Comme la plupart de leurs compatriotes, les joueurs de l'équipe d'Algérie de handball, présents ce week-end au Tournoi de Paris, ont été touchés de près ou de loin par le séisme qui a frappé la capitale, Alger, et sa région le 21 mai. Aucun international n'a été déploré parmi les quelque 2 300 morts recensés à ce jour, mais tous ont subi les conséquences matérielles et morales de cette catastrophe naturelle, une situation d'urgence qui s'ajoute à la situation déjà habituellement précaire de leur sport en Algérie. “Le handball algérien connaît d'énormes difficultés, explique l'un des entraîneurs nationaux, Mustafa Doballah. Beaucoup de jeunes le pratiquent, c'est pour cela qu'on arrive à avoir une sélection d'un bon niveau. Mais les clubs n'ont pas d'argent et l'Etat s'est désengagé en partie. Cela fait dix ans que l'on connaît d'énormes problèmes financiers.” Si les internationaux ont un statut “privilégié”, la plupart des autres joueurs de première division doivent travailler pour finir les fins de mois, souligne M. Doballah. “Après la catastrophe, continue-t-il, l'équipe n'a plus eu de salle d'entraînement. Des joueurs habitent sous des tentes. Notre médecin vit dehors, il n'a plus de maison. Notre venue en France relève du miracle.” Un miracle lié à une ferme volonté d'“avancer”, affirme le demi-centre, Redouane Aouachria, alors que la jeune sélection algérienne, vice-championne d'Afrique en titre, affiche de sérieuses ambitions. Dans sa ligne de mire, les Jeux d'Athènes en 2004, avec des sélections olympiques qui auront lieu en septembre, et le Mondial-2005 en Tunisie. Le récent tremblement de terre n'a rien modifié à ces plans, il a simplement rendu leur application beaucoup plus complexe. “La préparation a été très perturbée, mais on a tout fait pour participer au Tournoi de Paris, affirme M. Doballah. Les joueurs sont encore traumatisés. Dès qu'il y a une réplique, tout revient à la surface.” Il n'est pas rare, depuis le 21 mai, de voir un joueur le visage grave, plongé dans ses pensées. Une situation “difficile à gérer”, admet M. Doballah, qui veut pourtant “vivre, continuer comme avant”. Eclipsée par l'Egypte et la Tunisie après une décennie glorieuse dans les années 1980, l'équipe d'Algérie tente de refaire surface. Seulement 18e du Mondial-2003, son parcours dans cette épreuve a été cependant marqué par un match nul contre les Egyptiens et des résultats honorables (-3 et -4) contre le Danemark et la Suède, deux solides représentants européens. La “solidarité”, la “foi” et “l'habitude de survivre” dans un contexte sociopolitique difficile devraient aider les sportifs à poursuivre leur quête de lauriers, espère Redouane Aouachria. “Le handball algérien a un problème de continuité, constate-t-il. Mais en tant que sportifs, on veut prouver que le sport algérien est toujours là. Si les joueurs de cette génération bénéficient de structures bien organisées, ils peuvent aller loin car ils sont très talentueux.” “De toute manière, conclut-il, on ne va pas rester là à pleurer sur notre sort. On n'a pas le choix, il faut qu'on avance.”