Les auteurs des attentats du 11 décembre avaient programmé plusieurs attentats, notamment contre le siège de la présidence, le MAE et le siège de la DGSN, comme ils avaient comme objectifs l'assassinat du chef du gouvernement Abdelaziz Belkhadem ainsi que plusieurs ministres et à leur tête Khalida Toumi. Les préparatifs des attentats du 11 décembre ont commencé le 3 décembre 2007. Ainsi le GSPC a saisi l'opportunité de la visite du président français Sarkozy en Algérie pour peaufiner son sinistre projet qui visait les sièges du PNUD et du Conseil constitutionnel. Les commanditaires auraient certainement déjoué l'attention des services préoccupés par la visite de Sarkozy pour esquisser leur plan qui constituait à leurs yeux une urgence compte tenu de l'impact médiatique symbolisé par les cibles choisies. C'est “l'émir” Droukdel lui-même qui aurait instruit le nouvel “émir” de la zone 2, Abdelmoumène Rachid dit Hodheifa El-Assimi, à organiser cet attentat. Cette coïncidence n'est pas fortuite quand on sait qu'une guerre de leadership opposait depuis quelques mois déjà le groupe de Lakhdaria dirigé par Droukdel et le chimiste Djebri, d'une part, et le groupe de Boumerdès longtemps représenté par Saâdaoui et Harek Zoheir, d'autre part. Droukdel voulait certainement faire oublier ses ex-frères ennemis quand bien même un communiqué du GSPC s'efforce de faire croire que ces actions sont une vengeance pour la mort de ses chefs. Sinon comment expliquer que c'est Bouzegza Abderahmane alias Abou Assra, originaire de Lakhdaria, “émir” de katibat El-Farouk, qui sévit beaucoup plus du côté de Bouira, qui fut chargé par Hodheifa El-Assimi et Droukdel d'organiser ces attentats qui par leur situation géographique sont du ressort des katibate du Centre comme katibat El-Feth et celle d'El-Ansar ou El-Arkam qui ont déjà à leur actif plusieurs attentats dont ceux de Dergana, Réghaïa et Boumerdès. Cette thèse est confortée par les aveux qu'auraient faits les auteurs présumés des attentats du 11 décembre. Pour mener ses attentats, Bouzegza a porté son choix sur des terroristes non fichés qui plus est des intellectuels, notamment des architectes, comme s'il se méfiait des autres activistes du Centre. Par ailleurs, et selon nos informations, l'un des membres du groupe arrêté se serait vanté devant les enquêteurs d'avoir organisé les attentats du 11 décembre tout en assimilant les attentats de Thenia et de Naciria commis par katibat El-Arkam et Anassr (groupe de Boumerdès) à des actions insignifiantes. Par ailleurs, Bouzegza aurait accompagné en personne l'un des architectes qui l'a chargé de lui procurer un local en plein centre-ville d'Alger pour bourrer les citernes d'explosifs. Les procédures engagées auprès d'agences immobilières pour l'acquisition de l'acte de location devaient se faire avec un prête-nom afin de ne pas éveiller de soupçons. Les prétextes avancés par les terroristes seraient d'en faire un atelier de fabrication de produits en plastique. On avancerait même que Bouzegza se serait déplacé à Birkhadem (Alger) pour prospecter un local que lui aurait proposé une agence immobilière. Finalement, le choix fut porté sur une villa isolée située à Boukerrai, à cheval entre Bouira et Boumerdès. D'autre part, le terroriste Rabah Bechla s'est rendu au marché de voitures de Tidjelabine en compagnie d'un autre terroriste, Charef Larbi, qu'il a présenté comme étant son fils, et y a acheté un camion de marque Jac pour 58 millions de centimes. Le marché fut conclu avec un bijoutier, propriétaire du véhicule, au niveau de l'APC de Rouiba avec de faux papiers. Un architecte, à la tête d'un bureau d'études en charge d'un projet de réalisation de logements pour le compte de l'OPGI de Bouzaréah, a accompagné les deux kamikazes Bechla et Charef à Alger pour les familiariser avec les lieux. Cet architecte serait le cerveau du groupe créé par Bouzegza Abderahmane, non seulement pour l'organisation de ces attentats mais aussi pour la mise en place d'une cellule du GSPC propre à Alger. Il aurait été soutenu dans son initiative par d'autres architectes ainsi que des entrepreneurs, comme cela a été rapporté par le ministère de l'Intérieur. Cet architecte aurait lui-même organisé son premier attentat à la bombe en mai 2007 ayant visé le chef de la BMPJ de Boumerdès. C'était ses débuts dans l'action terroriste. Pour preuve, les traces de sang de cet architecte qu'il a laissées dans l'attentat après qu'il eut été blessé, conservées pendant presque deux ans, ont confirmé que le sang lui appartenait effectivement et ce, après son arrestation intervenue le mois dernier sur le site des chalets La Sablière, 3 kilomètres à l'est de Boumerdès. M. T.