La chef du parti au pouvoir en Israël, Tzipi Livni, tentait hier de constituer in extremis une majorité gouvernementale à la veille de l'expiration d'un ultimatum qu'elle a lancé à ses partenaires potentiels. La chef de Kadima doit se rendre aujourd'hui à 17h locales (15h GMT) chez le président Shimon Pères pour lui annoncer la formation d'un gouvernement ou, à défaut, préconiser des élections anticipées pour le début de 2009. Mme Livni a convoqué hier soir ses plus proches collaborateurs pour d'ultimes consultations, selon la radio militaire. Selon les commentateurs des radios militaire et publique, la défection des ultra-orthodoxes du Shass (12 députés), qui faisaient partie de la majorité sortante, a porté un coup très dur à la ministre des Affaires étrangères. Le chef de ce parti Eli Yishaï, ministre du Commerce et de l'Industrie, s'est justifié en dénonçant vendredi le refus de Tzipi Livni d'accorder une augmentation des allocations familiales et de s'engager à ne pas négocier avec les Palestiniens sur Jérusalem-Est, annexée par Israël. Le dernier espoir de Tzipi Livni est désormais de constituer une majorité autour de Kadima (29 députés sur 120) avec les travaillistes (19 députés), le parti des Retraités (7 députés), membres de la coalition sortante, le Meretz (5 députés), un parti d'opposition de gauche, et les ultra-orthodoxes de la Liste unifiée de la Torah (6 députés). Si Mme Livni échoue, des élections anticipées pourraient constituer la seule solution alors que la législature actuelle doit normalement s'achever en 2010. Une coalition rassemblant les petits partis “reste une option réaliste pour éviter des élections anticipées”, a toutefois soutenu à la télévision le chef de la coalition sortante, le député de Kadima Yoel Hasson. “Je sais qu'il faut payer et je suis prête à payer le prix pour former un gouvernement, car je connais le prix d'élections anticipées, mais je ne suis pas disposée à payer n'importe quel prix ou à franchir certaines limites et à faire preuve d'irresponsabilité vis-à-vis du pays”, avait, pour sa part, prévenu jeudi Tzipi Livni. Or, le parti des Retraités a exigé une rallonge de 600 millions de dollars pour les pensions, un pactole jugé exorbitant par le ministre des Finances, Roni Bar-On. La Liste unifiée de la Torah réclame, pour sa part, que Tzipi Livni promette de ne pas négocier sur Jérusalem. Cette formation est d'autant moins encline à céder sur ce point qu'un de ses députés, Méir Poroush, est candidat à la mairie de Jérusalem pour les municipales du 11 novembre et qu'il a fait campagne sur “l'unité” de la ville en préconisant la construction de nouveaux logements dans les quartiers juifs de Jérusalem-Est. Mme Livni disposait légalement d'un total de 42 jours, expirant le 3 novembre pour former son gouvernement. En cas d'échec, le président Pères peut théoriquement désigner un autre parlementaire pour tenter de former un cabinet dans un délai de 14 jours, une option peu probable étant donné le rapport de force au Parlement. R. I./Agences