La chef du parti au pouvoir en Israël, Tzipi Livni, a échoué dans sa tentative visant à constituer une coalition gouvernementale. “Je ne suis pas prête à céder à des chantages politiques et budgétaires. C'est pourquoi nous nous dirigeons vers des élections. Je n'en ai pas peur”, a déclaré la ministre des Affaires étrangères et dirigeante du Kadima (centre) dans une brève interview au quotidien Haaretz. Mme Livni devait rencontrer en fin d'après-midi à Jérusalem, le président Shimon Peres afin de lui faire part officiellement de sa décision. Elle a ainsi tiré la conclusion de plus d'un mois de tractations vaines avec plusieurs partis. Son sort a été scellé par la défection ces derniers jours des ultra-orthodoxes du Shass (12 députés sur les 120 de la Knesset) et de la Liste unifiée de la Torah (6 députés). Ces deux formations, dont l'appui était indispensable pour dégager une majorité au Parlement, avaient exigé une forte augmentation des allocations familiales ainsi que l'engagement de Mme Livni de ne mener aucune négociation avec les Palestiniens sur la question ultra-sensible de Jérusalem-est annexé par Israël. Le député du Kadima Tzahi Hanegbi, chargé de mener les tractations politiques, a justifié l'attitude de la dirigeante de son parti. “Elle a décidé qu'elle n'était pas prête à payer n'importe quel prix sur le compte de l'Etat pour constituer une coalition de gens qui se livrent à des chantages”, a expliqué à la radio le président de la commission de la défense et des affaires étrangères. “Si elle avait accepté de céder sur Jérusalem, toute possibilité de négociations avec les Palestiniens et la Syrie aurait été bloquée. Il aurait été irresponsable de laisser des rabbins ayant des positions extrémistes décider pour Israël”, a ajouté Tzahi Hanegbi. Akiva Eldar, commentateur politique du quotidien Haaretz, a pour sa part estimé que “s'interdire de discuter de Jérusalem c'est en fait s'interdire toute négociation”. Deux autres commentateurs, Emmanuel Rozen de la deuxième chaîne de télévision privée, et Ben Caspi, du quotidien Maariv, ont estimé que le refus de Tzipi Livni de céder aux exigences des partis pourrait lui permettre de renforcer sa popularité et son image de “Madame propre” de la politique israélienne. Selon les sondages publiés ces derniers mois, le dirigeant de l'opposition de droite, l'ancien Premier ministre Benjamin Netanyahu, était le mieux placé pour succéder au Premier ministre Ehud Olmert. Mais son avance a eu tendance à se réduire face au Kadima depuis que Mme Livni en a pris la direction, le mois dernier, après le retrait de M. Olmert englué dans des affaires de corruption. R. I./Agences