l´Algérie de ses meilleurs enfants - pour en rechercher les causes et en comprendre la raison? En réalité, faut-il sortir de l´université pour concevoir les raisons profondes des blocages qui incitent de nombreux Algériens à partir ailleurs? Comment peut-il en être autrement lorsque l´initiative personnelle est souvent bridée, mal vue sinon mal comprise, souvent découragée, ne serait-ce que par les barrières, - dans maints cas infranchissables -, érigées par l´administration devant les candidats au travail, à l´investissement et d´une manière générale cherchant à s´inscrire dans la ligne d´une production nationale indépendante et libérée? Ces obstacles font que les Algériens n´arrivent pas à s´intégrer dans leur société. Cela explique, en partie, le phénomène harraga et la fuite des cerveaux. Cette donne interpelle directement les pouvoirs publics auxquels il appartient de lui trouver remède.