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Le prix du succès
FBI - CIA
Publié dans L'Expression le 16 - 12 - 2002

La manière d'agir des éléments du FBI et de la CIA n'ont pas grand-chose à voir avec les principes de justice et de préservation des droits de l'Homme, tels qu'énoncés par les politiques US.
Les deux plus grandes agences américaines du renseignement, le FBI et la CIA, affichent un bilan positif de leur action antiterroriste depuis le 11 septembre 2001. Quelque chose comme «une centaine d'opérations» ont été réussies, affirment les espions de Washington. De ces succès, les responsables de la CIA retiennent la mise hors d'état de nuire du tiers des dirigeants d'Al-Qaîda. De plus, ces mêmes responsables évoquent le démantèlement de nombreux réseaux dormants de l'organisation d'Oussama Ben Laden au sein même du territoire américain.
Bien que les officiers de la CIA et du FBI se veulent respectueux de la légalité, il n'en demeure pas moins qu'ils usent de pratiques dignes des films de série B. De nombreux témoignages recueillis un peu partout dans le monde attestent que la manière d'agir des éléments du FBI et de la CIA n'ont, en fait, pas grand-chose à voir avec les principes de justice et de préservation des droits de l'Homme, tels qu'énoncés par les politiques US. Les agences du renseignement de ce pays se défendent de pareilles accusations en relevant que la police fédérale américaine n'était pas seule pour neutraliser la menace. «C'est un effort coordonné entre la police américaine, les services du renseignement et leurs partenaires» souligne le porte-parole du FBI. Cependant, ce genre de déclarations cache mal les véritables moyens utilisés dans cette guerre aux fins de neutraliser les éléments indésirables.
Cela dit, les espions agissent sous le couvert d'autorités politiques reconnues. Preuve en est que le président Bush a officiellement instruit les deux agences pour éliminer physiquement une douzaine de terroristes jugés dangereux (lire l'article de Fayçal Oukaci). Cette saisine, qui sonne comme une officialisation des méthodes «peu orthodoxes» de la CIA, informe si besoin est sur la détermination des USA à ne reconnaître aucune institution dans leur lutte antiterroriste.
Cette attitude n'est en fait pas nouvelle. Dans leur «croisade» contre le communisme et la «subversion», les agents secrets américains ont eu déjà recours à des scénarios les plus invraisemblables et les plus sanguinaires pour se débarrasser de personnalités gênantes, à l'image du pasteur noir Martin Luther King, pour ne citer que le plus connu des assassinats politiques, non encore élucidés aux Etats-Unis.
Pour en revenir à cette guerre que Bush veut totale contre les terroristes islamistes, les services secrets ont carte blanche, quels qu'en soient les dégâts collatéraux. Pour l'heure, il y a très peu d'informations sur les méthodes de la CIA, mais il semble, à en croire certains bruits, que de nombreux cadres de cette agence «ont été mis au placard pour inadaptation aux enjeux actuels». Une formule qui en dit long sur le malaise que traverse la CIA. La création d'un département de sécurité à la Maison-Blanche illustre cet état de fait, en plus de la commission d'enquête parlementaire mise en place, justement pour éluder les circonstances qui ont amené les services secrets à n'avoir pas vu venir les attentats du 11 septembre. Dans l'aréopage de critiques faites à la CIA et au FBI, l'on retient leur fonctionnement en vase clos et quasi indépendant du Congrès.
Comme pour justifier cet état de fait, le porte-parole du FBI cite la capture du chef des opérations d'Al-Qaîda dans le Golfe, du coordinateur des attentats du 11 septembre 2001, de «nombreux lieutenants d'opérations et de complices», ainsi que la mainmise sur des «trésors d'informations». La mainmise de la CIA sur le monde a eu pour effet la saisie dans 166 pays de plus de 121 millions d'avoirs financiers soupçonnés appartenir à des réseaux terroristes. Un responsable des services secrets rend hommage aux partenaires des Etats-Unis dans la guerre contre le terrorisme. Seulement, la collaboration de ces pays est due, en grande partie, à des pressions exercées dans la pure tradition des services secrets à l'époque du rideau de fer.
Enfin, il est établi dans de nom-breux cercles bien introduits que la CIA n'a, à aucun moment, changé de méthode. Plus encore, on affirme, sous le couvert de l'anonymat bien sûr, que l'épisode du 11 septembre est le résultat d'un échec de négociations et que les Américains, pris de court, s'attendaient à une attaque et étaient prêts à en assumer les circonstances. Ce qui a fait la différence, c'est l'importance de la frappe. La commission d'enquête parlementaire n'a été créée, dit-on, que pour masquer une autre investigation. Seulement les résultats de cette dernière ont toutes les chances de rester secrets...


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