Exposition, pièce théâtrale et séance thématique sont inscrites au programme… Ambiance particulière hier à l'hôtel Mercure d'Alger qui a abrité des activités inhérentes à la lutte contre le sida avec la participation de plusieurs associations qui ont exposé dans le hall de cet établissement hôtelier. L'initiative revient au Groupe Accor qui participe à sa manière dans la lutte contre cette maladie à travers ses 4 000 établissements répartis sur pas moins d'une centaine de pays dans le monde. Pour l'Algérie, l'organisation revient à l'hôtel Mercure et l'hôtel Sofitel, en collaboration avec les associations AIDS Algérie, El-Hayet et ACIAJ. Sous le thème de la campagne 2008 “Stop au sida, tenez la promesse”, la célébration a été rehaussée par un programme comprenant une pièce théâtrale interprétée par des lycéens de l'établissement Arroudj et Kheïreddine-Barberousse suivie par une séance thématique présidée par le Pr Youssef Mehdi, président du CCM Algérie, avec des interventions sur “les éléments-clés de la stratégie nationale de lutte contre les IST/VIH et sida” et sur le “sida, aspects cliniques, dépistage et prévention”. L'occasion aussi de rencontrer sans nul doute les deux associations les plus actives, en l'occurrence AIDS Algérie, présidée par M. Adel Zeddam, ou encore l'association El-Hayat. Difficile d'imaginer encore qu'en 2008, une bonne partie des Algériens ignorent l'essentiel de cette maladie par manque d'information ou tout simplement parce qu'ils refusent de le savoir tant le sujet reste encore tabou. Il ne sert à rien pourtant de se voiler la face, car la maladie ne fait que gagner du terrain et les chiffres de presque 4 000 séropositifs et plus de 800 de personnes atteintes devraient nous inquiéter sérieusement. Les pouvoirs publics, pour leur part, refusent catégoriquement d'intégrer le sida parmi la catégorie des maladies chroniques comme c'est le cas du ministère du Travail et de la Sécurité sociale comme attesté par les associations qui ont fait état d'un malaise dû au rejet “de la famille” de “la société” et en “milieu de soin”. “Les gens doivent savoir que c'est une maladie transmise par voie sexuelle, mais pas uniquement. On peut aussi être infecté par son mari, donc on n'est nullement à l'abri et le préservatif est vraiment la protection dont il ne faut nullement avoir honte d'en faire la campagne”, nous a confié hier la présidente d'El-Hayat, lors d'un témoignage poignant sur sa propre expérience et sur son quotidien de battante au sein d'un environnement plutôt hostile. Hayat qui porte le nom de l'association préfère corriger et qualifier les personnes atteintes de sida de “personnes vivant avec le VIH” et d'expliquer que cette frange a droit à la vie et à un quotidien ordinaire autant que tout autre malade et non sujet à l'exclusion. M. Adel Zeddam, quant à lui, plaidera pour plus d'égard de la part des pouvoirs publics précisant que les enquêtes menées jusqu'à présent n'ont toujours pas touché le milieu carcéral à titre d'exemple. Beaucoup reste à faire en Algérie, à commencer par faire évoluer le regard de l'autre et faire admettre la nécessité du dépistage car cela ne sert personne d'adopter la politique de l'autruche… Nabila SaIdoun