Comme les autres années, l'actuelle Assemblée va, encore une fois, violer la Constitution puisqu'elle aura à avaliser un nouveau texte sans l'examen du bilan de l'exercice écoulé. C'est demain que l'Assemblée populaire nationale (APN) procédera au vote de la loi de finances 2009. Simple formalité, a priori, pour une chambre assimilée à une caisse de résonance, l'adoption du texte ne dérogera pas aux réflexes, presque pavloviens, qui ont toujours cours à la Chambre basse du Parlement. D'ores et déjà, on peut dire, sans risque de se tromper, que les partis de l'Alliance présidentielle ne seront pas tentés de grenouiller le passage du texte. À l'évidence, on s'attend, comme le confiait hier un député, à ce que certains parlementaires, notamment ceux du FLN, par populisme sans doute, évoquent la fameuse taxe sur les véhicules. “Mais ça sera sans effet dans la mesure où l'Exécutif a déjà montré son intransigeance. Et puis elle concerne la loi de finances complémentaire”, explique-t-il. Hormis le RCD donc, appelé à rejeter le texte, et le PT qui pourrait, à défaut, opter pour l'abstention, tout comme le FNA, un parti sans fondement doctrinal, le reste de l'hémicycle réagira comme au bon vieux temps du parti unique : “un vote massif”. Un avant-goût des orientations voulues par l'Exécutif a été déjà donné lors de l'examen des amendements par la commission des finances. L'essentiel de ces amendements au nombre de 92, présentés par les députés, a été rejeté. Toutefois, par respect des formes, et histoire de faire bonne figure, quelques amendements proposés, et qui recoupent avec ceux de la commission, seront soumis à l'aval de la plénière. Hier, la commission des finances, présidée par Tayeb Nouari, député FLN, achevait l'examen du budget consacré à… l'Assemblée. Un budget, une fois n'est pas coutume, revu à la… baisse. Mais comme les autres années, l'actuelle Assemblée va encore une fois violer la Constitution puisqu'elle aura à avaliser un nouveau texte sans l'examen du bilan de l'exercice écoulé. Des pratiques à vrai dire devenues ordinaires. Faut-il rappeler, dans le même contexte, que l'ancien Chef du gouvernement n'a pas présenté son bilan ? Et que l'actuel n'a pas jugé utile de présenter son programme devant “l'auguste” Assemblée ? Pour nombre d'observateurs, la loi de finances, qui passera inévitablement comme une lettre à la poste, est à considérer non point dans ce qu'elle contient comme sommes à affecter à chaque secteur, autant dans ses objectifs politiques. Intervenant dans un contexte préélectoral pour un troisième mandat, le texte ne devrait pas souffrir de quelques contestations, quelles qu'elles soient. Et comme pour ne pas avoir à s'encombrer des “empêcheurs de penser en rond”, une ordonnance présidentielle a déjà balisé le terrain en augmentant de presque 15 fois le smig le salaire des parlementaires. Une augmentation qui n'a pas manqué de faire jaser dans les chaumières et qui visaient manifestement un double objectif : jeter le discrédit sur l'Assemblée, handicapée déjà par un déficit en légitimité, et “acheter” l'adhésion en perspective de la révision constitutionnelle qui devrait intervenir théoriquement dans les prochaines semaines. “Il n'y a pas de raison que l'on change à l'occasion de la loi de fiances des pratiques qui sont à la fois l'expression et le fondement du système”, a affirmé Saïd Sadi, le président du RCD, lors de son intervention à l'Assemblée. Beaucoup en tout cas s'attendent à ce qu'il y ait prochainement une loi de finances… complémentaire. Comme quoi les années se suivent et se ressemblent. Karim Kebir