Imarat Hadj Lakhadar a été citée par certains membres d'associations comme un exemple de la banalisation de la violence à l'égard des femmes. Mme Nouara Saâdia Djaffar, ministre déléguée chargée de la Famille et de la Condition féminine, a interpellé le ministre de la Communication au sujet de cette série télévisée. La ministre déléguée chargée de la Famille et de la Condition féminine, Nouara Saâdia Djaffar, a condamné fermement et clairement, hier, les “dérapages” contre les femmes contenus dans certains épisodes de la série vedette du Ramadhan dernier, Imarat Hadj Lakhdar. “Je condamne les propos de Hadj Lakhdar”, a-t-elle affirmé. Si elle reconnaît volontiers les “touches d'humour” du feuilleton, elle n'en estime pas moins que “ce genre de discours constitue une atteinte aux droits de l'Homme et, notamment à l'intégrité de la femme”. Nouara Djaffar affirme avoir même saisi le ministre de la Communication au sujet de ces épisodes. La ministre déléguée, qui s'exprimait en marge d'un séminaire sur la banalisation de la violence contre les femmes au sein de la société algérienne, faisait écho, en effet, aux propos de certaines participantes à cette rencontre qui ont évoqué la série en question et qui n'ont pas manqué de fustiger certaines scènes et autres répliques qui ont émaillé le feuilleton. Les intervenantes, abordant le rôle et la responsabilité des médias, notamment la télé et la radio, ont relevé que dans plusieurs épisodes diffusés par l'ENTV à l'heure du grand audimat, le personnage principal de la série a appelé à la violence contre la femme. Elles ont, tout particulièrement, rappelé la séquence où le personnage Hadj Lakhdar (alias Lakhdar Boukhors, également auteur du scénario) incitait un des locataires de l'immeuble à battre sa femme, journaliste de son état. “Comporte-toi comme un homme. Les femmes doivent être domptées. Alors, rentre chez toi et frappe-la”, disait Hadj Lakhdar dans cette séquence. Des propos jugés “très violents” et de “graves dérapages” par plusieurs associations qui travaillent depuis plusieurs années à faire évoluer l'image de la femme dans la société algérienne. L'exemple de cette série n'est malheureusement pas le seul. S'il a été le seul à être cité, c'est parce que c'est le plus récent et c'est sans doute en raison de son énorme succès. Mme Djerbal, sociologue et membre fondatrice du Réseau Wassila, s'interroge, pour sa part, sur l'utilité de la diffusion de ce type de propos qui sont autant de messages négatifs à l'adresse des téléspectateurs. “Comment l'ENTV a-t-elle permis la diffusion de ces épisodes faisant l'apologie de la violence durant le mois de Ramadhan et à l'heure où le public est le plus nombreux à la regarder ?” Par ailleurs, elle a indiqué que la violence en milieu familial est en hausse, comparé à celle enregistrée à l'extérieur, d'où la nécessité de redoubler d'efforts à l'effet de trouver les moyens de lutter contre ce type de violence. “Le rôle des médias, notamment la radio et la télévision, est très important tant ils contribuent à la sensibilisation de la société au danger de ce fléau”, a-t-elle précisé. Le réseau a appelé, également, à trouver des mécanismes efficaces afin d'enrayer le phénomène de la violence contre les enfants et les femmes, mais aussi de prendre en charge ces victimes sur les plans matériel et légal. “Les travailleurs au sein des structures d'accueil des enfants, que ce soit à l'école, à la maternelle ou encore aux centres sociaux, doivent informer leur tutelle de toute agression dont ils ont été témoins, de par leur fonction. Cette dernière doit informer pour sa part les autorités compétentes”, a-t-elle expliqué. Au sujet des mères célibataires, Mme Djerbal a insisté sur la nécessité de la prise en charge des célibataires enceintes et, plus tard, celle de leurs enfants en vue de faciliter leur insertion dans la société. Le Réseau Wassila, ce sont au total huit ans de combat, d'action et de réflexion pour la protection de la femme et de l'enfant. Un anniversaire dédié à Salima, victime d'un viol collectif. Succombant à la pression sociale et ne supportant pas la banalisation de la violence, elle s'est donné la mort. Des victimes comme elles, le réseau a l'habitude d'en accueillir depuis des années. “Nous voyons journellement ces rescapées déchirées par les problèmes sociaux”, a déclaré Mme Djerbal. Elle a rappelé que la souffrance et la douleur de ces victimes les conduisent très souvent à l'autodestruction, voire même au suicide, dans certains cas, et que cela continuera tant que la justice et la société n'auront pas condamné haut et fort cette transgression de la loi. Nabila Afroun