Tout comme l'action terroriste, la lutte contre ce fléau transnational n'a pas de frontières. Le directeur de la police fédérale américaine (FBI), Robert Mueller, vient de révéler que ses services prévoyaient d'ouvrir une antenne à Alger. L'objectif avoué est de faire face aux nouvelles menaces en provenance du Maghreb. «Au cours de la dernière année, une année et demie, les capacités d'Al Qaîda au Maghreb (...) se sont accrues», a souligné Robert Mueller, lors d'une audition au Congrès consacrée au budget du FBI pour l'année fiscale 2009. Et d'avouer: «Nous sommes très inquiets sur le fait qu'alors que ces capacités ont augmenté, la possibilité pour des individus ayant deux passeports, par exemple français et algérien, de se rendre en Europe et de n'être plus qu'à un billet d'avion électronique de l'aéroport JF-K ou d'un autre aéroport ici aux Etats-Unis n'augmente également.» Ainsi, les services américains n'écartent pas la possibilité de la préparation d'un attentat terroriste anti-américain à partir d'Alger et ses environs, ou l'implication d'Algériens même. En ouvrant un bureau à Alger, le FBI renforce sa coopération avec les services de sécurité algériens en charge de la lutte antiterroriste. «Nous avons développé une bonne relation de travail avec nos homologues en Algérie. Et l'ouverture d'un bureau est la prochaine étape dans la consolidation de cette relation pour faire face à ce nouveau phénomène des nouvelles menaces issues du Maghreb», a ajouté le patron du FBI, précisant que d'autres pays pourraient «être couverts par les bureaux que nous installons à Alger». La coopération en matière de lutte antiterroriste entre les deux pays ne date pas d'aujourd'hui. Des délégations de la CIA, du FBI et de la NSA ont toujours effectué des visites en Algérie. Le FBI et la CIA ont, depuis les attentats du 11 septembre 2001, intensifié leurs contacts avec les services de sécurité algériens. La CIA avait créé en 2002 à Alger un centre dénommé «Alliance base» avec pour objectif l'analyse des mouvements transnationaux des terroristes suspects. La coopération porte, à la fois, sur le renseignement classique traditionnel, personnes suspectes, leurs activités, leurs déplacements..., et sur le renseignement opérationnel, «celui qui débouche directement sur le démantèlement de réseaux et des interpellations». Rôle devrait dorénavant échoir au bureau du FBI en collaboration avec les services de sécurité algériens qui, de l'avis même des Américains, demeurent un partenaire privilégié. L'arrestation en Algérie de Abdelmadjid Dahoumène en 2000, complice de Ressam réclamé alors par le FBI, tous deux ayant transité par des camps d'entraînement d'Al Qaîda à Kandahar, en Afghanistan, était un signe avant-coureur d'une coopération qui allait crescendo. «L'Algérie est un partenaire de grande valeur dans la lutte contre le terrorisme», a toujours affirmé le président américain, George W.Bush dans ses différents messages transmis au président Bouteflika. D'ailleurs, plusieurs visites ont été échangées entre les cadres des deux pays en charge de la lutte antiterroriste. Le rapport de Marion E.Bowman, représentant du FBI auprès de la Commission de surveillance des activités du renseignement auprès du Sénat américain, avait cité l'Algérie, en juillet 2002, comme étant un allié des Etats-Unis dans sa lutte contre Al Qaîda. Outre le mouvement des terroristes dans le Sahel, les Américains veulent accroître leur surveillance sur les eaux de la Méditerranée. Et les services de renseignements et de lutte antiterroriste américains n'ont jamais dissimulé leur intérêt pour la région. Et une présence physique en Algérie est devenue plus que nécessaire. Sur un autre plan, l'Algérie est sur le point de signer un contrat avec la société américaine Cessna pour l'acquisition d'un avion-laboratoire équipé d'un système automatique d'inspection et de calibrage en vol. Ainsi, avec l'ouverture d'un bureau du FBI à Alger, la coopération en matière de renseignements entre services algériens et états-uniens a pris un nouvel essor. Dans la transparence la plus totale, évidemment.