Le délit de faciès en France a encore de bien beaux jours devant lui à l'aune des nouvelles lois Sarkozy. Le bagagiste de Roissy, Franco-Algérien né à Tlemcen, est revenu sur son calvaire dans les colonnes du journal Libération qui est allé le voir chez lui, à Bondy, où il vit avec ses parents et ses sept frères et soeurs. Lui, qui n'avait que sa -foi et bonne foi- pour se défendre, a fini par comprendre que -personne ne te croit quand tu es de bonne foi-. Il faut dire aussi que le faciès a joué un rôle déterminant dans cette affaire où le règlement de comptes a atteint des proportions jamais imaginées jusque-là même dans les romans policiers. Les -ratonnades- administratives et judiciaires sont devenues monnaie courante en France depuis les attentats du 11 septembre. Le jeune Abderezak Benseghir en a fait les frais, mais ne sait combien d'Algériens et de Maghrébins sont dans le même cas. Il revient sur l'interrogatoire qu'il a subi le 28 décembre dernière, et la manière avec laquelle il avait été livré au lynchage médiatique alors que les preuves de sa culpabilité n'étaient même pas établies et que son anonymat devait être préservé. Sa candeur lui a fait prendre TNT pour le nom d'un magasin situé dans le quartier où il habite, ce qui a mis sur les dents les officiers chargés de l'interroger, pensant sans doute qu'il se payait leur tête, ou qu'il avait des nerfs d'acier, comme en ont tous les terroristes bien entraînés. Les enquêteurs, sans doute des gens de la DST, ont fini par conclure qu'ils tenaient le bras droit de Ben Laden. -Ils voulaient me faire dire que c'était moi-. Même si les coups n'ont pas plu, la torture morale qu'il a subie est sans doute bien pire. Quatre longs jours d'interrogatoire non-stop ont cherché à le faire craquer. En vain. Puisqu'il était innocent, victime du complot de sa belle-famille, des Français que la presse, curieusement, s'est bien gardée de lyncher médiatiquement.