À quinze jours de la fin de l'année, une décision émanant de la Direction du tourisme de la wilaya d'Adrar compromet sérieusement le bon déroulement de la saison touristique. Cette année a été marquée par de grands discours sur la relance du tourisme dans notre pays. Il est question également de réhabilitation des anciennes habitations, la restauration du patrimoine, mais aussi la construction de nouveaux sites d'hébergement, afin de promouvoir le tourisme algérien. Sur le papier tout semble prêt, mais en réalité, les choses sont tout autres. Les professionnels du tourisme font état de plusieurs obstacles qui les empêchent de jouer leur rôle. Ils se plaignent de la bureaucratie dans l'octroi d'autorisations pour les excursions, de l'absence de vols charters et du manque d'infrastructures hôtelières aux normes. À titre d'exemple, il y a plus d'une année de cela, Air Algérie a décidé seule de supprimer Timimoun de ses dessertes. La rentabilité est l'une des raisons invoquées aux autorités locales. Mais cela n'a pas empêché les touristes locaux de prendre la route. Pour ce qui est des infrastructures hôtelières, les professionnels du tourisme dans cette région ont opté pour l'hébergement chez l'habitant afin de privilégier le “tourisme humain”. Sauf que cette option a été interdite, pour cette fin d'année, par le directeur du tourisme de la wilaya d'Adrar. En effet, à quinze jours du 31 décembre qui correspond à un pic de fréquentation touristique, un communiqué émanant de la Direction du tourisme de la wilaya d'Adrar a tout bonnement interdit aux offices et aux tour-operators d'héberger ou encore d'organiser des excursions destinées aux touristes étrangers sous peine de poursuite judiciaire. Des raisons de sécurité ont été invoquées pour justifier cette décision brutale qui sanctionne de nombreux habitants, mais aussi les nombreux touristes qui ont organisé leurs séjours depuis des mois. Une mesure préventive qui porte préjudice à des habitants souffrant déjà d'un manque flagrant d'activité économique. Les rares ressources financières proviennent du tourisme, notamment à cette époque de l'année. “Nous sommes à 15 jours de l'arrivée de nombreux touristes étrangers dont le plus grand nombre visite Timimoun à cette seule période de l'année (…). Comment le directeur du tourisme a pu interdire l'activité touristique, alors que le ministre lui-même, lors de ses discours, a encouragé l'hébergement chez l'habitant et le tourisme de proximité ?” peut-on lire dans le communiqué envoyé par un collectif de professionnels du tourisme, qui préfère rester anonyme. Ce même collectif précise que “des rumeurs circulent quant à l'application pratique de cette disposition. Par exception à l'interdiction, il paraît que les touristes étrangers pourraient être hébergés à trois conditions : il ne faut pas qu'ils soient plus de deux ou trois personnes, il faut également qu'ils fassent état de réels liens d'amitié avec les familles d'accueil et ils doivent prendre en charge des policiers pour les surveiller à raison de 500 DA/jour en plus de l'hébergement et des repas”. Si ces déclarations sont exactes, nous sommes bien loin des mesures annoncées en février dernier, lors des assises nationales du tourisme, par M. Rahmani, ministre de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et du Tourisme, qui disait clairement vouloir faire de Timimoun “un pôle d'excellence”. Nos tentatives de joindre le ministre du Tourisme pour plus d'explications sont restées vaines. Nabila Afroun