Cet instrument financier est à but non lucratif, faisant bénéficier ses adhérents de revenus supplémentaires, de prêts à des taux d'intérêt moins élevés que ceux appliqués par les banques commerciales. À compter du début de l'année prochaine, les travailleurs du groupe Sonatrach auront leur propre Coopérative d'épargne et de crédit (CEC). Le projet de loi portant création de ce type d'entités a été adopté en 2007 par les Conseils de gouvernement et des ministres et le Parlement. La compagnie pétrolière nationale n'attend que les textes d'application que promulguera la Banque d'Algérie. La CEC se veut, en fait, un système coopératif appartenant aux employés d'une entreprise. Pour la créer, il faut rassembler au minimum 100 agents. Elle est à but non lucratif faisant bénéficier ses adhérents de revenus supplémentaires, de prêts à des taux d'intérêt moins élevés que ceux appliqués par les banques commerciales. Eu égard à la cherté des prêts, ce genre d'institution s'avère profitable à plus d'un titre aux travailleurs. Une partie des bénéfices réalisés va constituer une réserve et l'autre reviendra de droit sous forme de ristourne aux membres. Pour y adhérer, il suffit à l'employé d'acheter une action avec un minimum d'apport de 5 000 DA. Ainsi, celui-ci peut ouvrir un compte rémunéré. Il sera à la fois client et propriétaire de cette coopérative. La société elle-même peut devenir actionnaire dans la CEC, mais n'ouvre pas droit à un crédit. La coopérative, étant fondée sur une égalité de tous les adhérents, l'entreprise actionnaire sera traitée au même titre que les autres travailleurs bénéficiaires, et ce, quel que soit son apport financier dans le capital. Plusieurs avantages sont attendus de cette organisation. Les membres peuvent avoir accès à des prêts pour la construction d'une maison, acquérir du mobilier ou de l'immobilier, un crédit à la consommation (véhicule...), une avance… La CEC a la possibilité également de lever des fonds auprès de marchés financiers dans une limite de 100% des fonds propres. Elle peut émettre aussi un emprunt obligataire. Comme n'importe quelle banque, la CEC est composée d'une assemblée générale, d'un conseil d'administration, d'un directeur général, d'un comité exécutif, des organes de contrôle pour veiller à l'application des règles prudentielles, un comité de crédit, un commissaire aux comptes. Sonatrach sera ainsi la première entreprise algérienne qui se dotera de sa propre coopérative. L'idée d'un tel projet émane du ministre de l'Energie et des Mines, M. Chakib Khelil, qui a chargé le directeur des finances de Sonatrach, M. Ali Rezaïguia, de créer une entité telle que celle qui existe à la Banque mondiale dénommée “Credit Union”. 8es JST : un choix de thèmes appropriés Dès que le projet, prévu initialement au profit de Sonatrach, lui a été soumis, le président de la République a applaudi l'initiative et demandé de la généraliser à toutes les entreprises. D'où la promulgation de la loi. Depuis, l'idée a germé et le projet a pris forme. Une chose est sûre, la compagnie nationale est fin prête pour lancer l'opération. Selon M. Rezaïguia, qui a animé une table ronde hier à l'occasion des huitièmes Journées scientifiques et techniques (JST), prévues dans le cadre de la 4e semaine de l'énergie à Alger, la CEC de Sonatrach sera en principe opérationnelle au plus tard au mois de janvier 2009. D'ores et déjà, il a été recensé quelque 3 000 employés qui ont émis le vœu d'y adhérer. Les statuts, le business plan, le règlement intérieur sont les aspects sur lesquels se penchent sérieusement les initiateurs. Ils attendent les règles prudentielles qu'imposera la Banque d'Algérie. En plus de celle d'Alger, M. Rezaïguia a annoncé l'ouverture d'autres antennes à Hassi Messaoud, Arzew, Skikda, Hassi R'mel. D'ici à deux ans, Sonatrach disposera de 5 à 6 CEC. Pour la bonne réussite de toute cette action, l'entreprise que dirige M. Mohamed Meziane s'est appuyée sur l'expérience canadienne et l'expertise du bureau de consulting Strategica. Interrogé sur le risque de chevauchement de prérogatives sur certaines activités entre la CEC et la commission des œuvres sociales d'une entreprise, M. Rezaïguia a expliqué que la coopérative vient en complément. En cas de dissolution, l'adhérent doit perdre deux fois la mise de son action. S'il a apporté 5 000 DA, il a payé le même montant en plus… Il faut rappeler que le système est né en Angleterre en 1844 par un groupe de tisseurs qui ont créé la première CEC. Puis, c'est au tour de l'Allemagne en 1850, l'Italie en 1865 et le Canada en 1900 par M. Desjardin, qui a créé une CEC appelée “Mouvement Desjardin”, devenue actuellement 5e institution financière dans ce pays. À noter que la création de la CEC a été l'un des thèmes débattus au cours des 8es JST de Sonatrach, tenues hier et mardi dernier à Alger. Une quinzaine de thèmes ont été présentés par d'éminents professeurs et autres cadres et discutés par des intervenants. Pour le thème lié à l'énergie, prospective et stratégies d'entreprise, il a été question du risque commercial et industriel. Concernant le volet ayant trait à l'économie et finance, les participants ont abordé le management des ressources humaines, leur formation, HSE (santé, sécurité et environnement), la géologie pétrolière… D'autres sujets importants ont été également programmés au cours des JST. L'on cite la commercialisation de l'énergie, la production des hydrocarbures… Avec la clôture, hier, des 8es JST, la 4e édition de la Semaine de l'énergie en Algérie a achevé ses travaux et a jeté d'autres jalons permettant aux cadres en exercice et aux scientifiques de relever ensemble les défis qu'impose l'évolution des marchés énergétiques dans le monde. Badreddine KHRIS